jeudi 30 juin 2011

Visite du couple princier: pour ou contre les manifestations?


La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 30 juin 2011.
Un regroupement d'indépendantistes, le Réseau de résistance du Québécois, prévoit manifester à Québec, samedi, contre la visite du prince William et de sa conjointe Kate Middleton. Selon vous, ces manifestants devraient-ils s'abstenir pour éviter de nuire à l'image du Québec? Ou bien doit-on se réjouir qu'on puisse, chez nous, exprimer publiquement son opinion, quelle que soit cette opinion?
LA LIBERTÉ D'EXPRESSION S'ACCOMPAGNE DE CELLE DE MANIFESTER
Je l’avoue, je n’ai aucune affinité avec le Réseau de résistance du Québécois, par contre comme le disait Thomas Paine: Celui qui veut conserver sa liberté doit protéger même ses ennemis de l’oppression; car s’il ne s’y astreint pas il créera ainsi un précédent qui l’atteindra un jour. Aussi, je considère inutile de refaire l’historique de la liberté d’opinion. Nous devrions tous connaître nos droits fondamentaux et les défendre bec et ongles. Je me contenterai seulement de rappeler que la liberté d’expression s’accompagne de celle de manifester ses opinions dans le 
respect de l’ordre public, et ce, même si elles sont contraires à celle de la majorité. En aucun cas ces droits ne devraient être diminués. Surtout pas au nom de la sauvegarde d’une soi-disant image. Au contraire, l’image d’un Québec libre et démocratique serait ternie à jamais s’il fallait interdire cette manifestation du Réseau de résistance du Québécois. Par contre, j’aimerais exprimer une opinion toute personnelle: ces militants devraient trouver quelque chose d’utile à faire de leurs dix doigts – aller couper de la cane à sucre pour les pauvres à Cuba, par exemple.

mardi 28 juin 2011

Au nom de la sécurité!


J’ai éprouvé un malaise avec les mesures de sécurité mises en place par la Ville de Québec lors de la Saint-Jean. Non pas que je suis contre l’ordre public. Simplement, ça sentait l’État répressif.
L’événement a donné lieu à un déploiement policier sans précédent : barrages routiers, périmètres de sécurité et fouille des citoyens. Le but avoué? Freiner la consommation d’alcool. Mais comme les fêtards avaient la permission de consommer des boissons alcoolisées, tout laisse croire que le but réel de cette opération policière consistait à contrôler les citoyens.
Je sais, nous vivons en démocratie, mais... comment expliquer ce mur de suspicion devant tous ceux venus fêter la Saint-Jean sur les plaines d’Abraham? Que penser d’une ville qui donne à ses policiers la permission d’arrêter, d’interroger et de fouiller tous les citoyens? Doit-on ignorer qu’on a exigé de chaque individu qu’il prouve son innocence avant même de s’être rendu coupable de quoi que ce soit?
Soit! Il y a bien eu des débordements festifs par le passé. N’empêche que la fin ne justifie pas les moyens. Ce n’est pas tant les objectifs poursuivis qu’il faut questionner ici, mais les moyens utilisés. C’est toute cette démesure dans le déploiement des forces policières pour contrer les excès de quelques abuseurs qu’il faut dénoncer. D’autant plus que les casseurs trouvent toujours les moyens de briser, policiers ou non.
Si le mandat confié aux policiers s’était limité à intervenir face aux comportements mettant en danger la propriété ou la vie des citoyens, on pourrait dire qu’ils n’ont fait que leur travail. Mais non, ce n’est pas des policiers ordinaires qu’on a déployés pour la Saint-Jean, mais une cavalerie de douaniers, d’inquisiteurs et de voyeurs.
Évidemment, en entretenant le spectre de l’événement malheureux, les autorités ont cherché à faire oublier que l’immense majorité des citoyens se rendent à la fête nationale pour voir un spectacle, s’amuser et partager leur ferveur nationaliste. Non pas pour mettre la Ville de Québec à feu et à sac.
Il y aura toujours quelque chose de malsain à transformer une ville en état policier et à imposer la « drill » militaire au bon peuple sous prétexte de le protéger contre lui-même.
Aujourd’hui, la Ville de Québec donne la frousse. Non seulement parce qu’elle a réussi à mettre à l’avant-scène un corps policier bien entrainé, bien armé et omniprésent, mais parce qu’elle retire une telle fierté de son opération, qu’elle entend en faire une mesure permanente.
Que nous réserve-t-on pour le prochain événement festif? Un périmètre de sécurité s’étendant à toute la ville? L’obligation de présenter une carte d’identité? Tout le monde tout nu pour la fouille? Au nom de la sécurité, l’inquisition policière semble sans limites.
Il y aura toujours une bonne raison pour intensifier les contrôles policiers et abuser des individus. Les plus grandes atrocités du monde ont commencé par ce genre de petites entorses aux droits et libertés des citoyens.
Aussi, pourrait-on rappeler aux autorités que dans une démocratie, ce ne sont pas les citoyens honnêtes qu’il faut pourchasser, mais les criminels et les délinquants.

