Alors que le Québec est divisé sur la taille
des symboles religieux à afficher, on semble oublier la vraie question :
comment favoriser l’intégration harmonieuse des nouveaux arrivants?
Le processus d’intégration
Le processus d’intégration
Pour les nombreux économistes qui ont abordé
ce sujet, l’intégration des immigrants dépend généralement de l’ampleur des
incitations à participer à la vie économique d’une société (au marché du
travail en particulier). C’est ainsi que les historiens économiques expliquent
l’intégration réussie des canadiens-français aux États-Unis depuis le 19e
siècle
Les économies qui, au contraire, protègent les
emplois et compliquent l’accès des nouveaux arrivants au marché du travail –
tout en offrant un filet social qui décourage le travail – favorisent le
confinement socio-économique des minorités. La marginalisation des immigrants
en France depuis les années 1970 en est un bon exemple.
Lorsqu’une telle marginalisation se produit, les
valeurs, mentalités et attitudes des minorités marginalisées risquent de se
construire en opposition à celles de la société d’accueil. Il en résulte
nécessairement des tensions sociales qui fragmentent la société.
En examinant les données, on constate que le
Québec peine à intégrer ses immigrants. Ces derniers présentent des taux de
chômage et de pauvreté supérieurs aux autres provinces et un taux d’emploi plus
bas qu’ailleurs au Canada. Si on veut favoriser l’intégration, il faut
absolument faciliter l’accès au marché du travail. On pourrait par exemple
assouplir les lois du travail et alléger le fardeau réglementaire et fiscal des
entreprises pour qu’elles puissent investir et créer des emplois.
Bien que ces mesures pourraient contribuer à solutionner
le problème de l’immigration, elles ne règlent pas entièrement le problème. Il
faut aussi être capable de choisir les immigrants qui désirent le plus
s’intégrer à leur société d’accueil.
Vendre le droit d’immigrer
Présentement, le ministère de l’Immigration et
des Communautés culturelles crée ses propres grilles de sélection, une approche
qui n’est pas nécessairement la plus efficace. En fait, il est possible de
pousser les immigrants les plus désireux de s’intégrer à révéler cette volonté
en vendant le droit d’immigrer. L’idée vient de Gary S.Becker (prix Nobel d’économie 1992)
qui l’a proposé aux Américains et aux Britanniques.
Supposons qu’on exige 20 000 $ pour
le droit d’immigrer sur notre territoire de tous ceux qui satisfont à des conditions
minimales (le demandeur n’est pas atteint d’une grave maladie, d’un passé
terroriste ou criminel, etc.). On peut présumer que ceux qui seront disposés à
assumer cette charge auront les dispositions et la volonté de s’intégrer à notre
société.
Cette tarification aurait pour résultat
d’attirer des immigrants prêts à maximiser leurs chances de réussite : ils
seraient motivés à apprendre notre langue, à partager nos valeurs et à enrichir
le Québec avec les leurs. En somme,
cette politique permettrait au Québec d’admettre 10 000 ou 100 000
immigrants – peu importe le nombre, puisqu’il s’agirait tous d’immigrants désireux
de s’intégrer et de participer à la vie québécoise.
Une telle mesure pourrait s’accompagner d’un
programme de prêts aux nouveaux arrivants (qu’il serait possible de rembourser
par des retenues à la source par exemple). Quant aux immigrants déçus de leur
choix, il suffirait de faire en sorte que le permis d’immigration soit « revendable ».
Ainsi, l’immigrant déçu pourrait récupérer son investissement et retourner dans
son pays d’origine sans s’être appauvri pour toujours. Un tel marché serait
similaire à celui proposé afin de limiter les émissions polluantes.
Une mesure sans effets
Une mesure sans effets
La fameuse charte des valeurs québécoises ne
produira probablement pas d’effets importants et mesurables sur l’intégration
des nouveaux arrivants (tout comme le multiculturalisme à la britannique ou le
républicanisme à la française). Une plus grande accessibilité au marché du
travail et la vente de permis d’immigration seraient bien plus efficaces. Tout
le reste n’est que baragouinage politique au profit d’intérêts électoralistes qui
ne favorise en rien l’adhésion des immigrants aux soi-disant valeurs québécoises.