La Presse.ca, La Presse Débats, 28 février
2013
D'après vous, les décisions prises au Sommet
sur l'enseignement supérieur auront-elles plutôt un impact positif ou négatif
sur les universités québécoises et leurs étudiants?
NOYER LE POISSON
Le simulacre de réflexion collective sur notre
enseignement supérieur est terminé. L'impact positif est essentiellement
politique : le gouvernement Marois peut maintenant se targuer d'avoir mis un
terme à la crise étudiante. Il a également profité de ce Sommet pour se
débarrasser de son gênant carré rouge en donnant la fausse impression qu'il a
tenu tête aux associations étudiantes en décrétant une hausse ridicule des
frais de scolarité de 70 $ par année. Encore mieux, en annonçant cinq chantiers
interminables, il enclenche une course aux rentes qui devrait occuper nos
grands groupes d'intérêt pendant quelque temps. En somme, ce Sommet n'aura
produit aucune réforme tangible. Nos universités demeurent sous financées et
doivent aujourd'hui se contenter d'engranger les déficits dans l'attente d'une
promesse de réinvestissement futur. Les dindons de cette monumentale farce? Les
contribuables et les étudiants. D'abord les contribuables, qui devront régler
la note de ce vaste exercice de relations publiques et qui devront continuer à
défrayer pratiquement seuls les coûts de nos universités. Ensuite les
étudiants, qui aujourd'hui se bercent d'illusions, mais qui réaliseront tôt ou
tard que ce sont eux les premières victimes de notre sous-investissement dans
l'enseignement supérieur. Bref, un autre de ces sommets qui aura permis à nos
politiciens de noyer le poisson pour se redonner une virginité politique.