Article épinglé

jeudi 23 mai 2013

Une charte des valeurs québécoises est-elle souhaitable ?


La Presse, La Presse Débats, vendredi 24 mai 2013, p. A23. En ligne sur La Presse .ca, et La Presse+
Le gouvernement Marois repousse à l’automne le dépôt d’une «charte des valeurs québécoises», qui édictera des « règles claires pour encadrer les demandes d'accommodement religieux ». D’après vous, l’adoption d’une charte de la laïcité est-elle nécessaire, voire souhaitable, au Québec ?
La Charte de l’intolérance.
Dans une société où la religion n’exerce plus d’influence sur le pouvoir politique depuis longtemps, il faut se demander à quoi servirait une telle charte des valeurs québécoises. Peu importe qu’on en change le nom, le but de cette charte de la laïcité est essentiellement de discriminer les citoyens sur une base religieuse. En fait, l’insistance du PQ à vouloir purifier l’identitaire Québécois ne se limite plus à la langue. Le bon Québécois doit aussi être athée ou catholique non pratiquant. Au pas, ces mauvais Québécois qui portent le turban, mangent halal ou cachère. Pourquoi s’acharner à diviser la population? Parce que l’exploitation des antagonismes a toujours été une stratégie politique efficace. Ainsi, lorsque le Québec sera à feu et à sang, le gouvernement du PQ s’érigera en arbitre des conflits. Il lui sera alors facile d’imposer ses vues en distribuant des droits et des privilèges à sa base militante ou aux groupes de pression qui soutiennent sa cause. Pour un parti qui a la certitude d’avoir perdu le dernier référendum à cause du vote des minorités ethniques, je ne suis pas certain que l’édiction d’une charte de l’intolérance soit une bonne manière de réunir les conditions gagnantes à un prochain référendum.

mardi 21 mai 2013

Doit-on promouvoir les casinos?


La Presse.ca, La Presse Débats, 21 mai 2013.

Loto-Québec s’inquiète de la baisse «majeure» de fréquentation de 10,3% des casinos du Québec depuis cinq ans. Selon vous, la société d’État a-t-elle raison de redoubler d’effort pour freiner l’hémorragie, en encourageant ainsi le jeu, afin de maintenir le dividende versé dans les coffres du gouvernement ?

Vice contre vice
Exploiter le vice pour combattre le vice est devenu une tâche complexe. Jusqu’ici, on prétendait que le monopole des jeux d’argent et de hasard permettait à Loto-Québec de nourrir le Trésor public, tout en contrôlant les pulsions malsaines des citoyens. Mais voilà, même si le jeu reste un jeu, le jeu de la concurrence commence à lui faire mal. Son pouvoir de monopole s’effrite au profit des réserves indiennes et des sites de pari en ligne. Loto-Québec doit donc revoir sa stratégie commerciale pour protéger le dividende versé au gouvernement. Il lui faudra, sans doute, multiplier les voyages organisés pour les ainés en leur offrant des repas gratuits et des cartes privilèges. Elle n’a pas le choix : il lui faut mieux vendre le rêve. En contrepartie, pour se donner bonne conscience, elle intensifiera sa publicité pour nous rappeler que le jeu peut conduire à la faillite, à la dépression, voire au suicide. Mais où est la logique? Euh… je vous explique! L’État doit mieux exploiter la dépendance des citoyens vulnérables, pour assouvir sa propre «addiction» à l’essaimage de subventions visant à prévenir, dépister et traiter le jeu pathologique. En somme, c’est l’histoire du chien qui se mord la queue.

vendredi 17 mai 2013

Denis Coderre est-il l’homme de la situation ?

Croyez-vous que Denis Coderre a le profil de maire que les Montréalais recherchent et dont ils ont besoin pour gouverner la métropole ?
Un maire par défaut 
«Montréal n'a pas besoin d'un sauveur, mais d'un chef d'orchestre». Voilà pour le slogan. Je sais, la formule entre dans les 140 caractères autorisés par Twitter, mais… reste que Gilles Vaillancourt était lui aussi, dans son genre, un sacré chef d’orchestre. Denis Coderre a toujours été un politicien flamboyant. Sera-t-il un bon maire? J’ai des doutes. Il ne suffit pas d’endosser un chandail du Canadien en public pour devenir le maire dont Montréal a besoin. Le principal problème de Denis Coderre, c’est qu’il n’est pas perçu dans la communauté comme le leader promis. Il donne l’impression d’être le candidat par défaut, le moins mauvais des candidats en lice. Même s’il mène dans les sondages, on ne décèle pas d’engouement autour de sa candidature et les élus de Québec donnent l’impression de se tenir à distance de lui. Pis encore, la Chambre de commerce de Montréal a même ignoré sa candidature potentielle en lançant un avis de recherche pour dénicher un autre candidat. Bref, Denis Coderre ne soulève l’enthousiasme de personne. Or, le problème avec un maire élu par défaut, c’est qu’il est fragile politiquement. Est-ce vraiment d’un maire continuellement en campagne électorale dont Montréal a besoin?