mardi 30 août 2011

François Legault, un vent de changement?

La Presse Débats, Cyberpresse, mardi le 30 août 2011

François Legault et sa Coalition pour l’avenir du Québec proposent-ils vraiment des solutions qui tranchent avec les politiques du gouvernement Charest ou les idées du Parti québécois? En quoi les positions de M. Legault diffèrent-elles? Sont-elles de nature à séduire l’électorat ? 
Un pétard mouillé!
François Legault cherche à nous vendre l’image d’un politicien en mission. Celle du politicien désintéressé et insensible aux préoccupations électoralistes. Celle du politicien résolu à relancer le Québec à l’intérieur d’un ou deux mandats (ça dépend des jours) et qui quittera la vie publique par la suite. Séduisant? Bien sûr! À condition de se faire élire. Or, pour y arriver, la CAQ procède exactement comme tout bon vieux parti politique. Elle nous a concocté de vagues et timides réformes dont la principale caractéristique est de plaire à tel ou tel groupe d’électeurs, tout en s’assurant de ne pas trop froisser les divers groupes d’intérêt qui profitent actuellement des largesses de l’État. Des propositions qui, somme toute, ne sont guères plus originales ou ambitieuses que celles avancées par les autres partis d’opposition (PQ, ADQ). En réalité, François Legault ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de la théorie des choix publics voulant que les partis politiques proposent des politiques en vue de gagner leurs élections, et non à gagner des élections en vue de mettre en œuvre des politiques. La CAQ est sans doute une opération de marketing politique à succès, mais…  Dites, vous connaissez l’histoire du pétard mouillé?

vendredi 19 août 2011

Augmenter ou réduire l'immigration?


La Presse Débats, Cyberpresse, vendredi le 19 août 2011
Le gouvernement Charest souhaite réduire de 54 000 à 50 000 le nombre d’immigrants reçus au Québec chaque année. Au contraire, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain propose que le Québec en accueille davantage, jusqu’à 65 000, afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre et de contrecarrer le vieillissement de la population. Augmenter ou réduire, quelle politique devrait-on prôner ?
Vendre le droit d’immigrer
Nul doute que l’immigration peut être bénéfique pour le Québec. Mais toute immigration n’est pas forcément bonne. Pour profiter de l’immigration, il faut attirer des populations qui contribueront à notre économie. Dans cette perspective, l’économiste Gary Becker (Nobel d’économie 1992) propose de vendre le droit d’immigrer. La tarification du droit d’immigrer attirerait des populations d’immigrants jeunes, ambitieux, travailleurs et en santé. Puisque qu’ils devraient amortir le coût de leur investissement, les nouveaux arrivants devraient disposer d’une formation ou de qualifications compatibles avec notre marché de l’emploi. Pour améliorer leurs chances de réussite, ils seraient motivés à apprendre notre langue, à adopter nos valeurs et à devenir des citoyens actifs et bien informés. Évidemment, pour attirer ce type de nouveaux arrivants, il faudrait cesser de se donner bonne conscience avec l’aide sociale et faciliter l’accès des nouveaux arrivants à notre marché du travail. On pourrait commencer par lever toutes ces barrières qui font que des immigrants bardés de diplômes doivent occuper des postes sans rapport avec leurs qualifications et leurs compétences. La vente du droit d’immigrer aurait aussi l’avantage de circonscrire le discrétionnaire bureaucratique et politique dans le choix du nombre et de la composition des nouveaux venus.

mardi 16 août 2011

Notre système de santé si mauvais ?


La Presse Débats, Cyberpresse, mardi 16 août 2011
Selon un sondage de la firme Deloitte, les Québécois n’accordent qu’une note de 32% au rendement de leur système de santé, alors que les Canadiens donnent une note de 50%. Et 27% des Québécois qualifient le rendement de «mauvais», comparativement à seulement 14% des Canadiens. À quoi attribuez-vous cette différence de perception entre les Québécois et les autres Canadiens ? 
Un phénomène normal
Depuis cinquante ans, la part des dépenses de santé dans l'économie canadienne a plus que doublé. Dans un article à paraître dans la revue Optimum Online, le professeur Gérard Bélanger de l’Université Laval montre que l’accroissement de ces dépenses est un phénomène normal: « la demande pour les soins de santé et de mieux-être s’accroît appréciablement avec les revenus de la population. » Bref, si nous dépensons toujours davantage pour la santé, c’est d’abord et avant tout parce que nous voulons toujours plus de services. Peut-on espérer une réduction des coûts de santé dans l’avenir? Probablement que non : « dans le monde des soins de santé, le progrès des connaissances se traduit bien souvent par l’émergence de nouveaux et de meilleurs traitements et non pas par la réduction des coûts des traitements existants ». Dans cette perspective, tant que les citoyens du Québec seront captifs d’un régime de santé public gratuit et budgétivore, il faut s’attendre à ce qu’ils expriment leurs attentes et leurs frustrations au gouvernement dans les sondages d’opinion. Face à un monopole public, où il est impossible de voter par les pieds et d’aller chez un concurrent, le « tam-tam » demeure le seul moyen d’expression populaire.

mercredi 10 août 2011

Déjà une nouvelle récession à nos portes?


