Article épinglé

jeudi 23 février 2012

Un gouvernement minoritaire?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi 23 février 2012.
Comment entrevoyez la forte possibilité, selon le dernier sondage CROP, qu’un gouvernement minoritaire soit élu aux prochaines élections au Québec ? Serait-ce préférable ou non à l’élection d’un autre gouvernement majoritaire ? D’après vous, quel chef de parti serait susceptible d’accomplir le meilleur travail à la tête d’un gouvernement minoritaire ?
GESTION À LA PETITE SEMAINE
Six mois en politique, c’est une éternité. Il y a quelques semaines, les sondages prédisaient une quasi-disparition du PQ. Ce matin, ils sont en tête des sondages. Le vote des Québécois serait-il volatil? Même si la situation est susceptible d’évoluer considérablement d’ici l’élection, on ne peut ignorer la possibilité qu’un partage du vote entre le PLQ, le PQ et la CAQ conduise à un gouvernement minoritaire. Est-ce souhaitable? Pas sûr! Un gouvernement minoritaire est une situation transitoire et a tendance à favoriser une gestion à court terme des affaires publiques. Parce que l’opposition peut le renverser à tout moment, il aura tendance à gérer à la petite semaine. La plupart du temps, il reportera à plus tard les décisions difficiles pour se préoccuper d’enjeux à court terme. Des enjeux visibles et populaires qui lui permettront de se positionner pour une élection pouvant survenir à tout moment. C’est comme si on était constamment en campagne électorale. Alors que le vrai défi de notre prochain gouvernement sera de jongler avec des finances publiques fragiles et un inévitable vieillissement de la population, le Québec n’a pas besoin d’un gouvernement cherchant constamment à acheter les votes des électeurs en vue de sa réélection.

mercredi 22 février 2012

Commission Charbonneau: avez-vous confiance?


La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi 22 février 2012

Jusqu’à présent, les gestes posés par la commission Charbonneau vous inspirent-ils confiance? L’appel à tous les citoyens afin qu’ils dévoilent des cas de collusion dans la construction? La décision de la présidente de diffuser une vidéo plutôt que de tenir une conférence de presse? Le fait que les audiences publiques ne commenceront qu’en mai? Que le mandat de la commission soit aussi large?

PAS UN BON SIGNAL
Quatre mois après sa mise sur pied, la commission Charbonneau a donné signe de vie. Celle qu’on a décrite au départ comme une patente à gosse a accouché, hier, d’une… patente à gosse : un site internet non sécurisé. Ce n’est pas très sérieux! C’est vrai que la structuration d’une telle commission d’enquête est un lourd travail. Toutefois, la commission peut compter sur un budget illimité et profiter des travaux de l’escouade Marteau, du rapport Duchesneau et de l’UPAC. En lançant un appel à la dénonciation citoyenne, la commission donne l’impression de ne pas trop savoir où elle va. L’appel à tous n’est pas à proprement parler un bon signal. C’est comme si, après avoir investi des dizaines de millions de dollars en enquête policière, la commission n’avait rien à se mettre sous la dent. Même s’il est trop tôt pour juger, cette première sortie nous laisse sur notre appétit. La juge Charbonneau n’a guère le choix : elle doit accélérer les travaux et produire quelque chose de tangible rapidement. Sinon, elle laissera la désagréable impression qu’on retarde les travaux pour ne pas nuire à la prochaine élection. Il est vrai que les apparences sont souvent trompeuses, mais en matière de justice, les apparences sont fondamentales.

lundi 20 février 2012

Chirurgiens: le ministre Bolduc a-t-il raison ?


La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 20 février 2012.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a-t-il raison de dénoncer les chirurgiens qui encouragent leurs patients à se faire opérer dans leur clinique privée au lieu d’attendre de se faire traiter au public ?
UN SYSTÈME PUBLIC POURRI
Les cliniques privées ne font que pallier l’inefficacité d’un système public qui craque de partout. Si notre système de santé universel et gratuit ne générait pas de file d’attente et offrait un service de qualité, personne ne sentirait le besoin d’aller ailleurs. Si notre monopole d’État satisfaisait les attentes des patients en attente d’une chirurgie, personne ne débourserait des milliers de dollars de sa poche pour aller se faire opérer dans une clinique privée. Soyons honnêtes, les cliniques de chirurgie privées sont florissantes parce que notre système public est pourri. Alors que notre ministre devrait se réjouir que des chirurgiens gagnent leur vie en améliorant le sort de leurs patients dans le privé, il nous ressort la rengaine de la médecine à deux vitesses. Dans un  régime socialisant, l’égalitarisme aura toujours préséance sur l’efficacité. On a beau répéter à nos politiciens que les citoyens qui vont chercher des services dans le privé libèrent des services dans le public pour les autres, rien n’y fera. À leurs yeux, l’égalitarisme est une question de principe, même si ça signifie de mauvais services pour tous.