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jeudi 22 décembre 2011

Un sens à la fête


La presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 22 décembre 2011.

Les Québécois célébreront Noël en fin de semaine. À une époque où la religion catholique a perdu un très grand nombre de fidèles au Québec et où plusieurs prônent la laïcité de la société, quel est, selon vous, le sens de cette fête? Conserve-t-elle un aspect religieux? Accorde-t-on trop de place à son aspect commercial? 

Joyeux Noël!
Encore cette année, les bonnes âmes montent aux barricades. Noël serait une fête trop commerciale ou trop religieuse ou trop… (le qualificatif de votre choix). C’est bien pour dire : il y en a toujours pour mener des combats inutiles. Ça me fait penser à un texte satirique rédigé par l’économiste et philosophe Pierre Lemieux. Vous êtes dans une officine gouvernementale et nos bureaucrates font le procès de la fête de Noël. Faisons un tour de table : le représentant de la SAAQ invoque que le père Noël n’a pas son permis de conduire et que son chariot est dépourvu de ceintures de sécurité. Le représentant de l’état civil prétend que le P’tit renne au nez rouge porte un nom illégal. L’Office de la langue française déplore qu’on soit submergé de cantiques anglophones. La santé publique rappelle que la tourtière, la Bûche de Noël et la consommation d’alcool sont nocives pour la santé. Le ministère du Développement durable trouve inadmissible qu’on rase des forêts entières pour envelopper des cadeaux. Hydro-Québec s’insurge qu’on illumine des sapins énergivores; cette électricité aurait pu servir à alimenter nos alumineries subventionnées. Le ministère de la Famille désapprouve qu’une période de réjouissance familiale fasse une concurrence déloyale aux garderies publiques. Plus pragmatique, le ministère des Finances suggère d’intervenir par la mise en place d’une taxe de Noël servant à réduire les files d'attente dans nos hôpitaux. Bref, la liste de conneries qu’on peut invoquer pour diaboliser la fête de Noël est infinie. Vous n’êtes pas tannés de vous faire rebattre les oreilles par tous ces petits dictateurs qui veulent s’inviter à votre réveillon? Joyeux Noël!

lundi 19 décembre 2011

L'entraîneur du Canadien doit-il impérativement parler français?



La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 19 décembre 2011.
La décision du Canadien de Montréal de remplacer Jacques Martin par Randy Cunneyworth, un unilingue anglophone, a suscité le mécontentement de beaucoup de Québécois. Certains suggèrent aux partisans de boycotter les produits de la brasserie Molson pour protester. Selon vous, l'entraîneur du Canadien doit-il impérativement parler français? Et comment les partisans peuvent-ils manifester leur mécontentement à l'organisation du Canadien?
Les conséquences d'un monopole
Imaginons que les Nordiques sont de retour à Québec. Pensez-vous qu’une entreprise comme le Canadien prendrait le risque de s’aliéner une partie de sa clientèle en nommant un entraineur unilingue anglophone? Je ne le crois pas! Le Canadien de Montréal occupe une position de quasi-monopole sur l’offre de hockey de la LNH au Québec : il domine un marché où la concurrence reste marginale. C’est cette situation de monopoleur qui lui permet de prendre des décisions sans trop se préoccuper des préférences des amateurs. Les dirigeants doivent probablement se conforter avec l’idée que le Centre Bell sera toujours bondé et les revenus publicitaires au rendez-vous, et ce, peu importe qui est l’entraineur de l’équipe. Les propriétaires du Canadien oublient cependant qu’ils sont en concurrence sur d’autres marchés. Comme les amateurs de hockey sont aussi (souvent) des consommateurs de bière, ils peuvent envoyer un message de désapprobation à la direction de l’équipe en répondant à l’appel au boycottage. D’ici le retour des Nordiques, il s’agit d’un des seuls moyens à leur disposition pour faire payer à la direction du Canadien de Montréal le prix de ses mauvaises décisions. Le feront-ils? Ce serait une intéressante démonstration que notre conscience nationale peut s’exprimer autrement que par la bouche des politiciens.

samedi 17 décembre 2011

Le salaire minimum est-il suffisant?


LaPresse.ca, La Presse débats, vendredi le 16 décembre 2011.
Le 1er mai prochain, le salaire minimum sera porté de 9,65 à 9,90 $ l’heure. Depuis 2003, il a augmenté de 35%, soit deux fois plus que le taux d’inflation durant cette période. Selon vous, le salaire minimum est-il raisonnable au Québec ?
L’illusion de la compassion
À l’approche des fêtes, il est de bon ton de se draper de compassion. Encore cette année, notre bon gouvernement décrète une hausse du salaire minimum. Le but? Aider les personnes à faible revenu à obtenir un niveau de vie décent. Je veux bien : personne n’est contre la vertu! Pour nombre d’économistes cependant, le salaire minimum n’est qu’illusion de compassion : il ne réduirait ni les inégalités salariales ni la pauvreté. En réalité, le salaire minimum, parce qu’il contraint à une rémunération supérieure à celle du libre marché, tue les emplois nécessitant peu de qualifications; des emplois qui sont souvent la seule possibilité de travail pour les personnes à faible revenu. Ce n’est pas en sciant le premier barreau de l'échelle de l'emploi qu’on aide les travailleurs peu qualifiés et les jeunes à se trouver une place sur le marché du travail. Si on désire vraiment aider les travailleurs à hausser leurs revenus, c’est en les incitant à faire l’acquisition de connaissances et de compétences recherchées sur le marché du travail qu’on y arrivera. C’est aussi en réduisant les impôts, taxes et tarifs de toutes sortes qui les empêchent de conserver le fruit de leur travail. Bref, il faudra bien un jour cesser de se gargariser de compassion par des hausses du salaire minimum. La vraie compassion, c’est de permettre au plus grand nombre d’intégrer le marché du travail pour y gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille.