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mercredi 22 juin 2011

Quel sens donner à la Fête nationale?

La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi le 22 juin 2011
Quelle signification revêt la Fête nationale pour vous ? Est-ce la fête de tous les Québécois? Des francophones uniquement? Des souverainistes et fédéralistes confondus? Est-ce important de célébrer la fête de la Saint-Jean?
LA "FÊTE DE LA POLICE"? 
Selon l’Encyclopédie canadienne, la célébration de la Saint-Jean est une tradition qui remonte à 1636. Longtemps considéré comme la fête des Canadiens français, la Saint-Jean est depuis 1977 la fête nationale des Québécois. Aujourd’hui, la Saint-Jean est un événement hautement politisé. Ce qui devrait être la fête de tous les Québécois est devenu l’événement propagandiste des souverainistes du Québec. D’ailleurs, pas question d’y faire chanter un groupe de musiciens anglophone. Ô sacrilège! Cette année à Québec, ce n’est pas l’étalage de la ferveur nationaliste qui retient l’attention. On ne parle guère, non plus, des artistes qui se produiront sur les divers sites. Ce qui retient l’attention, ce sont les nouvelles mesures de sécurité mises de l’avant pour contrer les débordements festifs. Depuis des mois, les autorités se bousculent dans les médias pour faire étalage de leur souci soudain de faire respecter l’ordre public. Au menu : déploiement policier, périmètre de sécurité, contrôle de l’alcool et transport en commun. S’il y a eu d’inévitables débordements dans le passé, on doit aujourd’hui s’interroger sur ces mesures mise de l’avant pour contrer les excès de quelques jeunes… Des écervelés qui, avouons-le, trouveront toujours les moyens de briser et de casser, policiers ou non.  Aurait-on mis la table pour un éventuel débordement? Espérons que tout cet autoritarisme ne dégénère pas en « fête de la police ».                                                         

mercredi 15 juin 2011

Bonjour la police!


Comment appelle-t-on un État où les policiers dictent aux professeurs d'université quoi
penser et quoi écrire? Ce sera difficile à croire, mais certains policiers jouent les gros bras auprès de mon université pour me faire taire.
Voilà, je suis choqué. Non pas parce que des policiers sont en désaccord avec moi, ni parce qu’ils m’invectivent par courriel. Oh non! Je suis indigné par leurs menaces de représailles à peine voilées. Hé les amis! L’ENAP, c’est une université!
Sous prétexte que son service de police a des contrats avec mon institution, l’un d’entre eux m’a écrit : « Il est clair que nous allons discuter de vos propos dans notre organisation et avec l'ENAP... » « Je vais personnellement, a-t-il ajouté, intervenir auprès des autorités concernées pour m'assurer que vous ne soyez pas impliqué [dans nos contrats avec l’ENAP]. » Désolé, cher «client», mais ça sent l’intimidation policière.
En d’autres termes, ces messieurs qui suivent des cours à l’ENAP veulent montrer à l’institution et à ses professeurs quoi penser. Je devrais, semble-t-il, les « contacter » avant  d’exprimer mon opinion sur des évènements d’actualité impliquant des policiers.
Mon crime? Avoir écrit  un commentaire de 250 mots dans La Presse Débats sur la tuerie de Montréal. J’y soulignais que les forces policières ont le monopole des armes à feu; qu’une des raisons des nombreux débordements policiers tient surtout de leur impunité et qu’il ne faut pas trop attendre d’une enquête menée par la confrérie. La famille, c’est la famille, ai-je même ajouté. Ô sacrilège!
Pour quiconque suit l’actualité, il n’y a rien de très original dans ce commentaire : plusieurs observateurs ont tenu des propos similaires sur d’autres tribunes. Mais leurs institutions n’ont pas toutes des policiers étudiants et des contrats avec un service de police… D’où ma gloire soudaine, j’imagine, auprès de la famille policière.
Il semble qu’aux yeux de certains policiers, un professeur d’université qui met en doute une intervention policière constitue une menace à leur pouvoir. J’invite les étudiants policiers à ne pas interrompre leurs études universitaires pour autant : ils ont beaucoup à apprendre, notamment à propos de la liberté universitaire… et de la liberté tout court.
Un policier étudiant m’a annoncé en grande pompe son intention d’éviter ma salle de classe. Puisqu’il sera absent, je lui cite l’Encyclopédie canadienne : « La liberté universitaire se définit couramment comme étant la liberté pour les professeurs d'enseigner, de publier leurs travaux de recherche, de critiquer et d'aider à définir les politiques de leurs institutions, et d'aborder des questions d'ordre public en tant que citoyens sans craindre de sanctions de la part de leur institution» (Les caractères gras sont de moi.)
Je sais, chers policiers, que mes propos vous ont froissés, et pour cause. Mais comme le disait André Foissard : Il y a tout lieu de s’inquiéter quand la police est « sur les dents » : la position ne permet pas d’attraper grand chose. Ça vous tente de desserrer les dents un peu?

vendredi 10 juin 2011

Des sommets utiles?

La Presse Débats, Cyberpresse, vendredi le 10 juin 2011.

La Presse Débats: Selon la Vérificatrice générale Sheila Fraser, le gouvernement du Canada a dépensé plus de 600 millions pour la tenue au pays des sommets du G8 et du G20, l'été dernier. Cette année, la France a dépensé près de 30 millions pour la rencontre du G8, à Deauville. À votre avis, ces rencontres annuelles de chefs de gouvernement sont-elles utiles? Y aurait-il un moyen de faire en sorte qu'elles soient moins coûteuses? Les mesures de sécurité sont-elles excessives?

UNE PLATEFORME PUBLICITAIRE MONDIALE
Les sommets du G8 et du G20 sont sensés permettre une concertation des chefs d’État sur les grands enjeux économiques internationaux. Au fil des ans, ils sont devenus des plateformes publicitaires mondiales. Aujourd’hui, on ne mesure plus le succès des sommets aux décisions qui y sont prises, mais à la couverture médiatique qui en est faite. C’est dans cette perspective que le Canada a dépensé une fortune pour refaire une beauté à la ville hôtesse de Toronto. L’objectif inavoué? Bien recevoir les habitués de ces rencontres que sont les manifestants altermondialistes. Sans surprise, nos politiciens auront profité de l’occasion pour s’adonner à leur sport favori : le gaspillage de fonds publics. En bout de ligne, ils auront dépensé plus de 600 millions de dollars pour permettre aux caméras du monde entier de retransmettre l’image d’un Canada démesurément riche et disposant d’une police entraînée et… super équipée. Bref, nous aurons réussi à convaincre le monde que le gouvernement canadien a un orgueil encore plus démesuré que celui des Français. Ce qui n’a rien de rassurant, avouons-le!