mercredi 26 octobre 2011

Pauline Marois doit-elle partir?

La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi le 26 octobre 2011.
La chef du Parti québécois, Pauline Marois, devrait-elle remettre sa démission ? Le PQ aurait-il plus de chances d’être porté au pouvoir aux prochaines élections avec un autre chef? Qui, selon vous, ferait mieux que Mme Marois ?
L’HISTOIRE SE RÉPÈTE
Et si on reculait d’un quart de siècle? Selon l’encyclopédie canadienne, « en novembre 1984, une grave crise ébranle le gouvernement péquiste quand René Lévesque annonce son intention de ne pas faire de l'indépendance du Québec l'enjeu des prochaines élections tout en maintenant la souveraineté-association comme raison d'être du parti. Plusieurs ministres démissionnent en signe de protestation, mais le parti reconduit néanmoins le leadership de son chef lors d'un congrès spécial tenu en janvier 1985. » Sur le portail de la politique québécoise, on peut lire que « dans les années qui suivent, il n'arrive pas à retrouver ni ses appuis, ni son dynamisme. Lorsque René Lévesque démissionne, il laisse derrière lui un parti affaibli et désorienté, dont la cote de popularité est au plus bas. » C’était il y a 26 ans... J’ai l’impression de revivre la même chose aujourd’hui. Comme quoi les histoires d’amour péquistes finissent toujours mal! Que Madame Marois démissionne ou non, il y a fort à parier que ça ne suffira pas à régler les continuelles guerres intestines qui ravagent ce parti politique.

lundi 24 octobre 2011

Chantiers: le gouvernement doit-il plier?


La Presse Débats, Cyberpresse, lundi le 24 octobre 2011
Face aux débrayages illégaux qui frappent les chantiers, le gouvernement Charest doit-il tenir bon dans sa volonté d’adopter son projet de loi encadrant le placement syndical dans le secteur de la construction ?
Un pouvoir démesuré
Au moment où la ministre Lise Thériault veut mettre fin à l'intimidation sur les chantiers de construction, voilà qu’elle est l’objet de menaces et se voit obligée de renforcer sa garde rapprochée. Comme preuve de la légitimité d’un projet de loi, on ne pouvait trouver mieux. Au Québec, les syndicats exercent un pouvoir démesuré sur l’appareil politique. Tous les moyens de pression leur sont permis : du débrayage illégal à l’intimidation.  En réalité, depuis des décennies, nos syndicats ne respectent pas la loi, ils font la loi ! Cette manière de procéder les a longtemps servis. Ils ont appris, au fil des ans, que leurs actes illégaux sont rarement punis par les autorités. Dans ce contexte, pourquoi s’en priveraient-ils? D’autant plus qu’ils enrobent leurs gestes d’une héroïcité visant à protéger les soi-disant grands acquis de notre révolution tranquille. Pourtant, il faudra bien qu’un jour quelqu’un mette ses culottes. Espérons que ce sera cette fois… à suivre !

jeudi 20 octobre 2011

Une commission d'enquête utile?

La Presse, Forum, La Presse Débats, jeudi le 20 octobre 2011, p. A 21. Aussi disponible sur Cyberpresse.

Même si personne ne pourra être contraint de témoigner, croyez-vous que la commission d’enquête présidée par la juge France Charbonneau sera en mesure de faire la lumière sur les pratiques illégales dans l’industrie de la construction ?

Star Académie!
La patente à gosse ou la commission émasculée? On hésite encore sur le titre. Peu importe, on l’aura notre spectacle de téléréalité, notre Star Académie de la corruption et de la collusion dans l’industrie de la construction. L’émission risque d’être la plus coûteuse de l’histoire du show-business québécois : on l’a appris hier, le budget est illimité. À ce jour, seule l’animatrice des galas est connue. Les participants seront invités prochainement à soumettre leur candidature (volontaire, évidemment !). Des auditions préalables serviront à sélectionner ceux qui auront le privilège d’apparaître au petit écran. On ne sait pas encore si les spectateurs auront la chance de voter pour leur coup de cœur, mais les commissaires pourront mettre des candidats en danger pour les forcer à prouver leur honnêteté et leur valeur. Jusqu’ici, peu de choses ont filtré sur l’identité des coanimateurs de l’émission. Dites, vous avez pensé à René comme directeur de l’Académie? Ça prendrait quelqu’un de sérieux pour superviser les cours de chant et de patinage de tout ce bon monde.

mercredi 19 octobre 2011

Et si on faisait l’éloge du travail au noir?

