mardi 26 juillet 2011

Quel impact sur le NPD?


La presse Débats, Cyberpresse, mardi le 26 juillet 2011.
Le retrait temporaire de Jack Layton de la vie politique soulève plusieurs questions. Quel sera l’impact de l’absence de son chef sur le NPD au cours des prochaines semaines ? En quoi son rôle d’opposition officielle sera-t-il affecté ? L’appui des Canadiens, et particulièrement des Québécois, à cette formation politique demeurera-t-il intact?
SI SON ABSENCE SE PROLONGE...
Au lendemain de l’annonce de son retrait temporaire de la vie politique, les témoignages de sympathie à l’endroit de Jack Layton se multiplient. Celui qui, depuis plusieurs mois, combat la maladie avec optimisme et courage, crée beaucoup d’empathie dans la population. Dans sa « Théorie des sentiments sociaux », Adam Smith explique que ce phénomène est attribuable à notre capacité de se placer à distance de nos intérêts pour comprendre ce que les autres ressentent. C’est comme si chacun d’entre nous faisait sien le cancer de Jack Layton et ressentait le désarroi que cette situation peut provoquer chez lui; comme si on communiait avec sa souffrance et sa douleur. Dans la mesure où la politique est une activité hautement émotive, on peut penser qu’une courte absence de Jack Layton ne nuira pas au NPD, au contraire. Par contre, si elle devait se prolonger, on peut penser que la partisanerie politique prendra peu à peu le dessus sur les bons sentiments.

vendredi 22 juillet 2011

Combien de semaines de vacances?


La Presse Débats, Cyberpresse, vendredi 22 juillet 2011
D’après vous, quel serait le nombre de semaines de vacances annuelles idéal pour un travailleur au Québec ? Deux, trois, quatre, cinq semaines ? À votre avis, combien de temps a-t-on minimalement besoin pour décompresser, décrocher, se ressourcer, refaire ses forces?
UN CHOIX PERSONNEL
Les vacances n’échappent pas à l’ambition de ceux qui s’acharnent à vouloir réglementer la vie des gens. On peut lire nombre de textes qui suggèrent une période idéale de vacances, un lieu idéal de vacances, une durée idéale de vacances, des vacances obligatoires, etc. En réalité, la durée idéale des vacances est une question de choix personnel. Certains préfèrent en prendre beaucoup, d’autres moins. Plusieurs considérations motivent leur choix : des raisons personnelles, familiales et… monétaires. En fait, les vacances payées, ça n’existe pas. Il n’y a que le travail qui est rémunéré. Le coût des vacances est assumé par le travailleur; il ne s’agit pas d’un cadeau de l’employeur ou de l’État. Elles font partie du contrat de travail négocié avec l’employeur, et ce, au même titre que les horaires de travail et autres avantages sociaux. Même si l’État décrète déjà, via la Loi sur les normes du travail, une durée de vacances obligatoire, ça ne change rien au fait que celui qui en assume le coût, c’est le travailleur. Malheureusement, même si j’adore en prendre, les vacances ne sont pas un bien gratuit.

mercredi 20 juillet 2011

Les mafieux de l’or blond!


Pierre Simard et Jean-Luc Migué
Le Soleil, Les mafieux de l'or blond, Point de vue, 23 juillet 2011, p. 30
La Presse, Cyberpresse, mercredi le 20 juillet 2011

Que le grand cric nous croque si on a rêvé. On nous apprend que de dangereux malfaiteurs ont été coincés : le Québec serait en proie à un marché noir du sirop d’érable. Les mafieux de l’or blond achèteraient du sirop directement des producteurs, sans passer par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Voilà pour la une!

