La Presse.ca, La Presse Débats, 1er octobre 2012.
Maintenant qu’Omar Khadr a été rapatrié au
Canada, quand devrait-on le libérer ? Le plus tôt possible ? L’an prochain,
lorsqu’il sera admissible à une libération conditionnelle ? Ou seulement en
2018, quand il aura purgé toute sa peine ?
Les opinions sur le sort qu’on devrait
réserver à Omar Khadr sont très polarisées. À un extrême, il y a ceux qui
clament haut et fort que Khadr n’était qu’un enfant-soldat qui doit être
remis immédiatement en liberté : une victime inoffensive et injustement traitée
par les méchants Américains. À l’autre extrême, il y a ceux qui voient Khadr comme
un terroriste incorrigible qui devrait purger l’entièreté de sa peine afin
d’éviter qu’il reprenne ses activités subversives dès sa remise en liberté.
Entre le meurtrier sanguinaire et la pauvre victime de son éducation familiale,
il y a peut-être un autre Khadr : un Khadr inconnu de nos politiciens, un
Khadr différent de celui qui ne sert qu’à engranger des votes. Il serait peut-être
opportun de dépolitiser le dossier
et de laisser les autorités compétentes et apolitiques déterminer le sort à lui
réserver. Ce qu’il nous faut, c’est un comité qui, tout en se rappelant que
Khadr n’avait que 15 ans lors des événements qu’on lui reproche, considérera
aussi le fait qu’il a plaidé coupable à des crimes de
guerre. Entre l’irresponsabilité totale et l’entière responsabilité de ses
actes, il y a peut-être une position plus nuancée que celle avancée par nos politiciens
et nos groupes d’intérêts.