Journal de Québec, Opinion, mercredi le 19 octobre 2011, p.19  et Journal de Montréal, Opinion, mercredi le 19 octobre 2011, p.23
 
Si on en croit un récent sondage, l’évasion fiscale et le travail au noir se classent respectivement au 7e et 13e rang du palmarès des comportements immoraux des Québécois. Puis après…

Le gouvernement nous rappelle sans cesse que le travail au noir, c’est du vol. Mais qui sont les victimes? On connaît le refrain : ce sont les contribuables qui paient leurs impôts assidûment. Ainsi, il serait injuste qu’un contribuable assume davantage d’impôt parce que des travailleurs se font payer « en dessous de la table » pour faire vos réparations ou vos travaux domestiques.

Et si les travailleurs au noir protégeaient tous les contribuables des abus de nos gouvernements? Plusieurs économistes considèrent que l’économie souterraine freine l’appétit fiscal de nos gouvernements. Plus ces derniers augmentent vos impôts, plus ils encouragent le travail au noir. Or, plus le travail au noir augmente, moins le gouvernement retire de revenus de l’impôt. Il arrive même un moment où toute nouvelle hausse de taxes diminue les revenus de l’État! Ce qui fait dire à l’économiste et philosophe Pierre Lemieux que « les travailleurs au noir […] empêchent l’État d’être encore plus vorace. En ce sens, tout le monde profite du travail au noir […] »

J’en conviens, priver nos gouvernements de revenus défavorisera certains individus, principalement ceux qui vivent aux crochets de l’État. Mais attention! Ceux qui vivent aux dépens de l’État ne sont pas tous des démunis et des gens dans le besoin. Oh non! Ces derniers n’accaparent qu’une partie des dépenses de nos gouvernements.

Où va donc le reste de vos impôts? Voilà la question! Une fois que l’État a rempli ses soi-disant devoirs essentiels, il lui en reste suffisamment pour nourrir toutes ces organisations qui font de la spoliation une spécialité. Je parle de qui? Lisez le rapport Duchesneau…

De toute évidence, nous versons trop d’impôt au gouvernement… et c’est ce qui lui permet d’entretenir à son bénéfice un marché des faveurs. Un marché où ce ne sont plus les entreprises efficaces et compétitives qui gagnent les appels d’offres du secteur public, mais – soyons polis – celles qui ont les meilleurs contacts au gouvernement.

Si on était sérieux, si on désirait vraiment moraliser notre société, on implanterait des règles limitant la part de l'économie confiée au secteur public. Lorsqu’on versera moins d’impôt à l’État, il lui sera plus ardu d’essaimer les faveurs. Sans compter que les travailleurs auront, eux aussi, moins d’intérêt à assumer les risques du travail au noir.

En diabolisant le travailleur au noir, on se donne peut-être bonne conscience, mais on se prive aussi d’un des seuls moyens d’empêcher nos gouvernements d’abuser des contribuables. Vous rétorquerez que les comportements immoraux de l’un ne justifient pas les comportements immoraux de l’autre. C’est vrai! Mais entre deux comportements immoraux, je choisis celui qui me coûte le moins cher. Dans l’adversité, on ne choisit pas ses amis…

La banlieue honnie


La Presse, Forum, mercredi le 19 octobre 2011, p A19 et sous le titre : S'acharner contre les pauvres gens, Le Soleil, Opinion, mercredi 19 octobre 2011, p.22. Disponible aussi sur Cyberpresse.

