Pierre Simard
La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 31 mars 2011
Un duel sur les grands enjeux
On sait que les citoyens sont généralement victimes d’ignorance rationnelle; qu’ils consacrent peu de temps et dépensent peu d’énergie à éclairer leur décision de voter pour un parti plutôt qu’un autre. Puisqu’ils savent que leur vote a peu de chance d’influencer le résultat électoral, ils ont tendance à minimiser leur investissement en recherche d’information politique. Pour s’informer, ils s’en remettent la plupart du temps aux médias. Aussi, le débat des chefs peut apporter une contribution significative à la démocratie s’il permet aux électeurs d’en connaître davantage sur les partis politiques et leurs programmes.Si un débat classique réunissant tous les chefs peut sembler à prime abord plus démocratique que le duel, l’expérience nous a montré que cette formule incite les protagonistes à s’en tenir à des clichés et à des généralités. Dans cette perspective, un duel Harper/Ignatieff forcerait les seuls aspirants au pouvoir à étayer leurs positions sur les grands enjeux auxquels font face les Canadiens. Évidemment, quelle que soit la formule, tout ça n’est aussi que mascarade. Comme le disait Coluche : « Il y a des politiciens qui, pour briller en société, mangeraient du cirage. »