L’attentat d’Ottawa a semé l’inquiétude dans la population. Comme
beaucoup d’entre vous, je suis désormais envahi par un sentiment d’impuissance face
à la menace terroriste. Et si un loup solitaire frappait à ma porte?
Pendant des heures, les médias télévisés du monde entier ont
diffusé les images de policiers aux trousses d’un terroriste armé; de citoyens
exprimant leur crainte et leur impuissance devant l’horreur; d’experts
expliquant les difficultés de contrer ce type d’attentat; de politiciens clamant
que la démocratie ne cèderait pas à la terreur.
Les journalistes ont également salué le courage des politiciens
québécois, qui ont unanimement décidé de poursuivre la période de questions à
l’Assemblée nationale. Mais entre vous et moi, lorsqu’on est entouré de gardes
du corps, à 450 kilomètres du chaos qui plus est, il n’y a pas guère de risques
à discuter encore quelques heures. Surtout lorsqu’il est question de rassurer un
peuple désarmé et impuissant.
Je peux comprendre les préoccupations des politiciens :
faire quelque chose et montrer qu’ils s’en occupent. Mais quand leur seule
réponse consiste à multiplier les contrôles et à se donner plus de pouvoir, je
ne me sens guère rassuré.
Ils le savent – et tout le monde le sait – installer
des policiers devant le Parlement, les édifices publics et les bases militaires
n'aura qu'une efficacité limitée pour contrer les actes des loups solitaires. En
moins de 48 heures, deux individus ont réussi à faire la démonstration de
l’inutilité de toutes ces mesures de sécurité décrétées au fil des événements par
nos gouvernements.
Aujourd’hui, il faut se compter chanceux que nos extrémistes
locaux ne se soient pas inspirés d’Anders Breivik, ce terroriste norvégien qui a
assassiné 77 personnes et fait 151 blessés, dont la plupart de jeunes
adolescents (2011).
Dans les prochaines semaines, nos politiciens se demanderont
sans doute comment Michael Zehaf-Bibeau a pu se procurer une arme à feu.
Comment un individu avec un passé criminel, connu de nos corps policiers, a-t-il
pu débarquer sur la colline parlementaire avec une carabine alors qu’on lui en avait
interdit la possession?
La réponse est pourtant simple : les criminels
trouveront toujours des armes, et aucune interdiction gouvernementale ne les empêchera
de poser leurs gestes insensés.
Il faudra bien un jour l’avouer, l’État sera toujours
impuissant à nous protéger contre les détraqués. Aussi, la multiplication des
lois et règlements limitant le droit des citoyens d’acquérir des armes n’a
réussi qu’à accroître notre vulnérabilité face aux criminels.
À ce jour, j’ai écouté les conférences de presse des
autorités m’apprenant qu’il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. J’ai
entendu l’appel à la solidarité de notre élite politique. J’ai lu plusieurs
dizaines de textes d’opinion et d’analyses m’entretenant du courage du sergent
d’armes Vickers, de la résilience du monde libre, de l’importance de sécuriser
le Parlement. J’en suis!
Malheureusement, personne n’a encore réussi à répondre à ma
question : je fais quoi si un loup solitaire frappe à ma porte?