Article épinglé

mercredi 14 janvier 2015

Les dangers d’un référendum sur l’austérité


Journal de Montréal et Journal de Québec, mercredi le 15 janvier 2015. (JM p. 40 et JQ p.16)
 
Pour contrer les initiatives syndicales visant à faire dérailler la démarche gouvernementale de redressement des finances publiques, nos grands quotidiens proposent d’organiser un référendum sur l’austérité. Danger! À moins que le Québec soit atteint d’un syndrome de Stockholm collectif, ce référendum risque de perpétuer la dépendance de l’État aux dépenses publiques.
J’en conviens, le redressement des finances publiques est primordial pour l’avenir du Québec. Mais il faut miser sur beaucoup d’empathie politicienne pour croire que la majorité silencieuse du Québec légitimerait, voire encouragerait, les décisions d’un État qui n’a cessé de lui confisquer ses revenus et empiété sur ses libertés depuis 50 ans.
Jusqu’ici, la soi-disant rigueur budgétaire du gouvernement Couillard, c’est d’abord et avant tout la majorité silencieuse qui en fait les frais. C’est le contribuable qui récolte les hausses de taxes, de tarifs et d’impôt décrétés au nom de l’équilibre budgétaire. C’est lui qui se fait amputer ses revenus par des hausses de tarifs de garderie, des hausses de taxes municipales, des taxes sur le carbone, etc.
Et le gouvernement? Il promet de contribuer. Non pas de couper dans ses dépenses, mais de réduire leur croissance. C’est comme ça! Les contribuables québécois sont toujours moins égaux que leur gouvernement dans le partage des efforts d’équilibrage des finances publiques.
Fausse prémisse
Mais personne n’est dupe. Alors que le gouvernement profite du prétexte du redressement budgétaire pour nous saigner davantage, il continue à essaimer les privilèges et à investir des milliards dans des projets douteux : des éoliennes, des cimenteries, des emplois chez CGI, etc.
Le problème avec cette idée de référendum, c’est qu’elle repose sur une fausse prémisse : celle que l’État ne nous prélèvera que ce dont il a besoin pour équilibrer son budget; que toutes ces nouvelles ponctions permettront à l’État de rembourser notre énorme dette, et qu’ensuite, en bon père de famille, il nous retournera ses excédents sous forme de baisses d'impôt. Mon œil!
Ce n’est pas parce qu’une majorité de Québécois est silencieuse qu’elle est stupide. Il y a longtemps qu’elle a fait sien l’enseignement de J. Buchanan (Nobel 1986) selon lequel le but de l'État est essentiellement de nous prélever le plus de revenus possible; qu’une fois qu’il nous a bien plumés, il ajuste ses dépenses en conséquence. 

Problème d'obésité
Les syndicats ne sont pas la véritable source du problème; c’est plutôt l’obésité de l’État québécois. Ce sont nos gouvernements qui ont accordé aux syndicats les privilèges dont ils abusent aujourd’hui. Aussi, ce n’est qu’en limitant les ressources que le gouvernement peut nous prélever qu’on l’obligera à réduire ses dépenses et, par conséquent, à sevrer la bête syndicale.
En attendant que la majorité silencieuse se révolte et oblige nos gouvernements à mettre en place des contraintes à son pouvoir de dépenser, il faut éviter un référendum qui permettrait aux syndicats de récupérer l’exaspération des contribuables à l’endroit des abus de nos politiciens.
Bref, ce n’est pas un référendum d’appui au gouvernement qu’il faut organiser, mais la résistance fiscale des contribuables. Où est notre Gérard Depardieu?

