mercredi 29 octobre 2014

Et si un loup solitaire frappe à ma porte…

Journal de Québec et Journal de Montréal, mercredi le 29 octobre 2014, p.40

L’attentat d’Ottawa a semé l’inquiétude dans la population. Comme beaucoup d’entre vous, je suis désormais envahi par un sentiment d’impuissance face à la menace terroriste. Et si un loup solitaire frappait à ma porte?
Pendant des heures, les médias télévisés du monde entier ont diffusé les images de policiers aux trousses d’un terroriste armé; de citoyens exprimant leur crainte et leur impuissance devant l’horreur; d’experts expliquant les difficultés de contrer ce type d’attentat; de politiciens clamant que la démocratie ne cèderait pas à la terreur. 
Les journalistes ont également salué le courage des politiciens québécois, qui ont unanimement décidé de poursuivre la période de questions à l’Assemblée nationale. Mais entre vous et moi, lorsqu’on est entouré de gardes du corps, à 450 kilomètres du chaos qui plus est, il n’y a pas guère de risques à discuter encore quelques heures. Surtout lorsqu’il est question de rassurer un peuple désarmé et impuissant.
Je peux comprendre les préoccupations des politiciens : faire quelque chose et montrer qu’ils s’en occupent. Mais quand leur seule réponse consiste à multiplier les contrôles et à se donner plus de pouvoir, je ne me sens guère rassuré.
Ils le savent et tout le monde le sait installer des policiers devant le Parlement, les édifices publics et les bases militaires n'aura qu'une efficacité limitée pour contrer les actes des loups solitaires. En moins de 48 heures, deux individus ont réussi à faire la démonstration de l’inutilité de toutes ces mesures de sécurité décrétées au fil des événements par nos gouvernements.
Aujourd’hui, il faut se compter chanceux que nos extrémistes locaux ne se soient pas inspirés d’Anders Breivik, ce terroriste norvégien qui a assassiné 77 personnes et fait 151 blessés, dont la plupart de jeunes adolescents (2011).
Dans les prochaines semaines, nos politiciens se demanderont sans doute comment Michael Zehaf-Bibeau a pu se procurer une arme à feu. Comment un individu avec un passé criminel, connu de nos corps policiers, a-t-il pu débarquer sur la colline parlementaire avec une carabine alors qu’on lui en avait interdit la possession?
La réponse est pourtant simple : les criminels trouveront toujours des armes, et aucune interdiction gouvernementale ne les empêchera de poser leurs gestes insensés.
Il faudra bien un jour l’avouer, l’État sera toujours impuissant à nous protéger contre les détraqués. Aussi, la multiplication des lois et règlements limitant le droit des citoyens d’acquérir des armes n’a réussi qu’à accroître notre vulnérabilité face aux criminels.
À ce jour, j’ai écouté les conférences de presse des autorités m’apprenant qu’il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. J’ai entendu l’appel à la solidarité de notre élite politique. J’ai lu plusieurs dizaines de textes d’opinion et d’analyses m’entretenant du courage du sergent d’armes Vickers, de la résilience du monde libre, de l’importance de sécuriser le Parlement. J’en suis!
Malheureusement, personne n’a encore réussi à répondre à ma question : je fais quoi si un loup solitaire frappe à ma porte?  

mercredi 8 octobre 2014

L’école privée pour réduire les inégalités

Journal de Québec et le Journal de Montréal, jeudi le 9 octobre 2014. (JQ p.18 et JM p.36)

Le gouvernement étudie la possibilité de diminuer les subventions aux établissements d’enseignement privé. En conséquence, plusieurs parents pourraient être obligés de renoncer à leur liberté de choisir l’école de leur enfant. Absurde!
Être parent, c’est vouloir offrir ce qu’il y a de mieux à sa progéniture. Quand les parents choisissent l’école de leur enfant, ils sont conscients qu’ils engagent l’avenir de ce dernier. Aussi, très peu d’entre eux prennent cette décision à la légère.
Beaucoup de familles sacrifient une part importante de leur revenu pour envoyer leur enfant à l’école privée. C’est leur choix. Si vous n’aimez pas votre travail ou le trouvez insuffisamment rémunérateur, vous pouvez donner votre démission. Si la ville ou le quartier dans lequel vous habitez ne vous convient pas, vous pouvez déménager. La liberté de choix, c’est avoir le contrôle sur sa vie; choisir l’école de son enfant, c’est avoir une influence sur son avenir.  
La plus grande fourberie véhiculée dans le présent débat, c’est de laisser croire qu’en diminuant les subventions aux établissements privés, on fera payer les riches; qu’en coupant les subventions au secteur privé, pour engraisser le secteur public, on réduira les inégalités de revenu.
Au contraire, le pouvoir de choisir ne devrait pas être réservé à quelques bien nantis. C’est plutôt en augmentant le nombre de parents ayant la capacité financière d’offrir l’école privée à leurs enfants qu’on estompera les inégalités.
Si le gouvernement cherche vraiment à alléger les coûts de l’éducation, tout en améliorant sa qualité, il doit penser à subventionner encore plus le secteur privé. Peu importe la façon de faire (crédit d’impôt, subvention à l’école ou chèque d’éducation que les parents peuvent dépenser dans l’école de leur choix), l’important c’est d'accroître la liberté de choix des familles.
Le principal danger dont il faut se méfier est que l’État saisisse le prétexte de sa réforme pour réglementer encore plus le secteur privé. Il faut davantage de diversité en éducation, pas moins. Si l’État ne veut pas faire confiance aux parents, qu’il nous explique comment il peut accorder le droit de vote à des individus aussi peu fiables…
Ne soyons pas naïfs, si plusieurs parents sont disposés à payer des milliers de dollars pour envoyer leur enfant au privé, c’est qu’ils estiment qu’il s’y épanouira davantage. Or, ce n’est pas en leur fermant l’accès aux écoles privées qu’on améliorera leur opinion de l’école publique. Au contraire, c’est en stimulant la concurrence que l’on condamnera les établissements publiques à l’excellence et que l’on convaincra les parents d’y envoyer leur enfant.
Bref, combattre les inégalités de revenu en éliminant l’école privée au profit de l’école publique est une aberration. Désolé, mais la richesse, c’est d’abord avoir la capacité de choisir. C’est seulement en donnant aux parents les moyens de choisir eux-mêmes l’école de leur enfant qu’ils auront le sentiment qu’en matière d’éducation, ils sont aussi riches que les riches.