Sans la densification urbaine, point de salut. Voilà la belle affaire! Les experts en planification urbaine sont unanimes : les bungalows doivent disparaître au profit des condos. Il faut développer les transports en commun et freiner l’étalement urbain.
Nos spécialistes de la planification urbaine n’aiment pas les banlieues. À leurs yeux, l’étalement urbain est une pandémie, le résultat d’un déficit de planification qui permet la vente de terrains et la construction des maisons en fonction des préférences des citoyens. Quelle aberration! Comment a-t-on pu vivre si longtemps sans cette horde de planificateurs s’acharnant à gérer nos vies?
Imaginez notre vie sans planificateurs urbains. Nous n’aurions sans doute jamais connu les bulles immobilières… ou, en tout cas, elles auraient plafonné plus bas. Car voyez-vous, il suffit de confier le développement d’une ville à un planificateur pour faire augmenter le prix des habitations.
D’abord, il interdira la construction domiciliaire dans tel ou tel secteur au nom de l’étalement urbain, du réchauffement climatique, du patrimoine agricole, de la protection d’une espèce de grenouille et j’en passe. Une fois qu’il aura créé une rareté dans l’offre de terrains, il obligera l’entrepreneur à lui demander une autorisation ou un permis qui prendra des mois, voire des années à être délivré. Finalement, ce même entrepreneur devra se conformer à une panoplie de normes, de règlements et de procédures. Tout ça, évidemment, pour conforter quelques groupes de pression et augmenter les recettes fiscales de la grande ville.
Par la magie de la planification, la maison de 100 000 $ que vous convoitiez coûte désormais… 250 000 $. Consolez-vous! On vous a protégé contre vous-même. C’est connu, un agent immobilier aurait pu vous forcer à acheter une maison de banlieue contre votre gré.
Nous vivons dans un monde où les planificateurs urbains se concertent pour décider où et dans quel type d’habitation les gens doivent vivre. Un monde où ce sont des technocrates qui décrètent qu’une famille à faible revenu vivra dans un HLM ou un logement multifamilial du centre-ville.
Comme si plus personne n’aspirait à s’offrir une maison avec un petit bout de terrain pour jouer avec ses enfants, faire du jardinage ou… laver sa voiture. Parce que, voyez-vous, cette damnée voiture, celle que nos planificateurs veulent bannir, c’est aussi elle qui a permis à beaucoup de familles d’accéder à leur rêve de propriété. Alors qu’auparavant l’auto était réservée aux mieux nantis, à peu près tout le monde peut maintenant s’en procurer une, ne serait-ce que pour aller vivre dans un bungalow de banlieue pour échapper aux coûts faramineux de la planification urbaine.
On a beau dire, mais ceux qui prétendent se soucier des gens à revenu modeste sont aussi ceux qui privent plusieurs familles des joies de la propriété. En s’acharnant contre l’étalement urbain, nos planificateurs s’acharnent aussi contre les pauvres gens.

lundi 17 octobre 2011

Occupy Wall Street: définir les revendications.


La Presse Débats, Cyberpresse, lundi le 17 octobre 2011.
Des manifestations contre les dérives du capitalisme financier ont eu lieu dans plus de 1000 villes du monde en fin de semaine. Selon plusieurs observateurs, le mouvement Occupy Wall Street risque de s'essouffler si ses organisateurs ne s'entendent pas sur des revendications spécifiques. Est-ce votre avis? Quelles devraient-être ces revendications, selon vous?
 Karl Marx ne ferait pas le poids
Occupy Wall Street est un mouvement de contestation qui dénonce les abus du capitalisme financier. Ce mouvement dit s’inspirer du printemps arabe et prétend représenter les 99 % de citoyens qui ne tolèrent plus la cupidité de l’autre 1 %, les Wall Street Boys. Jusque-là, pas de problème! Mais que veulent les manifestants au juste? Sur le site internet de l’organisation, on peut prendre connaissance de la liste des demandes proposées par l’un d’entre eux: augmenter le salaire minimum, mettre en place un revenu minimum garanti, instaurer un système de santé publique universel, instaurer la gratuité des collèges et, tenez-vous bien, éliminer immédiatement les dettes individuelles (de tout le monde!). Dès maintenant, il faut accorder un pardon sur les prêts commerciaux, les prêts hypothécaires, les dettes sur les cartes de crédit, les prêts étudiants, etc. Et comme si ce n’était pas assez, il faudrait aussi éliminer les dettes contractées par tous les pays de la planète. Bref, si j’ai bien compris, c’est l’opération grand ménage : on efface et on recommence. En matière de socialisme, Karl Marx lui-même ne ferait pas le poids ! Par hasard, vous n’auriez pas un Wesfalia à vendre ? 