mercredi 29 octobre 2014

Et si un loup solitaire frappe à ma porte…

Journal de Québec et Journal de Montréal, mercredi le 29 octobre 2014, p.40

L’attentat d’Ottawa a semé l’inquiétude dans la population. Comme beaucoup d’entre vous, je suis désormais envahi par un sentiment d’impuissance face à la menace terroriste. Et si un loup solitaire frappait à ma porte?
Pendant des heures, les médias télévisés du monde entier ont diffusé les images de policiers aux trousses d’un terroriste armé; de citoyens exprimant leur crainte et leur impuissance devant l’horreur; d’experts expliquant les difficultés de contrer ce type d’attentat; de politiciens clamant que la démocratie ne cèderait pas à la terreur. 
Les journalistes ont également salué le courage des politiciens québécois, qui ont unanimement décidé de poursuivre la période de questions à l’Assemblée nationale. Mais entre vous et moi, lorsqu’on est entouré de gardes du corps, à 450 kilomètres du chaos qui plus est, il n’y a pas guère de risques à discuter encore quelques heures. Surtout lorsqu’il est question de rassurer un peuple désarmé et impuissant.
Je peux comprendre les préoccupations des politiciens : faire quelque chose et montrer qu’ils s’en occupent. Mais quand leur seule réponse consiste à multiplier les contrôles et à se donner plus de pouvoir, je ne me sens guère rassuré.
Ils le savent et tout le monde le sait installer des policiers devant le Parlement, les édifices publics et les bases militaires n'aura qu'une efficacité limitée pour contrer les actes des loups solitaires. En moins de 48 heures, deux individus ont réussi à faire la démonstration de l’inutilité de toutes ces mesures de sécurité décrétées au fil des événements par nos gouvernements.
Aujourd’hui, il faut se compter chanceux que nos extrémistes locaux ne se soient pas inspirés d’Anders Breivik, ce terroriste norvégien qui a assassiné 77 personnes et fait 151 blessés, dont la plupart de jeunes adolescents (2011).
Dans les prochaines semaines, nos politiciens se demanderont sans doute comment Michael Zehaf-Bibeau a pu se procurer une arme à feu. Comment un individu avec un passé criminel, connu de nos corps policiers, a-t-il pu débarquer sur la colline parlementaire avec une carabine alors qu’on lui en avait interdit la possession?
La réponse est pourtant simple : les criminels trouveront toujours des armes, et aucune interdiction gouvernementale ne les empêchera de poser leurs gestes insensés.
Il faudra bien un jour l’avouer, l’État sera toujours impuissant à nous protéger contre les détraqués. Aussi, la multiplication des lois et règlements limitant le droit des citoyens d’acquérir des armes n’a réussi qu’à accroître notre vulnérabilité face aux criminels.
À ce jour, j’ai écouté les conférences de presse des autorités m’apprenant qu’il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. J’ai entendu l’appel à la solidarité de notre élite politique. J’ai lu plusieurs dizaines de textes d’opinion et d’analyses m’entretenant du courage du sergent d’armes Vickers, de la résilience du monde libre, de l’importance de sécuriser le Parlement. J’en suis!
Malheureusement, personne n’a encore réussi à répondre à ma question : je fais quoi si un loup solitaire frappe à ma porte?  

mercredi 8 octobre 2014

L’école privée pour réduire les inégalités

Journal de Québec et le Journal de Montréal, jeudi le 9 octobre 2014. (JQ p.18 et JM p.36)

Le gouvernement étudie la possibilité de diminuer les subventions aux établissements d’enseignement privé. En conséquence, plusieurs parents pourraient être obligés de renoncer à leur liberté de choisir l’école de leur enfant. Absurde!
Être parent, c’est vouloir offrir ce qu’il y a de mieux à sa progéniture. Quand les parents choisissent l’école de leur enfant, ils sont conscients qu’ils engagent l’avenir de ce dernier. Aussi, très peu d’entre eux prennent cette décision à la légère.
Beaucoup de familles sacrifient une part importante de leur revenu pour envoyer leur enfant à l’école privée. C’est leur choix. Si vous n’aimez pas votre travail ou le trouvez insuffisamment rémunérateur, vous pouvez donner votre démission. Si la ville ou le quartier dans lequel vous habitez ne vous convient pas, vous pouvez déménager. La liberté de choix, c’est avoir le contrôle sur sa vie; choisir l’école de son enfant, c’est avoir une influence sur son avenir.  
La plus grande fourberie véhiculée dans le présent débat, c’est de laisser croire qu’en diminuant les subventions aux établissements privés, on fera payer les riches; qu’en coupant les subventions au secteur privé, pour engraisser le secteur public, on réduira les inégalités de revenu.
Au contraire, le pouvoir de choisir ne devrait pas être réservé à quelques bien nantis. C’est plutôt en augmentant le nombre de parents ayant la capacité financière d’offrir l’école privée à leurs enfants qu’on estompera les inégalités.
Si le gouvernement cherche vraiment à alléger les coûts de l’éducation, tout en améliorant sa qualité, il doit penser à subventionner encore plus le secteur privé. Peu importe la façon de faire (crédit d’impôt, subvention à l’école ou chèque d’éducation que les parents peuvent dépenser dans l’école de leur choix), l’important c’est d'accroître la liberté de choix des familles.
Le principal danger dont il faut se méfier est que l’État saisisse le prétexte de sa réforme pour réglementer encore plus le secteur privé. Il faut davantage de diversité en éducation, pas moins. Si l’État ne veut pas faire confiance aux parents, qu’il nous explique comment il peut accorder le droit de vote à des individus aussi peu fiables…
Ne soyons pas naïfs, si plusieurs parents sont disposés à payer des milliers de dollars pour envoyer leur enfant au privé, c’est qu’ils estiment qu’il s’y épanouira davantage. Or, ce n’est pas en leur fermant l’accès aux écoles privées qu’on améliorera leur opinion de l’école publique. Au contraire, c’est en stimulant la concurrence que l’on condamnera les établissements publiques à l’excellence et que l’on convaincra les parents d’y envoyer leur enfant.
Bref, combattre les inégalités de revenu en éliminant l’école privée au profit de l’école publique est une aberration. Désolé, mais la richesse, c’est d’abord avoir la capacité de choisir. C’est seulement en donnant aux parents les moyens de choisir eux-mêmes l’école de leur enfant qu’ils auront le sentiment qu’en matière d’éducation, ils sont aussi riches que les riches.