jeudi 2 octobre 2014

L’emploi n’est pas une priorité


Journal de Québec et Journal de Montréal, septembre 2014 (JQ p.18  et JM p.36 )
Le premier ministre Couillard nous rappelle constamment que sa priorité est la création d’emploi. Désolé, mais les emplois ne devraient pas être une priorité. Soyons sérieux, qui a besoin d’un travail?
Comme l’explique l’économiste Pierre Lemieux dans « Who Need Jobs?», qui vient tout juste de paraître chez Palgrave, les gens recherchent non pas un travail, mais les revenus qui y sont associés. On vous garantirait le même salaire pour vaquer à votre loisir préféré que vous n’hésiteriez pas à donner votre démission sur-le-champ.
Pourquoi revenir sur cette évidence? Parce que nos politiciens semblent ignorer que ce sont nos revenus, et non notre emploi, qui nous permettent d’améliorer notre qualité de vie. Aussi, l’objectif du gouvernement Couillard ne devrait pas être de créer des emplois, mais de favoriser la création de richesse. Or, les moyens d’atteindre les deux objectifs sont bien différents.
Par exemple, investir dans les éoliennes pour produire de l’électricité dont on n’a pas besoin, pour ensuite la brader à un prix inférieur à son coût, ne crée pas de richesse. Au contraire, ce genre de politique détruit une partie des revenus des contribuables.
Il est vrai qu’un tel projet permet à quelques travailleurs chanceux de récupérer, par la magie de l’impôt, le revenu d’un travailleur productif. Mais pour faire quoi? Pour produire une électricité inutile alors que le contribuable qui a financé ce projet avec ses impôts aurait pu utiliser l’argent que lui a prélevé le fisc pour améliorer sa qualité de vie.
Imaginez que l’on vous remette une partie des impôts qui ont été prélevés sur votre salaire. Vous dépenseriez avec plaisir ces revenus récupérés et vous stimuleriez ainsi la création de nouveaux emplois productifs.
En fait, les politiques de création d’emplois consistent à déshabiller Paul pour habiller Pierre. Et, au cours du processus, on détruit une partie des revenus des contribuables.
L’argent du gouvernement ne tombe pas du ciel. Elle est prélevée des poches du contribuable. Aussi, chaque nouvel emploi soi-disant créé par le gouvernement correspond à un emploi productif perdu ailleurs dans l’économie. Pire encore, cet emploi productif sera la plupart du temps remplacé par un emploi improductif.
Quand un gouvernement fait de l’emploi sa priorité et s’imagine pouvoir créer des emplois en lieu et place des consommateurs, on ne peut que s’inquiéter. L’expérience nous a appris qu’il jouera au Robin des bois en subventionnant des entreprises désuètes pour sauver des emplois improductifs; qu’il freinera l’apparition de projets novateurs et créateurs de richesses au nom de l’emploi en région; qu’il multipliera les réglementations pour protéger des travailleurs incapables de suivre la concurrence.
Au moment où une commission est chargée d’explorer les moyens de nous prélever plus d’impôt pour permettre au gouvernement de remplir sa promesse de créer 250 000 emplois, nous devons nous rappeler que l’URSS ne s’est pas effondrée parce qu’elle manquait d’emplois. Au contraire, tous les Soviétiques avaient un emploi… créé par l’État. On a seulement oublié de créer de la richesse!