jeudi 13 octobre 2011

Tony Tomassi doit-il démissioner?


La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 13 octobre 2011.
Accusé de fraude et d’abus de confiance, le député et ex-ministre Tony Tomassi devrait-il démissionner ? Mériterait-il d’être destitué par l’Assemblée nationale ? Ou, d’après vous, peut-il continuer de représenter sa circonscription puisqu’il est présumé innocent ?

Que de mauvaises décisions
Le métier de politicien n’est pas facile. Un élu peut être accusé à tout moment, être innocent et, malgré tout, être forcé de démissionner. Pour Tony Tomassi, il n’y a que de mauvaises décisions. Il peut rester en poste en invoquant la présomption d’innocence. Il peut prétexter que la présomption d’innocence est un droit fondamental, qu’une personne est présumée innocente tant et aussi longtemps que sa culpabilité n’a pas été prouvée. Dans ce cas, on peut douter de sa capacité à remplir sa tâche d’élu puisqu'il devra consacrer ses énergies à préparer sa défense, plutôt qu’à représenter les électeurs de sa circonscription. L’autre option qui s’offre à lui est de démissionner. C’en sera alors fini de sa réputation et de sa carrière politique, et ce, même s’il devait être reconnu innocent plus tard. Peu importe sa décision, la pression médiatique ne s’estompera pas. L’affaire se déroule sur fond de collusion et de corruption gouvernementale. Elle pollue encore davantage le climat déjà malsain de l’action politique. Si j’étais à sa place, je démissionnerais. De toute façon, la rumeur veut qu’il ait beaucoup d’amis pour l’aider à se refaire une carrière…

jeudi 6 octobre 2011

Le pont Champlain en PPP?


La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 6 octobre 2011
Question : Le nouveau pont Champlain devrait-il être construit en partenariat public-privé (PPP)?
Et pourquoi pas?
Le gouvernement fédéral affirme avoir une préférence marquée pour un partenariat public-privé (PPP). Et pourquoi pas? Il a utilisé cette formule pour la construction du Pont de la Confédération reliant l’Île-du-Prince-Édouard au Nouveau-Brunswick dans les années 1990. Cet ouvrage de 13 kilomètres a été conçu et construit par un consortium du secteur privé. Ce même consortium s’est vu confier l’entretien et l’exploitation du pont pour 35 ans, au terme duquel il le remettra aux autorités fédérales. D’ici là, les revenus de péage lui servent à l’exploiter et à l’entretenir. Le bilan? L’expérience s’est avérée positive : le pont a été construit dans les délais prévus et sans mauvaises surprises pour les contribuables. En préconisant cette formule, le gouvernement a pu partager avec le secteur privé les risques associés à la construction et à l’exploitation d’un équipement collectif de 1 milliard de dollars. 

Plusieurs dénoncent les PPP sous prétexte que l’entreprise privée n’y participe que pour faire de l’argent. C’est vrai! Je dirais même que c’est ce qu’on souhaite : c’est cette soif de profit qui, pour notre bénéfice mutuel, incitera les entreprises à être économes et efficaces dans la construction et l’exploitation du pont. N’est-ce pas mieux que de les voir s’activer à multiplier les gaspillages et à repousser les délais de réalisation pour obtenir des faveurs ou des rallonges contractuelles du gouvernement?