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mercredi 21 septembre 2011

Durcissement des peines justifiés?


La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi 21 septembre 2011
Le gouvernement Harper entend adopter un projet de loi omnibus qui prévoit le durcissement des peines d’emprisonnement pour les jeunes contrevenants, les trafiquants de drogue et les prédateurs sexuels. Croyez-vous que ces mesures, dont l’application coûtera 2,7 milliards au cours des cinq prochaines années, sont justifiées compte tenu de la baisse de la criminalité au Canada depuis 10 ans ?
Réparer les dommages aux victimes
Le durcissement des peines d’emprisonnement sont-elles de nature à dissuader les criminels de récidiver? On peut en douter. Certains avancent même que la prison est l’école du crime… Une chose est sûre : avec la proposition des Conservateurs, les victimes devront payer davantage d’impôt pour punir les coupables! C’est comme si notre justice était un système où la victime doit payer, deux fois plutôt qu’une, pour un crime qu’elle a elle-même subi. Plutôt que de chercher à durcir et à rendre les peines automatiques, on pourrait chercher à replacer les victimes au centre du processus judiciaire. Même si on ne peut pas toujours rendre à une victime ce qui lui a été enlevé, la vraie justice ne serait-elle pas de chercher à s’en approcher? Ne serait-il pas préférable de forcer, lorsque c’est possible, les contrevenants à réparer les dommages qu’ils ont causés? Outre les réparations d’ordre financier, les victimes pourraient réclamer d’autres formes de compensation pour les dommages subis : un travail en faveur d’un organisme privé ou communautaire, par exemple. Une justice basée sur la réparation n’est peut-être pas simple à mettre en œuvre, mais contrairement à un système de peine automatique, elle permet d’aspirer à la « juste peine » tout en redonnant aux victimes un peu de ce qu’elles ont perdu.

mardi 20 septembre 2011

La journée internationale de la paix et du… capitalisme!



Vincent Geloso, doctorant à la London School of Economics and Political Science, Londres et Pierre Simard, professeur, École nationale d’administration publique, Québec.   
Le 21 septembre, on fête la Journée internationale de la paix. Profitons-en pour célébrer le principal vecteur de la paix dans le monde : le capitalisme! Vous êtes sceptiques? Et pourtant!
Même si les technologies nous permettent aujourd’hui de suivre en temps réel les conflits qui sévissent un peu partout sur la planète; même si on l’impression de vivre dans un monde toujours plus violent, il n’en est rien. Depuis la seconde guerre mondiale, on observe une importante réduction de la violence et de la fréquence des conflits à l’échelle mondiale.
Selon le Human Security report 2009-2010, le nombre moyen de décès sur les champs de bataille est passé de 596 000 en 1950 à moins de 17 000 en 2007, une tendance qui s’est confirmée avec la chute de l’Union soviétique. D’ailleurs, depuis le début des années 1990, la diminution du nombre de victimes sur les champs de bataille s’accélère. Aujourd’hui, les guerres sont plus localisées et de moindre envergure que par le passé. En outre, les conflits armés affectent une proportion de plus en plus petite de la population mondiale.

jeudi 15 septembre 2011

Collusion: que doit faire le gouvernement?


La presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 15 septembre 2011
Le rapport de l’Unité anticollusion est troublant : les malversations dans l'industrie de la construction ont pris une telle ampleur que le Québec risque une «prise de contrôle de certaines fonctions de l'État» par des acteurs mal intentionnés. Face à ce système corrompu, infiltré massivement par le crime organisé, que devrait faire le gouvernement Charest pour tenter de le briser ? 
Une illusion. 
Pour ou contre une commission d’enquête sur le milieu de la construction? Le débat est relancé. Plusieurs s’imaginent qu’il suffit de faire une enquête publique pour éradiquer les pratiques de collusion entre l’industrie privée, des fonctionnaires et des politiciens. Désolé, mais la commission d’enquête n’est qu’une illusion! Comme je l’écrivais sur cette tribune il y près de deux ans, notre plus grande erreur serait de considérer ces scandales comme des incidents passagers. N’y voir qu’un dysfonctionnement moral affligeant une poignée d’individus. Croire que lorsque les pommes pourries auront été démasquées nous pourrons recouvrer notre «monde parfait» et bénéficier à nouveau de la supériorité morale de nos politiciens et bureaucrates. En réalité, les politiciens et les fonctionnaires sont des individus qui, en dépit de leurs contraintes morales et éthiques, peuvent parfois agir malhonnêtement lorsqu’ils estiment que le bénéfice anticipé de leur crime est supérieur à la probabilité de se faire prendre et d’en payer le prix. Puisqu’il est admis que l'efficacité administrative du secteur public est généralement moindre que celle du secteur privé, on peut présumer qu’il en va de même de son efficacité à contrer les nombreux abus réalisés sur le dos des citoyens. Pourquoi? Tout simplement parce dans le secteur public, l'argent que les politiciens et les bureaucrates gèrent n'est pas le leur. D’où un moindre souci à combattre les abus. De toute évidence, lorsqu'on reconnaîtra que l'État s’avère un foyer propice aux collusions de toutes sortes, il est fort à parier qu’on resserrera les systèmes de reddition de comptes assujettissant nos gouvernements et qu’on implantera des règles pour limiter la part de l'économie qu'on confie au secteur public. D’ici là, commission d’enquête ou non, on devra vraisemblablement se contenter de: «je ne suis pas au courant», «je vais m’informer» et «j’ai demandé à mon ministère d’examiner la question».