Lemieux, Pierre, Who Need Jobs?: Spready Poverty or Increasing Welfare, Palgrave Macmillan, New York, 2014, 201 p. (disponible sur Amazon.ca)

dimanche 28 septembre 2014

Mirage de réforme


Journal de Montréal et Journal de Québec , le 29 septembre 2014. (JQ p.14 et JM p.32)
Jusqu’ici, la réforme Barrette me laisse de glace. Au fil des ans, les mirages de réforme administrative de notre système de santé ont été si nombreux que j’ai développé les symptômes d’une grave maladie : le « réformo-scepticisme ».
Chaque nouveau gouvernement nous promet de soigner la bête. C’est normal! Les partis politiques nouvellement élus sont tous affligés d’un biais pour l’action. Ils doivent montrer aux électeurs qu’ils ont les choses en main, qu’ils ont les solutions à tous les problèmes. La passivité d’un politicien est toujours lourdement pénalisée par l’électorat.
Je l’admets, le ministre Barrette a le sens du spectacle. Abolir 18 ASSS,  fusionner les 182 CSSS, créer des CISSS chargés de chapeauter les CJ, les CH, les CR et les CLSC, ça fait pour le moins sérieux. 
Ce brassage d’acronymes cherche sans doute à donner l’illusion que la réforme en cours est fondamentale, mais il n’en est rien. Ce qu’on sait à ce jour de la réforme Barrette ne sort pas des sentiers battus par les réformes précédentes : on concentre ou déconcentre l’administration d’un système fondamentalement centralisé.
Depuis les années 1970, notre système reste lourdement financé par l’État. Il a toujours été contrôlé et financé par l’autorité centrale, c'est-à-dire le ministère de la Santé et, ultimement, le Conseil du trésor qui procède à l’allocation des budgets. Or, ce n’est pas en brassant les structures et en renforçant le pouvoir du Ministre sur l’administration qu’on révolutionne les services aux usagers et qu’on change la culture du système.
Le seul élément de la réforme Barrette qui pourrait éventuellement rapprocher l’usager des choix budgétaires en santé, c’est le financement des organismes par activité. On dit que ce projet de loi serait le prélude à un financement basé sur le volume d’activités des établissements, et non plus simplement sur la reconduction historique des budgets.
Comme proposé dans un rapport d’experts déposé en février dernier, une telle réforme viserait à établir un lien direct entre le patient, les soins prodigués et leur financement. Dans la mesure où les revenus des établissements dépendraient du volume de services rendus et du nombre de clients qu’ils attirent, on présume qu’ils seraient incités à offrir des services mieux adaptés aux attentes de leur clientèle.
Évidemment, un tel mode de financement s’apparente à la tarification à l'acte chez les médecins, un système qui n’est pas sans reproches. Malgré tout, cette mesure pourrait inverser la tendance qu’ont plusieurs de restreindre l’offre de service pour équilibrer le budget qui leur est consenti par Ministère.
Financement par activité ou non, il reste qu’on ne pourra jamais dépolitiser notre système de santé tout en conservant un financement principalement public. Comme nous le rappelle le professeur Gérard Bélanger dans L’économique de la santé et l’État providence, il y a un vieux dicton qui dit : « Who pays the piper calls the tune ». Aussi, tant que le gouvernement refusera une plus grande ouverture au privé en santé, c’est lui qui choisira la musique!

dimanche 21 septembre 2014

Faire confiance à la libre négociation

Journal de Québec et Journal de Montréal, dimanche le 21 septembre 2014 (JQ p.14 et JM p. 26)


Le professeur Pierre Fortin et l’ex-ministre Claude Castonguay suggèrent de mettre sur pied un régime provincial unique pour l’ensemble des employés municipaux du Québec. Cette proposition est pour le moins curieuse : c’est comme s’il fallait davantage de centralisation pour corriger les défaillances d’un système déjà trop centralisé.
Ils n’ont cependant pas tort sur leur diagnostic. Les régimes de retraite dont bénéficient les employés municipaux sont le produit de règles de négociation « prosyndicales » imposées jadis par le gouvernement. À l’inverse, le projet de loi 3 se veut principalement « promunicipalités » : comme si le législateur provincial voulait s’absoudre de ses erreurs en déshabillant Roger pour habiller… Régis!
La libre négociation
Plutôt que de maintenir un cadre de négociation reposant sur des tractations entre gouvernement, municipalités et grandes centrales syndicales, ne serait-il pas préférable de s’attaquer aux vices du présent système? Pourquoi ne pas mettre en place un cadre de négociation décentralisé où prévaudrait un véritable équilibre des forces en présence?
Pour ce faire, le gouvernement n’aurait qu’à laisser les municipalités libres de négocier ce qu’elles veulent avec leurs employés, et à lever les contraintes qui corrompent l’actuel processus de négociations.
Dans un processus où une municipalité n’aurait qu’à tenir compte de sa capacité budgétaire et de la santé financière de son régime de retraite, il y a lieu de croire que les négociations se poursuivraient jusqu’à ce qu’on trouve une possibilité d’échange mutuellement avantageuse pour les parties. Une solution « gagnant-gagnant » tant pour les municipalités que pour les travailleurs.
Dans ce système décentralisé, le gouvernement du Québec ne serait plus responsable des pots cassés. Ce dernier devrait donc décliner, dès le départ, toute responsabilité à l’égard d’éventuels déficits. Néanmoins, afin de s’assurer que la libre négociation s’amorce sur des bases saines, il pourrait reconnaître sa part de responsabilité dans les déficits passés et en assumer, comme l’ont suggéré Fortin et Castonguay, une part significative.
Rétablir l’équilibre des forces
Évidemment, pour qu’un tel système fonctionne, il faudrait éliminer les entraves à la libre négociation et rétablir l’équilibre des forces à la table de négociation.
Pour ce faire,  le gouvernement Couillard devrait minimalement : 1) retirer son projet de loi « proemployeur » qui constitue une épée de Damoclès sur les éventuelles négociations; 2) modifier le Code du travail pour permettre le droit de lock-out aux municipalités et rendre l’arbitrage volontaire.
En balisant de manière stricte les enjeux de négociations futurs, le projet de loi 3 fait surtout écho aux municipalités qui ont failli à leur responsabilité fiduciaire, et pénalisent celles qui ont géré leur régime de retraite de manière responsable. Le gouvernement s’adonne encore une fois à ce qu’il fait de mieux : accorder des privilèges à ceux qui crient le plus fort.
À moins qu’on vise à perpétuer la logique collectiviste qui nous a conduits au présent marasme, il faut confier la gestion des régimes de retraite à des municipalités responsables et faire confiance à la libre négociation.

