La Presse.ca, La Presse Débats, mardi 1 mai 2012.
Le PDG de Couche-Tard, Alain Bouchard, estime
que le contexte hautement concurrentiel des dépanneurs, leurs marges
extrêmement serrées et la nature même de leurs activités ne sont pas
compatibles avec la syndicalisation de ces commerces. Êtes-vous d’accord avec
sa vision ?
L’illusion
de la syndicalisation
Couche-Tard est un fleuron québécois dont le
chiffre d’affaires et les profits font saliver les centrales syndicales.
Néanmoins, l’industrie du dépanneur est fragile. On rapportait récemment qu’entre
janvier 2008 et septembre 2011, plus de 1 000 dépanneurs québécois ont dû
fermer boutique. La contrebande de cigarettes et les
règlementations gouvernementales sur la vente de produits (ex. : bière,
lait) font que les marges bénéficiaires sont souvent très minces. Peut-on
réellement croire que la syndicalisation des Couche-Tard permettra aux employés
d’améliorer leur sort? On peut en douter! D’abord, parce que la syndicalisation
n’est pas un bien gratuit pour l’employé : elle implique des cotisations
et du temps à consacrer à des actions militantes. Ensuite, parce qu’en
alourdissant le fonctionnement des dépanneurs, on incite les propriétaires à
revoir l’allocation des ressources entre leurs facteurs de production. Ainsi,
pour conserver une marge bénéficiaire acceptable, ils chercheront à obtenir le
même supplément de production avec moins de travailleurs. Ce faisant, on peut
présumer que ce sont des milliers d’emplois, souvent occupés par des étudiants,
qui disparaîtront. Les bénéfices de la syndicalisation ne sont souvent qu’une
illusion entretenue par des bureaucraties syndicales dans leur insatiable quête
de revenus de cotisation.