Pis encore, le sirop de la honte se retrouverait sur les tablettes de plusieurs grandes chaînes de supermarchés, et ce, un peu partout à travers le monde. De quoi faire monter la glycémie de tous les ayatollahs de la réglementation québécoise. Comme si, au royaume du sirop d’érable, les vrais malfaiteurs n’étaient pas ceux qui font augmenter artificiellement le prix d’un produit pour les millions de consommateurs.
On a souvent l’impression que l’interventionnisme public se résume à nous taxer et à dépenser nos impôts. Si au moins ça ne se limitait qu’à ça! On oublie trop souvent ces réglementations qui concèdent un pouvoir monopolistique à un office de mise en marché, une fédération de producteurs par exemple. Il s’agit ni plus ni moins de cartels légalisés qui contrôlent la production et la tarification d’un produit. Leur mission? Opérer un transfert de richesse des poches du consommateur vers quelques producteurs privilégiés.
Au Québec, scalper le consommateur est devenu une activité vertueuse lorsqu’on a l’assentiment du législateur et l’appui d’un ministère. Il suffit de se parer d’un concept creux, comme celui du développement durable, pour mettre sous tutelle une industrie entière. Cela permet, assurément, d’exercer un contrôle sur les prix, et encore, de se lancer à la chasse d’un entrepreneur offrant le produit réglementé à un prix moindre que celui décrété par le fondé de pouvoir étatique.
Lorsque les amendes et les poursuites guettent l'acériculteur qui produit une trop grande quantité de sirop d’érable ou qui le vend sans en parler à sa fédération, on est loin de parler libre marché. Si des acériculteurs se sentent obligés d’intenter des poursuites judiciaires pour se libérer de ceux qui s’activent à les contrôler, on parle alors de harcèlement bureaucratique.
Aujourd’hui, les consommateurs doivent payer des prix gonflés pour de nombreux produits. Plusieurs producteurs ne peuvent plus exercer leur droit de propriété, ni les pouvoirs de décision qui l’accompagnent. Trop souvent, les grossistes et les revendeurs doivent se faire accréditer et montrer patte blanche aux planificateurs de marché.
On conçoit que l’industrie réglementée puisse servir les producteurs organisés et les bruyants syndicalistes. On comprend aussi que l’octroi de tels privilèges puisse séduire les politiciens en quête de votes et d’appuis corporatifs. Il en est toujours ainsi lorsque ceux-ci peuvent concentrer les bénéfices dans les mains de cartels influents et diffuser les coûts de leurs décisions aux consommateurs peu organisés.
Au bout du compte, toutes ces réglementations sectorielles s’inscrivent dans la même logique : elles font payer le consommateur. Eh oui, rien de plus facile que « d’entailler» le consommateur…!

mardi 19 juillet 2011

Encore confiance dans les journaux?


 La Presse Débats, Cyberpresse, mardi le 19 juillet 2011.
À la suite du scandale des écoutes téléphoniques qui secoue l’empire médiatique de Rupert Murdoch et qui a mené à la fermeture du quotidien News of the World, votre confiance envers les journaux a-t-elle été minée ? Croyez-vous que cette méthode illégale pour récolter de l’information pourrait être utilisée par des médias canadiens ?
RESSERRER LES RÈGLES ÉTHIQUES
News of the World, le plus vendu des journaux dominicaux de Grande-Bretagne, est mort. Ce journal qui a violé pendant de nombreuses années la vie privée des célébrités, des politiciens, des victimes de crime, et ce, sous l’œil complaisant des forces policières, a dû fermer ses portes. La raison? Les pressions populaires et le désengagement de ses principaux commanditaires à la suite des révélations des dernières semaines. Ce scandale montre que certains journalistes et entreprises de presse sont prêts à employer n’importe quelle méthode pour créer la «une». Il illustre aussi la différence entre les journalistes qui se croient tout permis en prétextant le droit du public à l’information, et ceux qui croient encore au droit à la vie privée des citoyens. L’heureuse nouvelle, c’est que dorénavant, les entreprises de presse y penseront à deux fois avant de faire passer leur intérêt avant ceux des individus. Dans un monde où chacun est friand de savoir ce que les autres mangent pour le petit déjeuner et avec qui ils roucoulent, les journaux du monde devront resserrer leurs règles éthiques au risque d’y perdre leur crédibilité ou même de devoir fermer leurs portes. Je ne sais pas ce que le dissident russe Alexandre Soljenitsyne dirait à Rupert Murdock, lui qui disait que «notre liberté se bâtit sur ce qu’autrui ignore de nos existences.»

mardi 12 juillet 2011

Vers une récession mondiale?


La Presse Débats, Cyberpresse, 12 juillet 2011.
La crise de la dette qui secoue les États-Unis ainsi que la zone de l’euro risque-t-elle de provoquer une nouvelle récession à l’échelle planétaire ? Êtes-vous confiant que la crise va se résorber sur les deux fronts ?