dimanche 31 août 2014

La concurrence fiscale : pour contrer les abus


Journal de Québec et Journal de Montréal, dimanche le 31 août 2014, (JQ p.12 et JM p.40 )

Nos politiciens sont unanimes : tout le monde doit payer sa juste part d’impôt. La médiatisation des affaires Burger King et Valeant leur aura d’ailleurs permis de renouveler l’appel à la solidarité fiscale… Comme si payer de l’impôt était une question de patriotisme et de loyauté nationale.
Au risque de décevoir nos « mère Teresa » de la fiscalité, je crois qu’il serait plus juste de dire que tout le monde veut que « l’autre » paie sa juste part d’impôt. Désolé, mais lorsque vient le moment d’envoyer le fruit de son labeur au fisc, les élans de solidarité ont tendance à s’estomper.
Je ne sais pas si c’est parce que j’ai de mauvaises fréquentations, mais personne de mon entourage ne remplit sa déclaration de revenus de gaieté de cœur. La plupart font même appel à des spécialistes pour payer le moins d’impôt possible.
Je n’ai jamais entendu, non plus, un diplômé de mon université dire qu’il était heureux d'accéder au marché du travail pour pouvoir payer des impôts. II sont surtout préoccupés par la recherche d’un emploi rémunérateur qui justifiera l’investissement de plusieurs années d’études. Certains se découvrent même un soudain attachement au fédéralisme canadien pour fuir librement vers les gros salaires et la faible imposition de certaines provinces de l’Ouest.
Contrairement à ce qu’on nous laisse entendre, les particuliers qui s’expatrient pour améliorer leur qualité de vie, ou les entreprises qui déménagent leur siège social au Canada pour payer moins d’impôt qu’aux Etats-Unis, ne sont pas des monstres d’ingratitudes. Ce sont seulement des citoyens préoccupés par leur bien-être, ou des dirigeants qui souhaitent accroître la rentabilité de leur entreprise et verser de meilleurs dividendes à leurs actionnaires.
De fait, les particuliers comme les entreprises réagissent aux incitations fiscales. Ils profitent de leur mobilité pour ne pas se laisser emprisonner par des politiciens qui n’aspirent qu’à leur en soutirer davantage. Et c’est bien ainsi!
En effet, la concurrence fiscale permet aux gens mobiles de choisir la combinaison services publics/impôt qui correspond le mieux à leurs préférences. Elle leur permet dans d’autres cas de voter par les jambes pour exprimer leur mécontentement à l’endroit de certaines décisions politiques qui les pénalisent.
Plutôt que de diaboliser la concurrence fiscale, on devrait la saluer. Pourquoi? Simplement parce qu’elle empêche les politiciens d’abuser de nous.
Plus nos politiciens usent de leur pouvoir de taxation, plus ils encouragent les particuliers et les entreprises à quitter la province. Or, plus les gens partent, moins le gouvernement retire de revenus de l’impôt. Voilà qui freine les ambitions spoliatrices de nos élus, et les incitent à une meilleure gestion du trésor public.
N’oublions pas que les vrais coupables de notre résistance à l’impôt, ce sont ces politiciens eux-mêmes. Si, à l’origine, l’impôt était un moyen collectif de s’offrir des services, il est devenu peu à peu un moyen de financer l’essaimage de privilèges politiques.
Soyons réaliste, s’il y a des paradis fiscaux, c’est qu’il existe des enfers fiscaux!

lundi 25 août 2014

Le projet de loi 3 ou la loi du plus fort


Le Journal de Québec et de Montréal, samedi le 23 août 2014, p. 16 (JQ).

