Journal de Montréal et Journal de Québec, mercredi le 22 juillet 2015. (JM p.21 et JQ p.14)
Décidément, il n’y a guère de problèmes que nos politiciens
ne puissent régler par une nouvelle taxe. Aussi, pour inciter les propriétaires
à louer leurs locaux vacants, le maire du Plateau-Mont-Royal veut-il leur
imposer une taxe spéciale… une taxe sur les cadavres commerciaux!
On ne peut qu’essayer d’imaginer sa logique : il est
clair que tous les propriétaires laissent leurs locaux vides volontairement; que
les commerçants mettent la clé dans la porte pour le simple plaisir de la
chose. Perdre de l’argent ou fermer son commerce est le nouveau leitmotiv des
méchants capitalistes du Plateau-Mont-Royal. Allez, taxons-les!
On sait déjà que gagner de l’argent est mal vu au Québec.
Taxer la réussite et le succès, voire les riches, est même devenu pour certains
un symbole de justice sociale. Ce qu’on ne savait pas cependant, c’est que cette
noble poursuite d’équité s’étendrait jusqu’à taxer l’échec et l’insuccès.
Irresponsabilité
Les politiciens s’estiment souvent responsables de la
réussite des entrepreneurs, mais ils déclinent toute responsabilité quant à leur
échec. C’est sans doute pourquoi il ne viendrait jamais à l’esprit du maire
Ferrandez que la panoplie de lois et de règlements municipaux adoptés au fils
des ans sous sa gouverne puisse être en partie responsable des difficultés
commerciales de son arrondissement.
Plutôt que de soulager ses commerçants des affres
bureaucratiques ou de s’attaquer à la confusion des sens uniques qui fait fuir
la clientèle, il leur prescrit une nouvelle taxe… pour soi-disant soulager les
survivants de la laideur du bide commercial.
Lorsqu’il est temps d’imposer son diktat, rien ne l’arrête.
Faisant fi de la Loi sur l’aménagement du territoire qui lui interdit de lever
une taxe d’inoccupation, il en a déniché une autre lui permettant d’imposer une
taxe spéciale sur les stationnements à ciel ouvert. Comme si une taxe ne se
répercutait pas sur le prix des loyers.
Probablement que dans l’esprit du maire, plus les loyers seront
chers, plus les locaux seront faciles à louer. Allez donc savoir.
Taxage
Et encore, comme si ce n’était pas suffisant, il menace, harcèle et lâche ses sbires aux
trousses des propriétaires récalcitrants. Des bureaucrates qui épient les
ordures, multiplient les inspections et distribuent allègrement des
contraventions aux récalcitrants.
Il fallait d’ailleurs sentir la fierté du maire déclarant
aux médias : « On donne 2000 contraventions par année. C’est quatre
fois plus que le deuxième arrondissement à en distribuer le plus. » Bref,
un bureau de la coercition du Plateau qui prend les bouchées doubles.
…
L’ex-président américain, Ronald Reagan, disait que les
gouvernements ont une vision très sommaire de l’économie : « Si ça
bouge, on ajoute des taxes. Si ça bouge toujours, on impose des
lois. Si ça s'arrête de bouger, on donne des subventions. »
Pour le bourgmestre du Plateau, la gestion publique est
encore plus simple : si ça bouge, il ajoute des taxes, si ça ne bouge plus,
il rajoute des taxes. Absurde!