La Presse, mardi le 25 août 2015, p. A15. (disponible sur La Presse+)
En
2012, on a vécu la campagne électorale « N’importe qui sauf le PQ ».
En 2015, c’est « Anybody but Harper ». Chaque élection ressasse
la même comédie intitulée « Votons stratégique contre […] ».
La
politique ne consiste plus à faire la promotion de ses idées, mais à dénigrer
celles des autres. Nos campagnes électorales sont le théâtre de stratégies
douteuses où l’électeur est invité à donner son vote à un inconnu, pour
hypothétiquement en défaire un autre... trop connu.
Nos
élections sont teintées d’un tel négativisme qu’il faudrait songer à revoir notre
mode de scrutin pour permettre à l’électeur d’exprimer son désaveu à un candidat ou au parti qu’il représente.
Le vote contre
Il
suffirait, par exemple, de permettre le vote « contre ». Chaque
électeur n’aurait droit, comme dans le régime électoral actuel, qu’à un seul
vote. La différence, c’est qu’il pourrait choisir de l’utiliser pour voter « pour »
ou « contre » un candidat.
Chaque bulletin
de vote serait imprimé recto verso. Au recto, il serait inscrit : Je vote
« pour » le candidat A, B ou C.
Au verso, on pourrait lire : Je vote « contre » le
candidat : A, B, ou C. L’électeur
choisirait le côté du bulletin de vote sur lequel il veut apposer son
« X ».
Chaque
vote « contre » obtenu par un candidat serait soustrait de ses votes
« pour». Le candidat ayant reçu 1000 votes « pour » et 400
« contre » obtiendrait un solde électoral de 600 votes. Le vainqueur
serait celui recueillant le solde de vote le plus élevé.
Cette
variante simple du vote pondéré, qui n’est pas nouvelle en soi, a le mérite
d'être peu coûteuse à mettre en œuvre, si ce n’est qu’elle obligerait nos
scrutateurs à faire des soustractions.
Les avantages
Cette
réforme du mode de scrutin ne modifierait probablement pas de manière
importante les résultats électoraux. Son introduction présenterait toutefois certains
avantages.
Se
déplacer et prendre de son précieux temps pour aller voter en se pinçant le nez
n’est pas donné à tous.
On peut penser qu’offrir à l’électeur la possibilité de voter contre un candidat pourrait ramener à l’urne une part significative des quelque 40 % d’absentéistes aux quatre dernières élections fédérales.
Principalement ceux qui croient encore que leur vote peut faire une différence, mais qui se sentent incapables d’accorder leur confiance aux candidats qui leur sont proposés.
On peut penser qu’offrir à l’électeur la possibilité de voter contre un candidat pourrait ramener à l’urne une part significative des quelque 40 % d’absentéistes aux quatre dernières élections fédérales.
Principalement ceux qui croient encore que leur vote peut faire une différence, mais qui se sentent incapables d’accorder leur confiance aux candidats qui leur sont proposés.
Appuyer
un candidat qu’on ne connaît pas, du simple fait qu’on en déteste un autre, est
un geste inconséquent et démotivant. Voter pour Mulcair parce que votre
syndicat déteste Harper, ou voter pour le PLQ parce qu’un animateur de radio
déteste le PQ, c’est brader son futur droit de critique et servir de proie aux
adeptes du ridicule cliché : « Désolé, mais vous avez voté pour ça ».
Certains
diront que l’exercice démocratique doit demeurer un geste positif, que
l’électeur doit voter pour le meilleur candidat de sa circonscription et non
pour un parti, etc. Malheureusement, notre réalité politique est tout autre.
...
Il n’existe
pas de mécanisme parfait de révélation des préférences électorales, c’est vrai.
Néanmoins, toute révision de notre mode de scrutin qui permettrait à un plus
grand nombre d’électeurs de s’exprimer, et ce de façon claire, serait une bonne nouvelle pour notre démocratie. À défaut d’être
positif, soyons pragmatiques!