Article épinglé

jeudi 7 juin 2012

Une justice équitable?


La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi 6 juin 2012.
Trois ans après avoir tué ses deux enfants, et un an après avoir été reconnu criminellement non responsable de leur mort, Guy Turcotte pourra recouvrer partiellement et graduellement sa liberté au cours des six prochains mois. Les Québécois sont-ils en droit de douter de leur système de justice à la suite de la décision de la Commission d’examen des troubles mentaux ?
Coupable d’irresponsabilité
Guy Turcotte a reconnu avoir tué ses deux enfants. Le tribunal a cependant jugé qu’il n’était pas responsable du meurtre en question. Même si le tueur est connu de tous, il ne sera pas puni parce qu’on a jugé qu’au moment de l’événement, il n’était pas responsable de ses actes. À partir de ce moment, le sort de l’irresponsable a été confié à la Commission d’examen des troubles mentaux, une commission dont le rôle est essentiellement d’évaluer le danger que représente Turcotte pour la société. Or, la Commission vient de décréter qu’il pouvait recouvrer, en partie, sa liberté. Comme beaucoup de Québécois, tout ça me laisse songeur. Deux enfants sont morts, mais personne n’est responsable. Le crime a bien eu lieu, mais ce n’est la faute de personne. Aujourd’hui, beaucoup de Québécois ont le sentiment que notre système de justice, basée sur la responsabilité, s’est départi de sa responsabilité de rendre justice pour la confier à l’appréciation de psychiatres. Des experts qui se contredisent sur la dangerosité d’un tueur irresponsable redevenu suffisamment responsable pour réintégrer la société. Pour les citoyens responsables, Guy Turcotte sera toujours coupable… à tout le moins coupable d'irresponsabilité.

lundi 4 juin 2012

Bonne décision du Grand Prix?


La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 4 juin 2012.
Les organisateurs du Grand Prix du Canada ont annulé la journée portes ouvertes en invoquant les menaces de perturbation liées au conflit étudiant. Selon vous, ont-ils raison de rayer cette populaire activité du calendrier pour des motifs de sécurité? Jouent-ils le jeu de la CLASSE en prenant cette décision ?
TOUT À PERDRE 
Les organisateurs du Grand Prix ne jouent pas. Ils ne jouent pas avec la sécurité des visiteurs, comme ils ne jouent pas avec les risques que leur image soit ternie par des manifestations sans aucun rapport avec l'événement. On peut penser que permettre au public d'envahir le circuit posait plusieurs difficultés de maintien de l’ordre. Combien de policiers aurait-il fallu mobiliser pour assurer la sécurité de l’événement? Le problème, c’est qu’au Québec il est devenu pratiquement impossible de maintenir l’ordre public sans encourir les foudres d’une gauche bien-pensante. Qu’on aime ou pas, le Grand Prix est d’abord et avant tout un événement médiatique. Or, d’un point de vue médiatique, le Grand Prix avait tout à perdre à maintenir à son programme cette journée portes ouvertes. Imaginez la couverture de presse au lendemain d’un événement où les médias n’ont d’autre chose à couvrir que les manifestations étudiantes. Dans cette histoire, c’est la CLASSE qui se fait prendre à son propre jeu. Aujourd’hui, les amateurs de F1 sont furieux. Et je ne suis pas sûr que ces derniers troqueront le bruit des moteurs pour celui… des casseroles. La sympathie à l'égard de la cause étudiante risque fort de s'essouffler, contrairement aux bolides de la F1. 

jeudi 31 mai 2012

Employés municipaux: le maire Labeaume a-t-il raison?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 31 mai 2012.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, veut renverser le rapport de force avec les employés municipaux. Il souhaite que les municipalités puissent réformer leurs régimes de retraite, et aient aussi le droit de décréter un lock-out et de dresser une liste de services essentiels, comme c’est déjà le cas à Calgary, Ottawa et Winnipeg. Le gouvernement Charest devrait-il accéder à la demande du maire Labeaume, appuyée par la Fédération québécoise des municipalités ?

Lorsque le jupon dépasse
Le temps est aux réformes, clame Régis Labeaume. Permettez-moi de rire! Il y a dix ans, plus de deux cents municipalités disparaissaient à la suite des regroupements forcés par le gouvernement du Québec. Nos élus provinciaux et municipaux nous avaient alors présenté les fusions comme le remède à tous nos maux urbains. Une planification centrale du gouvernement provincial, jumelée à une centralisation des pouvoirs municipaux, était censée réduire les coûts et faire exploser le développement économique des villes québécoises. Mais que s’est-il passé? Comme plusieurs l’avaient prédit, on a surtout récolté une hausse des taxes, une baisse de la qualité des services et une intensification de la bureaucratie. Aujourd’hui, force est de constater que ce sont surtout les administrations et les syndiqués des villes fusionnées qui ont bénéficié de cette réorganisation. L’ambition du maire Labeaume de renverser le rapport de force entre la Ville de Québec et ses employés est louable. Mais il y a quelque chose d’ironique à utiliser l’argument de l’essoufflement des contribuables lorsqu’on amorce la construction d’un amphithéâtre de 400 millions $ puisés à même les fonds publics. Désolé, mais je ne suis pas certain que nos chefs syndicaux se plieront de bonne grâce aux incantations de notre bon maire. Lorsque le jupon dépasse…