Aujourd’hui, bien que le réalisme économique commande une révision fondamentale des régimes de retraite des employés municipaux, il n’autorise pas le gouvernement à faire n’importe quoi.

Aussi indécents puissent-ils paraître, les privilèges dont bénéficient ces employés du secteur public municipal ne sont pas tombés du ciel. Elles sont le produit des règles de négociation imposées jadis par nos gouvernements.

Or, si le projet de loi 3 poursuit un objectif louable, force est de constater qu’il s’agit d’une épine au pied de l’État de droit.

Nous vivons dans une société où les autorités politiques, plus que quiconque, doivent donner l’exemple et respecter leurs engagements. Pourquoi? Simplement parce qu’il ne serait plus possible d’acheter ou de vendre quoi que ce soit si personne ne respectait les contrats. 
Imaginez que vos finances personnelles soient dans une situation déplorable : vous avez dépensé sans compter (comme l’État), vous refusez de vous serrer la ceinture (comme l’État) et vous vous présentez chez vos créanciers pour les aviser que, dorénavant, vous n’allez payer que la moitié de vos dettes.

Normalement, ces derniers s’en remettront aux tribunaux pour vous forcer à acquitter votre dû. À défaut de quoi, ils n’auraient d’autre choix que de faire appel à des « gros bras ». Ce serait un retour à la loi du plus fort.

Quand les autorités politiques du Québec décident de ne plus respecter leur signature au bas d’un contrat et de revoir de manière rétrospective leur contribution aux régimes de retraite des employés municipaux, elles posent un geste inacceptable pour une société où le respect des contrats est fondamental au fonctionnement de notre économie.

Ironiquement, c’est d’ailleurs en insistant pour que le gouvernement terre-neuvien respecte ses engagements – malgré le fait que ce dernier y voyait une grave injustice -  qu’Hydro-Québec a défendu son avantageux contrat d'achat d'électricité de la Churchill Falls.

En déposant un projet de loi qui modifie de manière unilatérale et rétroactive les régimes de retraite, nos autorités politiques font, sans s’en rendre compte, la promotion du chaos.

Dans une société où les autorités politiques se permettraient de reformuler à leur guise leurs engagements passés, plus personne ne connaîtrait les règles du jeu en société. Le contribuable ne pourrait plus se fier à la loi de l’impôt, les investisseurs quitteraient la province et les citoyens vivraient sous un stress permanent.

Plus personne ne saurait ce qui est juste ou non, tout simplement parce que ce qui est permis et profitable aujourd’hui pourrait être punissable et dommageable demain.

Aujourd’hui, ce sont les régimes de retraite qui sont visés par nos politiciens. Qui sait si demain, ils ne passeront pas une loi sur l’impôt qui, au nom de l’intérêt public, ponctionnera rétroactivement votre épargne privée et votre richesse accumulée?

Ne vous méprenez pas, comme une majorité de Québécois, je suis pour une refonte majeure des régimes de retraite. Mais je suis contre ces lois rétrospectives qui fragilisent le fonctionnement de notre société, et ce, pour permettre à des politiciens de réparer leurs erreurs passées.

mardi 17 juin 2014

Trois médecins ne font pas un économiste


Trois médecins ne font pas un économiste, et je blague à peine! Les déclarations de notre trio de médecins-politiciens achèvent d’ailleurs de me convaincre que s’ils furent naguère d’éminents médecins, ils s’y connaissent très peu en science économique.
Ce week-end, par exemple, le ministre Bolduc déclarait que l’éducation devait être prioritaire sur la santé. La semaine précédente, le ministre Barrette priorisait la santé. Quant au premier ministre Couillard, il nous répète depuis des lunes que son gouvernement priorise les finances publiques.
Il n’en fallait pas plus à un économiste pour diagnostiquer une certaine vulnérabilité du gouvernement au « paradoxe d’Arrow ». Quoi? C’est une maladie qui affecte nombre de gouvernements qui se contentent de suivre le vent politique sans se donner de lignes directrices précises.
À moins d’un coup de barre, les Québécois doivent donc s’attendre à ce que leur nouveau gouvernement libéral montre, à l’instar de ceux qui l’ont précédé, des symptômes chroniques d’instabilité et d’incohérence.
Vous pensez que j’exagère, que la démocratie a toujours raison et qu’elle nous protège contre l’errance politicienne? Vous avez tort!
Faisons un petit effort intellectuel. Supposons que le gouvernement décide de régler la question de ses priorités au conseil des ministres. Trois clans de taille identique s’affrontent : 1) le clan Barrette, qui priorise d’abord la santé (S), ensuite l’éducation (E) et enfin le budget (B);  2) le clan Bolduc, qui priorise l’éducation (E), le budget (B) et la santé (S); 3) le clan Couillard, qui préfèrerait d’abord s’attaquer au budget (B), pour ensuite passer à la santé (S) et en troisième lieu à l’éducation (E).
Je schématise:
Clan Barrette : Santé > Éducation > Budget  (S > E > B)
Clan Bolduc : Éducation > Budget > Santé (E > B > S)
Clan Couillard : Budget > Santé > Éducation (B > S > E)

