jeudi 12 avril 2012

Automobile: le péril jeune


La Presse, Débats, vendredi le 13 avril 2012, p.A19
La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 12 avril 2012.
Lundi prochain se tiendra la première du film Dérapages, de Paul Arcand, sur l'attitude des jeunes face à la conduite automobile, leur mépris du risque et les conséquences parfois dramatiques de leur témérité. À votre avis, comment peut-on diminuer le nombre de jeunes victimes des accidents de la route? Faut-il rendre les lois encore plus sévères? Augmenter l'âge donnant droit à un permis de conduire? Miser sur la sensibilisation?
Prison pour jeunes.
Pauvres jeunes! Ils n’ont même plus droit à l’inexpérience. On les tient responsables de tous les maux du monde. Comme s’ils étaient tous des criminels en puissance. C’est vrai que les statistiques montrent que les jeunes conducteurs sont surreprésentés dans les accidents de la route. Est-ce suffisant pour justifier qu’on discrimine toute une population en fonction de son âge? On en finit plus d’imposer des restrictions aux jeunes conducteurs: cours de conduite, permis d’apprenti, permis probatoire, tolérance zéro en matière d’alcool, limitation des points d’inaptitude. Certains aimeraient même leur imposer un couvre-feu. Pourrait-on laisser les jeunes apprendre à vivre? Jusqu’où irons-nous dans notre quête du risque zéro? Aurait-on oublié que nos jeunes ont aussi des aspirations et des désirs de mobilité? Serait-on devenu trop vieux collectivement pour tolérer les imperfections de la vie en société? Il faudra un jour cesser de croire que chaque accident de la route justifie une loi ou un règlement de l’État. On ne façonne pas un citoyen responsable par la coercition, mais par l’éducation. Dans cette perspective, le film de Paul Arcand apportera davantage à la conscientisation des risques de la route que toutes ces réglementations gouvernementales qui sont en voie de transformer le Québec en prison pour jeunes.