La Presse Débats, Cyberpresse, mardi le 9 août 2011.
La croissance des pays industrialisés est anémique, les États-Unis se sont fait retirer leur cote AAA par Standard & Poor’s, la glissade des Bourses s’accélère depuis quelques jours. Craignez-vous une nouvelle récession mondiale dans laquelle le Canada serait entraîné ?
Faites votre choix : V, U, W, L !
Sans doute est-ce dans la nature humaine de prédire l’avenir. Depuis que la crise économique de 2007 nous a frappés, les économistes ont élaboré une multitude de scénarios pour prédire la reprise économique. On a même développé un alphabet de la récession. Vivons-nous une crise en forme de V, de U, de W ou de L? Les plus optimistes voyaient dans leur boule de cristal une récession en forme de V, c’est-à-dire une chute brutale de l’économie suivie d’une remontée rapide et durable. D’autres prédisaient un scénario en forme de U : une récession où nous aurions à vivre une longue phase de creux avant de voir redémarrer l’économie. Il y a aussi ceux qui annonçaient une crise en forme de W, où se succèdent les décrochages et les rebonds. Enfin, les plus pessimistes y voyaient une crise en forme de L : un scénario «catastrophe» où l’économie stagne à tout jamais. Faites votre choix! Quant à savoir si je prévois une nouvelle récession mondiale, je m’abstiendrai de risquer une prédiction, histoire de ne pas avoir à expliquer dans un an pourquoi cette dernière ne s’est pas réalisée. Bref, il faut demeurer critique face aux prophéties des experts… et plutôt croiser les doigts.

jeudi 4 août 2011

Nycole Turmel encore crédible?


La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 4 août 2011.
Étant donné que Nycole Turmel était récemment membre du Bloc québécois et de Québec solidaire, croyez-vous qu’elle a encore sa place comme chef intérimaire du NPD et chef de l’opposition officielle ? Son allégeance à un parti souverainiste jusqu’à janvier dernier mine-t-elle sa crédibilité à la tête du NPD, un parti fédéraliste ?
MASCARADE RIDICULE
La chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, aurait eu des allégeances politiques avec le Bloc québécois et Québec solidaire. Voilà le drame qui suscite de vives réactions partout au pays. On la somme même de s’expliquer. Ridicule! Comme si, en politique, les cas de transfuge étaient choses rares. En réalité, toute cette mascarade résulte de notre vision angélique des politiciens. On les perçoit comme des êtres vertueux dénués de tout intérêt personnel et motivés exclusivement par le souci du bien commun; des altruistes différents de nous, pauvres citoyens rationnels, matérialistes et mesquins. Aujourd’hui, on exige de Nycole Turmel de prouver qu’elle n’a toujours eu comme ambition que de promouvoir le bien commun des canadiens, et ce, au détriment de son intérêt personnel. Pourtant, chez l’analyste des choix publics, il n’y a rien de surprenant aux révélations des derniers jours. En réalité, Nycole Turmel a seulement noué, au fil des ans, les relations qu’elle jugeait utile à l’avancement sa carrière. Elle aspirait à se trouver un job de politicienne, et maintenant qu’elle l’a, il ne lui reste qu’à renier ses allégeances passées pour se maintenir et, surtout, se faire réélire. Comme le disait Coluche,  la politique « est une profession où il est plus utile d’avoir des relations que des remords ».

lundi 1 août 2011

Un réseau sécuritaire?

La Presse Débats, Cyberpresse, lundi 1er août 2011.

Question: L’autoroute Ville-Marie, le pont Champlain, l’échangeur Turcot, le pont Mercier… Les incidents s’accumulent sur les grandes artères de la région métropolitaine depuis quelque temps. Notre système routier est-il en train de tomber en ruine? Faut-il s’inquiéter pour la sécurité des automobilistes?

NE CHERCHEZ PAS NOTRE PREMIER MINISTRE!
En février 2011, Robert Gagné et Alexandre Haarman, des HEC, dressaient un portrait de l’évolution des investissements du Québec dans ses infrastructures publiques. Leur constat? « Le gouvernement du Québec a délibérément réduit ses investissements en infrastructures de transport entre le milieu des années 1970 et la fin des années 1990».

Aujourd’hui, si tout s’écroule, c’est d’abord et avant tout attribuable à ce sous-investissement de 25 ans. Faut-il s’en surprendre? Pas vraiment! C’est connu, les autorités politiques préfèrent annoncer en grande pompe un nouveau projet plutôt que d’investir dans les dépenses d’entretien peu visibles, donc moins rentables politiquement.

D’ailleurs, au lendemain de l’affaissement d’une poutre sur l’autoroute Ville-Marie, au moment même où les infrastructures montréalaises tombent en ruine, que font nos autorités politiques? Ne cherchez pas Jean Charest, ni son ministre délégué au Transport. Ils participaient lundi à une conférence de presse à Chibougamau pour confirmer que le gouvernement du Québec investira près de 280 millions $ sur cinq ans pour la construction de la route des monts Otish. Un peu ironique, non?