mardi 20 mars 2012

Aveos: le gouvernement Harper doit-il intervenir?


La Presse.ca, La Presse Débats, mardi 20 mars 2012.

Puisqu’il a adopté une loi spéciale pour interdire un conflit de travail à Air Canada, le gouvernement Harper devrait-il aussi intervenir pour tenter d’empêcher la fermeture d’Aveos et la mise à pied de ses 1800 employés à Montréal ?

Investir dans notre appauvrissement
À chaque annonce d’une fermeture d’usine, on réclame l’intervention de nos politiciens. La liste des réclamations est interminable : les Chantiers Davie, Papiers White Birch, etc. Je ne voudrais pas faire mon rabat-joie, mais si Aveos était une entreprise efficace et compétitive, elle ne serait pas obligée d’enclencher un processus de faillite. C’est essentiellement parce qu’Air Canada obtient un meilleur service ou un meilleur prix pour l’entretien de ses appareils qu’elle va chez un concurrent. En fait, il n’est pas rare que des entreprises disparaissent face à une concurrence qui a su innover ou rationaliser ses coûts. C’est ce que le grand économiste Joseph Schumpeter appelle la « destruction créatrice ». Les entreprises incapables d’acquérir de nouvelles compétences ou de s’adapter disparaissent au profit d’autres entreprises plus innovantes. J’en conviens, c’est triste pour les travailleurs qui se retrouvent au chômage et doivent se trouver un nouveau travail. Mais s’opposer à ces fermetures, c’est freiner le moteur de notre croissance économique. Lorsque nos politiciens se présentent en correcteur de marché en adoptant des lois coercitives ou en accordant des subventions à des entreprises inefficaces, ils ne font que retarder un processus d’adaptation normal dans une économie saine. Sans le savoir, ils investissent dans l’appauvrissement de notre économie.