La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi 6 juin 2012.
Trois ans après avoir tué ses deux enfants, et
un an après avoir été reconnu criminellement non responsable de leur mort, Guy
Turcotte pourra recouvrer partiellement et graduellement sa liberté au cours
des six prochains mois. Les Québécois sont-ils en droit de douter de leur
système de justice à la suite de la décision de la Commission d’examen des
troubles mentaux ?
Coupable
d’irresponsabilité
Guy Turcotte a reconnu avoir tué ses deux
enfants. Le tribunal a cependant jugé qu’il n’était pas responsable du meurtre en
question. Même si le tueur est connu de tous, il ne sera pas puni parce qu’on a
jugé qu’au moment de l’événement, il n’était pas responsable de ses actes. À
partir de ce moment, le sort de l’irresponsable a été confié à la Commission
d’examen des troubles mentaux, une commission dont le rôle est essentiellement d’évaluer
le danger que représente Turcotte pour la société. Or, la Commission vient de décréter
qu’il pouvait recouvrer, en partie, sa liberté. Comme beaucoup de Québécois, tout
ça me laisse songeur. Deux enfants sont morts, mais personne n’est
responsable. Le crime a bien eu lieu, mais ce n’est la faute de personne.
Aujourd’hui, beaucoup de Québécois ont le sentiment que notre système de
justice, basée sur la responsabilité, s’est départi de sa responsabilité de
rendre justice pour la confier à l’appréciation de psychiatres. Des experts qui
se contredisent sur la dangerosité d’un tueur irresponsable redevenu
suffisamment responsable pour réintégrer la société. Pour les citoyens responsables,
Guy Turcotte sera toujours coupable… à tout le moins coupable d'irresponsabilité.