lundi 27 juin 2011

Le Québec fait-il peur à l'industrie gazière et pétrolière?


La Presse Débats, Cyberpresse, lundi le 27 juin 2010
Selon un sondage réalisé par l'Institut Fraser auprès des principales entreprises pétrolières et gazières, le Québec est perçu comme un des pires endroits au monde pour investir dans l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. À votre avis, faut-il s'inquiéter ou au contraire se réjouir de cette perception? Que devrait faire le gouvernement du Québec pour réagir à ce résultat?
RIEN D'ÉTONNANT
Ainsi, la province de Québec serait considérée comme un des pires endroits pour investir dans l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Faut-il s’en surprendre? On aurait tort de n’y voir qu’une conséquence du débat folklorique entourant l’exploitation des gaz de schiste. Il ne faut pas oublier que cette enquête sondait les entreprises sur plusieurs aspects de leur environnement d'affaires. Or, le gouvernement du Québec est le champion nord américain de la coercition des entreprises. Non seulement à cause de sa fiscalité défavorable, mais aussi par ce qu’il contrôle à peu près toutes les activités d’une entreprise. Investir au Québec, c’est accepter de se conformer à une panoplie de lois et de règlements édictés par une quelconque régie, un ministère, la CSST,  l’Office québécois de la langue française et au moins une dizaine d’autres bureaucraties. Avez-vous déjà compté le nombre de rapports à produire et les demandes d’autorisation à obtenir avant même de commencer à exploiter une ressource? Pas surprenant, que les investisseurs préfèrent aller creuser leur trou ailleurs. Rien pour se réjouir!

mercredi 22 juin 2011

Quel sens donner à la Fête nationale?

La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi le 22 juin 2011
Quelle signification revêt la Fête nationale pour vous ? Est-ce la fête de tous les Québécois? Des francophones uniquement? Des souverainistes et fédéralistes confondus? Est-ce important de célébrer la fête de la Saint-Jean?
LA "FÊTE DE LA POLICE"? 
Selon l’Encyclopédie canadienne, la célébration de la Saint-Jean est une tradition qui remonte à 1636. Longtemps considéré comme la fête des Canadiens français, la Saint-Jean est depuis 1977 la fête nationale des Québécois. Aujourd’hui, la Saint-Jean est un événement hautement politisé. Ce qui devrait être la fête de tous les Québécois est devenu l’événement propagandiste des souverainistes du Québec. D’ailleurs, pas question d’y faire chanter un groupe de musiciens anglophone. Ô sacrilège! Cette année à Québec, ce n’est pas l’étalage de la ferveur nationaliste qui retient l’attention. On ne parle guère, non plus, des artistes qui se produiront sur les divers sites. Ce qui retient l’attention, ce sont les nouvelles mesures de sécurité mises de l’avant pour contrer les débordements festifs. Depuis des mois, les autorités se bousculent dans les médias pour faire étalage de leur souci soudain de faire respecter l’ordre public. Au menu : déploiement policier, périmètre de sécurité, contrôle de l’alcool et transport en commun. S’il y a eu d’inévitables débordements dans le passé, on doit aujourd’hui s’interroger sur ces mesures mise de l’avant pour contrer les excès de quelques jeunes… Des écervelés qui, avouons-le, trouveront toujours les moyens de briser et de casser, policiers ou non.  Aurait-on mis la table pour un éventuel débordement? Espérons que tout cet autoritarisme ne dégénère pas en « fête de la police ».                                                         

mercredi 15 juin 2011

Bonjour la police!


