vendredi 27 mai 2011

Urgences: peut-on réduire le temps d'attente?


La Presse Débats, cyberpresse, vendredi 27 mai 2001.
Question : Le temps d’attente moyen est de 17h36 dans les urgences des hôpitaux québécois. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, maintient qu’il est possible de le réduire à moins de 12 heures. Y croyez-vous encore ? Est-ce un objectif réaliste, compte tenu du vieillissement de la population ?
L’illusion
Réduire le temps d’attente moyen de 18 à 12 h dans les urgences est devenu le leitmotiv de notre ministre de la Santé. Il a le droit de rêver. L’achalandage dans les salles d’urgence s’apparente à la congestion routière. Or, un des phénomènes observables dans le secteur routier, c’est que chaque fois qu’on inaugure une nouvelle route ou un nouveau pont, il ne se passe guère de temps avant que la congestion se réinstalle à nouveau. Pourquoi? Parce que l’attente représente un coût pour les usagers et que si vous diminuez ce coût, les quantités vont augmenter. C’est à dire que les gens vont se précipiter dans leur véhicule pour profiter de cette nouvelle fluidité. Même chose pour les urgences. À mesure que vous améliorerez la qualité du service, et que vous diminuerez le temps d’attente aux urgences, on peut s’attendre à ce que les gens rappliquent aussitôt. Pour les économistes, l’allocation des ressources d’un service gratuit se fait par la congestion. C’est comme ça. Peut-être serait-il temps de cesser d’espérer des miracles d’un système de santé étatisé, monopolistique et gratuit.