lundi 9 janvier 2012

Chomage inquiétant au Québec?

La presse.ca, La Presse Débats, lundi le 9 janvier 2012.

À contre-courant du reste du Canada, et aussi des États-Unis, le Québec a non seulement encaissé une perte de 25 700 emplois le mois dernier, mais son taux de chômage a bondi de 0,7 % pour atteindre 8,7%. Cette situation vous inquiète-t-elle ? Est-ce un mauvais présage pour la situation économique du Québec en 2012 ?

Le Québec se vide!
Bien sûr que c’est inquiétant : le Québec continuera à se marginaliser du reste du Canada! Comme l’expliquent les économistes Gérard Bélanger et Jean-Luc Migué, les ajustements interrégionaux aux variations de croissance se concrétisent par l’émigration des Québécois, et par un Québec moins attrayant pour les immigrants. Lorsque vous n’avez pas d’emploi, ou un emploi à faible revenu, vous déménagez là où vous pouvez améliorer votre sort. Cette réalité est celle de beaucoup de jeunes Québécois et de nouveaux immigrants qui, depuis plusieurs décennies, préfèrent aller faire leur vie dans les provinces les plus prospères du pays. Résultat? La population du Québec, qui représentait 29 % de la population canadienne en 1966, a vu son poids fondre à 23 %. 

Plusieurs rétorqueront que tout ça n’a guère d’importance, car notre revenu disponible reste comparable à celui des autres Canadiens. C’est vrai. Comme l’ont montré nos deux économistes, on gagne plus à Toronto qu’à Montréal, mais comme il en coûte plus cher de se loger à Toronto qu’à Montréal, notre revenu disponible reste comparable à celui des Torontois. Le problème, c’est qu’à se gargariser du revenu disponible, on oublie l’essentiel. On oublie que notre appauvrissement se manifeste d'abord et avant tout par l’exode des nôtres. Bref, à trop se regarder le nombril, on risque de vider le Québec des Québécois les plus prometteurs.