La Presse.ca, La Presse Débats, 21 mai 2013.
Loto-Québec s’inquiète de la baisse «majeure» de fréquentation de 10,3% des casinos du Québec depuis cinq ans. Selon vous, la société d’État a-t-elle raison de redoubler d’effort pour freiner l’hémorragie, en encourageant ainsi le jeu, afin de maintenir le dividende versé dans les coffres du gouvernement ?
Vice contre vice
Loto-Québec s’inquiète de la baisse «majeure» de fréquentation de 10,3% des casinos du Québec depuis cinq ans. Selon vous, la société d’État a-t-elle raison de redoubler d’effort pour freiner l’hémorragie, en encourageant ainsi le jeu, afin de maintenir le dividende versé dans les coffres du gouvernement ?
Vice contre vice
Exploiter le vice pour combattre le vice
est devenu une tâche complexe. Jusqu’ici, on prétendait que le monopole des
jeux d’argent et de hasard permettait à Loto-Québec de nourrir le Trésor public,
tout en contrôlant les pulsions malsaines des citoyens. Mais voilà, même si le
jeu reste un jeu, le jeu de la concurrence commence à lui faire mal. Son
pouvoir de monopole s’effrite au profit des réserves indiennes et des sites de
pari en ligne. Loto-Québec doit donc revoir sa stratégie commerciale pour
protéger le dividende versé au gouvernement. Il lui faudra, sans doute, multiplier
les voyages organisés pour les ainés en leur offrant des repas gratuits et des
cartes privilèges. Elle n’a pas le choix : il lui faut mieux vendre le
rêve. En contrepartie, pour se donner bonne conscience, elle intensifiera sa publicité
pour nous rappeler que le jeu peut conduire à la faillite, à la dépression, voire
au suicide. Mais où est la logique? Euh… je vous explique! L’État doit mieux
exploiter la dépendance des citoyens vulnérables, pour assouvir sa propre «addiction»
à l’essaimage de subventions visant à prévenir, dépister et traiter le jeu
pathologique. En somme, c’est l’histoire du chien qui se mord la queue.