La Presse+ et La Presse.ca, La Presse Débats, mardi le 3 septembre 2013.
Une intervention militaire des États-Unis s'impose-t-elle en
Syrie si le régime Assad a eu recours aux armes chimiques contre son peuple?
Que devrait faire le Canada ? Le président Obama a-t-il raison de demander
l'appui du Congrès avant de lancer une attaque?
L'ERREUR DE L'IRAK
Le conflit syrien ne menace en rien la sécurité nationale
des États-Unis. Pourquoi devraient-ils intervenir en Syrie? Sûrement pas pour
renverser Bachar al-Assad afin de mettre en place un régime qui lui serait plus
sympathique. Pour dissuader l'utilisation d'armes chimiques contre les
rebelles? Je veux bien! Toutefois, si on a pu confirmer que des armes chimiques
ont bel et bien été utilisées, les preuves y associant le gouvernement syrien
sont plus fragiles. C'est vrai que la France prétend les posséder et que les
agences de renseignements américaines estiment que l'implication du régime en
place est très probable. Jusqu'ici, cependant, aucune des preuves rendues
publiques n'a réussi à convaincre la communauté internationale. Le danger qui
guette les États-Unis serait de répéter l'erreur de l'Irak et d'aller mener une
guerre sur la foi de ragots. Seule une preuve convaincante que le gouvernement
syrien est responsable de ce crime humanitaire ralliera les 188 pays
signataires de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. D'ici là,
les tractations politiciennes des États-Unis, de la France et de la
Grande-Bretagne divertissent peut-être la planète, mais ne légitiment en rien
une intervention en Syrie.