Comment appelle-t-on un État où les policiers dictent aux professeurs d'université quoi
penser et quoi écrire? Ce sera difficile à croire, mais certains policiers jouent les gros bras auprès de mon université pour me faire taire.
Voilà, je suis choqué. Non pas parce que des policiers sont en désaccord avec moi, ni parce qu’ils m’invectivent par courriel. Oh non! Je suis indigné par leurs menaces de représailles à peine voilées. Hé les amis! L’ENAP, c’est une université!
Sous prétexte que son service de police a des contrats avec mon institution, l’un d’entre eux m’a écrit : « Il est clair que nous allons discuter de vos propos dans notre organisation et avec l'ENAP... » « Je vais personnellement, a-t-il ajouté, intervenir auprès des autorités concernées pour m'assurer que vous ne soyez pas impliqué [dans nos contrats avec l’ENAP]. » Désolé, cher «client», mais ça sent l’intimidation policière.
En d’autres termes, ces messieurs qui suivent des cours à l’ENAP veulent montrer à l’institution et à ses professeurs quoi penser. Je devrais, semble-t-il, les « contacter » avant  d’exprimer mon opinion sur des évènements d’actualité impliquant des policiers.
Mon crime? Avoir écrit  un commentaire de 250 mots dans La Presse Débats sur la tuerie de Montréal. J’y soulignais que les forces policières ont le monopole des armes à feu; qu’une des raisons des nombreux débordements policiers tient surtout de leur impunité et qu’il ne faut pas trop attendre d’une enquête menée par la confrérie. La famille, c’est la famille, ai-je même ajouté. Ô sacrilège!
Pour quiconque suit l’actualité, il n’y a rien de très original dans ce commentaire : plusieurs observateurs ont tenu des propos similaires sur d’autres tribunes. Mais leurs institutions n’ont pas toutes des policiers étudiants et des contrats avec un service de police… D’où ma gloire soudaine, j’imagine, auprès de la famille policière.
Il semble qu’aux yeux de certains policiers, un professeur d’université qui met en doute une intervention policière constitue une menace à leur pouvoir. J’invite les étudiants policiers à ne pas interrompre leurs études universitaires pour autant : ils ont beaucoup à apprendre, notamment à propos de la liberté universitaire… et de la liberté tout court.
Un policier étudiant m’a annoncé en grande pompe son intention d’éviter ma salle de classe. Puisqu’il sera absent, je lui cite l’Encyclopédie canadienne : « La liberté universitaire se définit couramment comme étant la liberté pour les professeurs d'enseigner, de publier leurs travaux de recherche, de critiquer et d'aider à définir les politiques de leurs institutions, et d'aborder des questions d'ordre public en tant que citoyens sans craindre de sanctions de la part de leur institution» (Les caractères gras sont de moi.)
Je sais, chers policiers, que mes propos vous ont froissés, et pour cause. Mais comme le disait André Foissard : Il y a tout lieu de s’inquiéter quand la police est « sur les dents » : la position ne permet pas d’attraper grand chose. Ça vous tente de desserrer les dents un peu?

vendredi 10 juin 2011

Des sommets utiles?

La Presse Débats, Cyberpresse, vendredi le 10 juin 2011.

La Presse Débats: Selon la Vérificatrice générale Sheila Fraser, le gouvernement du Canada a dépensé plus de 600 millions pour la tenue au pays des sommets du G8 et du G20, l'été dernier. Cette année, la France a dépensé près de 30 millions pour la rencontre du G8, à Deauville. À votre avis, ces rencontres annuelles de chefs de gouvernement sont-elles utiles? Y aurait-il un moyen de faire en sorte qu'elles soient moins coûteuses? Les mesures de sécurité sont-elles excessives?

UNE PLATEFORME PUBLICITAIRE MONDIALE
Les sommets du G8 et du G20 sont sensés permettre une concertation des chefs d’État sur les grands enjeux économiques internationaux. Au fil des ans, ils sont devenus des plateformes publicitaires mondiales. Aujourd’hui, on ne mesure plus le succès des sommets aux décisions qui y sont prises, mais à la couverture médiatique qui en est faite. C’est dans cette perspective que le Canada a dépensé une fortune pour refaire une beauté à la ville hôtesse de Toronto. L’objectif inavoué? Bien recevoir les habitués de ces rencontres que sont les manifestants altermondialistes. Sans surprise, nos politiciens auront profité de l’occasion pour s’adonner à leur sport favori : le gaspillage de fonds publics. En bout de ligne, ils auront dépensé plus de 600 millions de dollars pour permettre aux caméras du monde entier de retransmettre l’image d’un Canada démesurément riche et disposant d’une police entraînée et… super équipée. Bref, nous aurons réussi à convaincre le monde que le gouvernement canadien a un orgueil encore plus démesuré que celui des Français. Ce qui n’a rien de rassurant, avouons-le!

mercredi 8 juin 2011

Les policiers se servent-ils trop rapidement de leur arme?

