La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 14 mai 2012.
Pour espérer ramener tous les étudiants en
classe afin de sauver leur session, le gouvernement Charest devrait-il décréter
un moratoire sur la hausse des droits de scolarité?
Un
moratoire sur les moratoires
Le statu quo est la solution prisée par les
opposants à tout projet politique. Il suffit d’annoncer un projet public —
construction domiciliaire, gaz de schiste, plan nord, etc. — pour qu’on réclame
un moratoire. Encore aujourd’hui, nos soi-disant progressistes n’en finissent
plus d’écrémer le dictionnaire des synonymes pour dégoter un terme séduisant
permettant de remettre à demain une hausse des droits de scolarité. Comme si
personne n’avait compris qu’un moratoire, une trêve, un gel ou un armistice
rimait avec capitulation
gouvernementale. Les droits de scolarité auraient dû
être augmentés depuis trop longtemps. La crise que nous traversons aujourd’hui
n’est pas uniquement celle des droits de scolarité. C’est aussi la crise d’une
gouvernance qui, pendant des décennies, a refusé d’assumer ses responsabilités
de gestionnaire des affaires publiques. C’est la crise de politiciens qui, pour
des raisons électoralistes, n’ont jamais osé affronter les groupes de pression
en quête de privilèges. C’est la crise d’élus qui ont trop souvent plié
l’échine devant ceux qui défient la loi et l’ordre et terrorisent les citoyens.
Et si, pour une fois, notre gouvernement gouvernait? Plutôt que de céder aux
étudiants, il pourrait commencer par décréter un moratoire sur les moratoires
et prendre des mesures pour faire respecter la loi. Ce serait déjà ça!