mercredi 13 mars 2013

Doit-on retarder les travaux d'infrastructures pour éviter les conflits d'intérêts ?


La Presse.ca, La Presse Débats, 13 mars 2013.
Malgré l’urgence d’effectuer les travaux, la vérification des conflits d’intérêts potentiels repoussera de plusieurs mois la réalisation du projet de réfection de l’échangeur Turcot. Les Québécois doivent-ils se résoudre à accepter que des projets d’infrastructures prennent plus de temps à être réalisés afin de tenter d’enrayer la collusion et la corruption ?
Réinstaurer la concurrence
La commission Charbonneau a dévoilé plusieurs défaillances dans l’octroi de certains contrats publics. Des entreprises auraient réussi à échapper à la concurrence en redéfinissant les règles du jeu entre elles. Pour mettre fin à cette collusion et à cette corruption (impliquant des politiciens, des fonctionnaires et entreprises), les pouvoirs publics se sont empressés d’adopter de nouvelles règles bureaucratiques visant à contrer ces malversations. Toutefois, ces nouvelles règles du jeu ont été mises en place à la hâte, surtout pour calmer la grogne populaire. On doit maintenant évaluer ces nouvelles réglementations : procède-t-on de la bonne façon ou allons-nous trop loin? Hier, c’était le maire de Québec, Régis Labeaume, qui dénonçait la lenteur de l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans l’approbation d’un sous-traitant de son amphithéâtre. Aujourd’hui, ce sont les travaux le l’échangeur Turcot qui sont retardés par le nouveau processus de vérification des conflits d’intérêts potentiels. Le problème, c’est qu’on a l’impression que ces nouvelles règles visent à remplacer les tribunaux par une bureaucratie diligente chargée de juger les filouteries passées de certaines entreprises. Or, il vaudrait sans doute mieux laisser la justice aux tribunaux et se limiter à mettre en place des règles permettant de réinstaurer une saine concurrence dans l’octroi des contrats publics. Rien de plus, rien de moins.