CRISE DE L'ÉTAT-PROVIDENCE
Il y a quelques mois, l’économiste Pierre Lemieux publiait un livre intitulé : Une crise peut en cacher une autre (Les Belles Lettres). Dans cet ouvrage, il nous rappelle qu’en 2007, on interprétait la crise comme celle du capitalisme. Fini, le laissez-faire économique! Quatre ans plus tard, on doit se rendre à l’évidence que le diagnostic était erroné. Comme l’explique Lemieux – senior fellow à l’Institut Économique de Montréal – la crise ne relevait pas d’un manque d’autorité des gouvernements, mais au contraire d’un État beaucoup trop présent dans l’économie. Les États occidentaux, déjà lourdement endettés, ont profité de la crise pour accroître leur déficit et s’endetter davantage. Résultat? La crise économique s’est transformée en crise des finances publiques. Peut-être serait-il plus juste de dire que s’est révélée la crise latente de l’État Providence. Il y a quatre ans, nos politiciens accusaient les banques; aujourd’hui, ce sont les banques qui semoncent nos gouvernements. On évoque même la faillite potentielle de plusieurs gouvernements, y compris celui des Etats-Unis. De toute évidence, les promesses interventionnistes ne sont pas au rendez-vous et l’endettement de nos gouvernements plombe les possibilités de reprise. Cette crise se résorbera-t-elle? Pour cela, il faudrait que les citoyens cessent de rêver au retour des Nordiques et du Prince Charmant, et qu’ils obligent les politiciens à mettre de l’ordre dans les finances publiques.

vendredi 8 juillet 2011

Dépassés, les procès devant jury?


La Presse Débats, Cyberpresse, vendredi le 8 juillet 2011
À la suite du verdict rendu par 11 jurés dans l'affaire Turcotte, certains remettent en question les procès devant jury. Les jurés, estiment-ils, n'ont pas la formation juridique nécessaire pour trancher dans des causes aussi complexes que celle-là. Qu'en pensez-vous? Vaudrait-il mieux que tous les procès criminels se fassent devant un juge seul?
LA PARTICIPATION CITOYENNE N'EST PAS QU'UN CAPRICE DÉMOCRATIQUE
Je comprends que l’affaire Turcotte puisse soulever les passions, mais ne serait-il pas préférable de laisser retomber la poussière avant de réformer notre système de justice? Au Canada, la plupart des procès sont entendus devant des juges exclusivement. Ce ne sont que les personnes accusées d’une infraction criminelle qui ont le droit d’être jugées par un jury de citoyens. Désire-t-on vraiment que la justice devienne exclusivement une affaire de spécialistes triés sur le volet? Notre justice n’est-elle pas déjà un « business » de juges, d’avocats et de témoins experts? La participation citoyenne n’est pas qu’un caprice démocratique, c’est aussi une façon de rapprocher le peuple de sa justice. Or, malgré ce que certains laissent entendre, les jurés n’ont pas autant de latitude qu’on pourrait le croire. Outre le fait qu’ils sont sélectionnés par les parties en cause, ils doivent suivre les instructions du juge, ne tenir compte que des éléments de preuve qui leur sont présentés au tribunal et rendre une décision unanime. Avant de décréter que tous les procès criminels devraient se tenir devant un juge seul, il faudrait peut-être se rappeler qu’il y a quelques mois à peine, on voguait en pleine commission Bastarache. On se calme?

mercredi 6 juillet 2011

Confiance en la justice?


La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi le 6 juillet 2011

Le verdict de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux rendu par le jury au procès de Guy Turcotte a suscité l'indignation générale. À votre avis, ce verdict révèle-t-il une faille dans notre système de justice? Avez-vous confiance que ce système, de façon générale, punit assez sévèrement les criminels?
DEUX ENFANTS MORTS PAR ACCIDENT?
Onze jurés ont jugé à l’unanimité que Guy Turcotte n’était pas responsable de la mort de ses enfants. Mais qui en est donc responsable? Loin de moi l’idée de remettre en cause le travail de la justice dans cette affaire. Au contraire, tout indique que le juge et les jurés ont fait leur travail consciencieusement. Ce qui m’interpelle, en tant que citoyen, c’est l’idée qu’au bout du compte, deux enfants sont morts et que ce n’est la faute de personne. Si Guy Turcotte avait été jugé sain d’esprit au moment de son crime, sa responsabilité n’aurait fait aucun doute et il aurait été condamné à perpétuité. On a plutôt jugé que son geste avait été commis dans un moment de démence et, qu’en conséquence, il n’était pas responsable de ses actes. Au lendemain de ce verdict, je me pose plusieurs questions. La responsabilité d’un individu est-elle exclusivement une question de santé mentale? Le rôle de la justice se limite-t-il à déterminer, avec l’aide de psychiatres, si oui ou non le meurtrier était sain d’esprit au moment de poser son geste? Une personne ne peut-elle qu’être responsable ou irresponsable de ses actes? N’y aurait-il pas de place pour une responsabilité partielle? Je ne suis pas outré par ce jugement, il me rend seulement inconfortable. Comme beaucoup de citoyens, j’ai de la difficulté à admettre que deux enfants aient été poignardés à mort par accident.