En supposant que le Conseil des ministres prend ses décisions à la majorité, tentons de prédire la stratégie libérale qui en résultera. On observe que la priorité santé est préférée à l’éducation (E) par deux clans sur trois. On observe aussi que la priorité éducation (E) est préférée au budget (B) par deux clans sur trois. En conséquence, si la santé est préférée à l’éducation et que cette dernière est préférée au budget, on devrait s’attendre en toute logique à ce que la santé soit préférée aussi au budget. Erreur! Dans notre exemple, le budget (B) est préféré à la santé (S) par deux clans sur trois. En résumé : (S > E) et (E > B) mais (B > S).
Ne perdez pas votre temps à chercher le canular. Je viens seulement de vous illustrer le théorème d’impossibilité d’Arrow. En généralisant l’exemple de Condorcet (1785), Kenneth Arrow (Nobel 1972) a montré pourquoi nos démocraties peinent à agréger des préférences variées et conduisent à des incohérences politiques.
Ne vous surprenez donc pas si notre nouveau gouvernement continue à augmenter un salaire minimum destructeur d’emplois, tout en mettant de l’avant des programmes de création d’emplois. À subventionner à coup de milliards des projets de cimenteries et d’éoliennes économiquement inefficaces, tout en promettant une rationalisation des dépenses publiques.
La trithérapie a peut-être permis de révolutionner la lutte contre le sida, mais le cocktail de politiques incohérentes que s’apprête à nous servir notre gouvernement risque d’achever un Québec déjà fort mal en point.

mercredi 7 mai 2014

On préfère les menteurs

Journal de Montréal et  Journal de Québec, 8 mai 2014, p.20.


Les avis juridiques sur le projet de Charte des valeurs n’auraient jamais existé. Bernard Drainville serait donc un menteur. Vous êtes surpris, vraiment?
J’ai toujours pensé qu’en politique, le mensonge était une activité légale. Pire encore, je crois que les politiciens nous mentent parce que c’est ce qu’on attend d’eux.
Le mensonge politique est légal
Nous vivons dans une démocratie où tous sont censés être égaux devant la loi… sauf pour le mensonge.
Si un citoyen fait un faux témoignage devant un tribunal, il sera poursuivi pour parjure. S’il tient des propos mensongers qui portent atteinte à l'honneur d'un tiers, il sera condamné pour diffamation et devra dédommager sa victime.
Il en va autrement pour nos politiciens : ils ont droit à l’irresponsabilité, voire au parjure et à la diffamation. Lorsqu’ils siègent à l’Assemblée nationale, ils disposent de cette immunité parlementaire qui leur permet d'exercer librement leurs fonctions sans se soucier de la vérité.
L’honnêteté est pénalisée
En politique, la canaillerie n’est pas que légale, elle est aussi une obligation imposée par les partis politiques. La ligne de parti peut être impitoyable envers l’honnête politicien.
Ainsi, un élu fidèle à ses convictions qui s’oppose à la position officielle de son parti se fera rabrouer par son chef, traité de paria par ses collègues, si ce n’est exclure du parti. Parlez-en à Fatima Houda-Pepin qui, pour rester fidèle à ses principes, siège désormais dans son salon après 20 ans de loyaux services au PLQ.
Pendant ce temps, des ministres influents du Parti québécois auraient passé sous silence leurs réticences envers le projet de loi 60 et appuyé aveuglément M. Drainville. Ne sont-ils pas complices de la malhonnêteté dont on accuse ce dernier?
Nous aimons les menteurs
Un politicien est comme avec un vendeur d’automobiles d’occasion : on sait d’avance qu’il cherchera à nous vendre un tas de ferraille en lui attribuant les qualités d’une Ferrari. Par contre, si les consommateurs ont appris à se méfier des vendeurs de « citrons », ils aiment les politiciens qui lui mentent.
Les finances publiques sont mal en point? Entre le candidat qui dit la vérité en proposant de draconiennes mesures d’austérité et celui qui vous promet de générer de la richesse en créant 250 000 emplois, soyez assuré que ce sera le second qui remportera l’élection. Et ce, même si les économistes répètent depuis des lunes qu’un gouvernement ne peut créer d’emplois ni de richesse.
En somme, les politiciens nous mentent parce que nous ne voulons pas entendre la vérité. Aussi, ce n’est que le jour où les électeurs valoriseront l’honnêteté et pénaliseront le mensonge que l’on mettra fin aux inepties politiciennes.
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D’ici là, cessons de jouer les vierges offensées. L’erreur de Bernard Drainville n’est pas d’avoir menti, c’est plutôt de s’être fait prendre en flagrant délit.
Soyons sérieux, si on installait un détecteur de mensonges aux portes de l’Assemblée nationale, on n’atteindrait probablement pas le quorum…

jeudi 1 mai 2014

Certifié 100% libre de subventions

Le Journal de Québec ( p.20 ) et Journal de Montréal (p.36), 1er mai 2014.

