La Presse, Débats, vendredi 18 octobre 2013, p.A20. Aussi disponible sur La Presse.ca et sur La Presse+.
Croyez-vous que le gouvernement fédéral devrait lui-même contester la Charte des valeurs québécoises devant les tribunaux s’il estime qu’elle est contraire à la Charte canadienne des droits et libertés ?
Croyez-vous que le gouvernement fédéral devrait lui-même contester la Charte des valeurs québécoises devant les tribunaux s’il estime qu’elle est contraire à la Charte canadienne des droits et libertés ?
Rassurant
Il n’y a rien d’anormal à ce qu’un gouvernement fasse
respecter la loi suprême du pays qu’il gouverne. Évidemment, en prenant
l’initiative de cette contestation, le gouvernement Harper ouvre la porte aux
traditionnelles récriminations des nationalistes québécois qui y verront un
énième blocage du gouvernement canadien contre la volonté souveraine du Québec.
Il s’attirera également les foudres de ceux qui ont une foi inébranlable dans
l’État; de ceux pour qui la charte mène à un gouvernement des juges et limite
le pouvoir des politiciens; de ceux pour qui un gouvernement élu peut faire la
loi sans avoir à s’y soumettre. Mais, dans un Québec multipartiste, où
une majorité de sièges peut être constituée avec moins de 40 % des votes
exprimés, il est heureux d’avoir une charte des droits et libertés qui protège chaque
citoyen contre les dérives de notre système politique. D’autant plus que je ne
vois aucun mal à ce que des politiciens fédéraux prennent des mesures pour nous
protéger des politiciens provinciaux. Même si tout le monde aura compris qu’en
s’opposant au projet de charte québécoise, les conservateurs ont plus de votes
à gagner dans le reste du Canada qu’ils en ont à perdre au Québec.