La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi 8 juin 2011.

La Presse Débats: Une intervention policière en plein centre-ville de Montréal a fait deux morts, dont un cycliste qui ne faisait que passer. L'homme de 36 ans a été atteint par une balle perdue alors que les policiers ont fait feu à plusieurs reprises en direction d'un déséquilibré qui les menaçait d'un couteau. Selon vous, les policiers ont-ils tendance à se servir trop rapidement de leur arme? Avez-vous confiance en la Sûreté du Québec pour mener l'enquête dans ce dossier

UNE OPÉRATION DE ROUTINE QUI A MAL TOURNÉ, DIT-ON.
Un commentateur a dépeint l’événement comme une opération de routine ayant mal tourné. Ainsi, il est routinier pour les policiers de tirer sur un sans-abri au centre-ville de Montréal, en pleine heure de pointe. Nos policiers, qui ont le monopole du port d’arme, ont perdu le sens des réalités. Ce ne sont pas tant les armes à feu qui sont en cause, mais l’irresponsabilité de ces salariés de l’État qui ont fait usage de leurs armes sans discernement.

La raison de ces nombreux débordements policiers tient surtout de leur impunité. Si le sans-abri avait survécu, il serait en prison. Un simple citoyen qui aurait menacé un policier d’une arme à feu serait en prison. Celui qui aurait tué quelqu’un pour exercer son droit de légitime défense aurait été immédiatement arrêté. Mais, ceux qui sont aujourd’hui responsables de la mort de ces deux hommes sont toujours en liberté. Ils risquent une réprimande, une note à leur dossier, une suspension, au pire un congédiement. Bien sûr, il y aura enquête au sein de la confrérie. Mais la famille, c’est la famille!

En principe, notre société est censée reposer sur la responsabilité de tous et chacun, y compris celle des policiers. Est-ce vraiment le cas? Et pourquoi les policiers sont-ils toujours de plus lourdement armés alors que les simples citoyens sont de plus en plus ouvertement désarmés? Je retiens de ce drame qu’il sera dorénavant plus sage de se méfier des policiers que d’un sans-abri souffrant de troubles mentaux éventrant des sacs de poubelles.

lundi 6 juin 2011

Doit-on craindre Facebook?

La Presse Débats, Cyberpresse, lundi le 6 juin 2011.

Selon La Presse, chaque année, des centaines de personnes sont démolies par Facebook ou un autre site web. On vole leur identité en créant un faux profil. On les salit. On diffuse des photos intimes contre leur gré. Craignez-vous d’utiliser Facebook, Twitter et autres médias sociaux ? Faites-vous attention aux informations que vous y publiez?

Il y a 10 ans, lors de l’apparition de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, les détracteurs étaient légion. Plusieurs dénonçaient les nombreuses faussetés et les attaques personnelles qui y étaient introduites. Or, je lisais récemment que plusieurs spécialistes estiment maintenant que Wikipédia est aussi fiable que l’Encyclopédie Britannica, et ce, même si elle contient 50 fois plus d’information que cette dernière. De l’information qui a été produite de manière bénévole, sans planification étatique ou sans l’encadrement d’une corporation professionnelle. Facebook et Twitter sont devenus en cinq ans des phénomènes de société. Il est vrai que leur accessibilité a parfois facilité les dérapages. Par contre, on doit se rappeler que les abuseurs des réseaux sociaux ne sont pas à l’abri des poursuites judiciaires. Rappelez-vous que le portail Canoë a récemment été condamné à verser plus de 100 000 $ pour avoir publié des propos diffamatoires; des « Twitteux » ont aussi perdu leur emploi pour avoir diffusé des propos inadmissibles. Avec le temps, les usagers comprendront que Facebook et Twitter peuvent avoir des répercussions aussi bien négatives que positives sur leur identité et celle des autres. Aujourd’hui, ma crainte n’est pas tant les propos disgracieux qu’on retrouve ici et là sur les medias sociaux. Ma crainte, c’est que le développement des réseaux sociaux soit entravé par des politiciens à la solde de groupes d’intérêt en quête de statu quo; des politiciens qui veulent notre bien en nous gardant dans l’ignorance.