Afin d’informer les consommateurs, certains produits s’affichent « bios » ou « fabriqués au Québec ». Pourquoi pas! Personnellement, j’apprécierais que les entreprises et les organismes qui survivent et prospèrent sans aide de l’État affiche le logo suivant : « certifié 100% libre de subventions ».
Une économie dopée aux subventions
Si l’on additionnait les programmes d’aide financière proposés par nos gouvernements fédéral, provincial et municipal, on en dénombrerait des milliers. Le seul gouvernement du Québec en compte plus de 800 : des subventions pour les organismes, les entreprises, les festivals, etc.
Vous avez un projet farfelu? Qu’importe, il y a sûrement une firme de démarchage ou un lobbyiste qui tirera profit à vous trouver une subvention quelque part au gouvernement.
L’État finance directement ou indirectement à peu près n’importe quoi. Tellement, qu’il est  plus difficile de trouver un organisme ou une entreprise non subventionné que l’inverse.
Certifier les organismes et les entreprises.
Le logo « certifié 100 % libre de subventions » attesterait que l’organisme ou l’entreprise en question ne reçoit aucune aide financière de l’État.
Ce faisant, il permettrait aux consommateurs/contribuables de distinguer les initiatives économiquement viables de celles qui plombent nos finances publiques.
Ce logo enverrait également le message aux consommateurs que les employés de cette entreprise sont concentrés à le satisfaire plutôt qu’à remplir des formulaires de demandes de subvention.
Cécile Philippe (1), de l’Institut économique Molinari, croit également qu’une telle certification pourrait stimuler la générosité volontaire à l’endroit des organismes communautaires : « En donnant à une association sans subvention publique, vous avez la certitude de financer une cause dont la défense dépend de votre générosité et de celle de vos congénères ».
Valoriser l’indépendance de l’État.
Ce n’est un secret pour personne, notre économie vacille et nos finances publiques sont à bout de souffle. Malgré tout, nos entreprises et organismes continuent à dépenser des sommes considérables pour s’attirer les faveurs de l’État; des ressources qu’elles détournent d’un emploi productif vers des activités essentiellement politiques et bureaucratiques.
Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté de réformer ses programmes, il pourrait commencer par détaxer (ex. : réduire la TPS) les produits « certifiés 100% libre de subventions » et surtaxer ceux qui reçoivent une aide financière de l’État.
Ainsi, il serait assuré de valoriser les initiatives productives et efficaces tout en pénalisant la dépendance aux subventions.
De plus, en rendant visible le coût de ses largesses, il créerait une dynamique d’autofinancement de ses subventions auprès de ceux qui vivent accrochés aux mamelles de l’État.
Bref, en affichant le logo « 100% libre de subventions », une entreprise ou un organisme nous rappellerait qu’il est possible de vivre et de prospérer sans les politiciens et les fonctionnaires de l’État. Dans un Québec intoxiqué aux subventions, cela apparaîtrait comme un exploit.


samedi 5 avril 2014

Pourquoi va-t-on voter?

La Presse, samedi le 5 avril 2014, p. A27. Disponible sur La Presse+ et La Presse.ca

