Je l’avoue, je n’en peux plus de cette campagne électorale.
Elle m’aura convaincu d’une seule chose : l’haleine des politiciens pue la
malhonnêteté intellectuelle.
Traditionnellement, l’art de la politique s’appuyait sur la
langue de bois, l’évitement et le double langage. Les politiciens usaient du
mensonge avec précaution, par crainte d’y perdre leur crédibilité et de se
faire sanctionner par l’électorat
Ce qui a changé? Plus aucun mensonge n’est trop gros. Nos
campagnes électorales se déroulent maintenant sur fond d’accusations
fallacieuses et de raccourcis intellectuels.
Les salopards
Je pense à Philippe Couillard. Les faits parleraient
d’eux-mêmes : il a fréquenté Arthur Porter, travaillé en Arabie saoudite
et possédé un compte de bancaire sur l’ile de Jersey. Voter pour le PLQ
équivaudrait, sous-tendent ses adversaires, à appuyer un escroc, un pro-islamiste
et un partisan des paradis fiscaux.
Je pense à Pauline Marois. Elle ne serait guère plus
attirante : elle a refusé de dévoiler ses actifs familiaux, ourdi un
«deal» avec un chef syndical et recruté un candidat dont la société est
enregistrée au Delaware. Il y aurait nécessairement anguille sous roche, selon
ses adversaires. La preuve? Elle habite dans une somptueuse résidence.
Le politicien
inquisiteur ne se limite plus à scruter le passé de ses adversaires pour
établir ses conclusions fallacieuses. En outre, il n’hésite pas à attaquer la
crédibilité du processus électoral : des étudiants ontariens
se seraient inscrits sur la liste électorale pour voler l’élection
québécoise.
Même si le directeur général des élections du Québec (DGE) a réfuté cette allégation de
fraude électorale – et que de toute façon il serait mathématiquement impossible
qu’une poignée de votes change le résultat de l’élection – le
mensonge a fait œuvre utile. Déjà qu’on se serait fait voler un pays par l’argent et le vote
ethnique…
Le mensonge triomphe
C’est triste à dire, mais les ignominies politiciennes
parviennent à se frayer un chemin dans l’électorat. Désormais, le mensonge et la suspicion triomphent de la
réalité des faits. Il suffit à un politicien de répéter sans cesse le même
mensonge pour que celui-ci devienne la vérité.
Si nos politiciens se sentent libres de raconter n’importe
quoi, c’est qu‘ils savent que la plupart des électeurs n’investiront ni temps
ni argent pour s’informer, encore moins pour vérifier la véracité d’une
affirmation grotesque.
À défaut d’investir dans la recherche de la vérité,
l’électeur n’aura d’autre choix que de s’alimenter à la malhonnêteté
intellectuelle de nos politiciens; c'est-à-dire choisir ses dirigeants sur la
foi de calomnies et de ragots.
Le DGE ne cesse de nous rappeler que « voter c’est
le pouvoir de choisir ». Je veux bien! À condition que mon pouvoir ne se
limite pas à choisir entre un menteur ou un salopard.
Je ne sais pas pour vous, mais au moment où je remplis ma
déclaration fiscale, j’ai le sentiment que je mérite mieux.