Plusieurs électeurs s’abstiendront de voter le 7 avril. Étonnant? Pas vraiment. On devrait plutôt s’étonner qu’il y ait autant d’électeurs qui se rendent aux urnes. Sacrilège!
Ignorance rationnelle
Pour l’école des choix publics, l’absentéisme électoral est un phénomène qui s’explique aisément. Comme le vote d’un électeur n’a pratiquement aucune influence sur le résultat électoral - donc que la probabilité d’en retirer un bénéfice quelconque est faible - plusieurs préféreront s’abstenir.
Aussi, en l’absence d’enjeux électoraux qui les amusent vraiment, plusieurs électeurs auront tendance à demeurer rationnellement apathiques. Ils prêteront peu d’attention à la campagne électorale, ne dépenseront ni temps ni énergie à s’informer des programmes électoraux et… resteront à la maison le jour du vote. Ce sont des ignorants rationnels.
Pourquoi va-t-on voter
Malgré tout, plus de quatre millions d’électeurs se sont rendus aux urnes à l’élection provinciale de 2012. Pourquoi sommes-nous si nombreux à aller voter, en dépit du fait que notre vote n’a pratiquement aucune chance de faire une différence sur le résultat de l’élection?
Plusieurs hypothèses sont avancées. Des électeurs se rendraient aux urnes par mimétisme : pour faire comme les autres afin de ne pas se sentir marginalisés. D'autres voteraient pour des considérations d’ordre moral : pour remplir leur devoir civique.
Mais encore…
Le plaisir de s’exprimer
Dans son ouvrage Comprendre l’économie ou comment les économistes pensent, Pierre Lemieux soutient que l’explication la plus vraisemblable relèverait du simple plaisir de l’expression : la plupart des gens aiment exprimer leurs sentiments, surtout quand ils sont partagés par le groupe dont ils font partie ou par la foule qui les entoure.
Ainsi, certains électeurs feraient comme ces clients de la Cage aux sports qui encouragent le Canadien de Montréal au Centre Bell. Ils savent très bien que P.K. Subban et Carey Price ne peuvent les entendre, et que leurs cris et gesticulations n’auront aucune incidence sur le résultat du match, mais ils trouvent une satisfaction dans le simple plaisir de faire du bruit.
La bonne conscience
D’autres électeurs iront voter pour faire valoir une opinion morale ou pour se donner bonne conscience.
Peu informés et conscients de ne pouvoir influencer significativement l’issue du vote, ils se rendront à l’isoloir pour s’offrir une certaine satisfaction psychologique en adhérant à des mesures empreintes de vertu ou de compassion.
Certains électeurs accepteront même de voter contre leur propre intérêt pour se donner bonne conscience. C’est humain, il est facile de s’attendrir sur les problèmes de tout un chacun lorsqu’on a l’impression que cela n’affectera d’aucune manière ni son revenu, ni son bien-être.
Évidemment, s’exprimer pour le simple plaisir de la chose, ou pour se donner bonne conscience, apporte relativement peu d’utilité à l’électeur. Ce n’est qu’un mini plaisir.
Aussi, tant que le coût de se rendre aux urnes demeurera faible, la participation électorale demeurera élevée. Il suffirait qu’une tempête de neige vienne perturber les déplacements pour que plusieurs électeurs demeurent dans le confort de leur foyer.
Peu importe les conditions météorologiques cependant, le jour de l’élection, le mot d’ordre de chaque parti politique sera de « sortir le vote ». Pas tous les votes : le bon vote.

jeudi 3 avril 2014

Une campagne qui pue


Le Journal de Québec et de Montréal, 3 avril 2014, p.16.

Je l’avoue, je n’en peux plus de cette campagne électorale. Elle m’aura convaincu d’une seule chose : l’haleine des politiciens pue la malhonnêteté intellectuelle.
Traditionnellement, l’art de la politique s’appuyait sur la langue de bois, l’évitement et le double langage. Les politiciens usaient du mensonge avec précaution, par crainte d’y perdre leur crédibilité et de se faire sanctionner par l’électorat
Ce qui a changé? Plus aucun mensonge n’est trop gros. Nos campagnes électorales se déroulent maintenant sur fond d’accusations fallacieuses et de raccourcis intellectuels.
Les salopards
Je pense à Philippe Couillard. Les faits parleraient d’eux-mêmes : il a fréquenté Arthur Porter, travaillé en Arabie saoudite et possédé un compte de bancaire sur l’ile de Jersey. Voter pour le PLQ équivaudrait, sous-tendent ses adversaires, à appuyer un escroc, un pro-islamiste et un partisan des paradis fiscaux. 
Je pense à Pauline Marois. Elle ne serait guère plus attirante : elle a refusé de dévoiler ses actifs familiaux, ourdi un «deal» avec un chef syndical et recruté un candidat dont la société est enregistrée au Delaware. Il y aurait nécessairement anguille sous roche, selon ses adversaires. La preuve? Elle habite dans une somptueuse résidence.
Le politicien inquisiteur ne se limite plus à scruter le passé de ses adversaires pour établir ses conclusions fallacieuses. En outre, il n’hésite pas à attaquer la crédibilité du processus électoral : des étudiants ontariens se seraient inscrits sur la liste électorale pour voler l’élection québécoise. 
Même si le directeur général des élections du Québec (DGE) a réfuté cette allégation de fraude électorale et que de toute façon il serait mathématiquement impossible qu’une poignée de votes change le résultat de l’élection le mensonge a fait œuvre utile. Déjà qu’on se serait fait voler un pays par l’argent et le vote ethnique
Le mensonge triomphe
C’est triste à dire, mais les ignominies politiciennes parviennent à se frayer un chemin dans l’électorat. Désormais, le mensonge et la suspicion triomphent de la réalité des faits. Il suffit à un politicien de répéter sans cesse le même mensonge pour que celui-ci devienne la vérité. 
Si nos politiciens se sentent libres de raconter n’importe quoi, c’est qu‘ils savent que la plupart des électeurs n’investiront ni temps ni argent pour s’informer, encore moins pour vérifier la véracité d’une affirmation grotesque. 
À défaut d’investir dans la recherche de la vérité, l’électeur n’aura d’autre choix que de s’alimenter à la malhonnêteté intellectuelle de nos politiciens; c'est-à-dire choisir ses dirigeants sur la foi de calomnies et de ragots.
Le DGE ne cesse de nous rappeler que « voter c’est le pouvoir de choisir ». Je veux bien! À condition que mon pouvoir ne se limite pas à choisir entre un menteur ou un salopard. 
Je ne sais pas pour vous, mais au moment où je remplis ma déclaration fiscale, j’ai le sentiment que je mérite mieux.