Article épinglé

jeudi 1 mai 2014

Certifié 100% libre de subventions

Le Journal de Québec ( p.20 ) et Journal de Montréal (p.36), 1er mai 2014.

Afin d’informer les consommateurs, certains produits s’affichent « bios » ou « fabriqués au Québec ». Pourquoi pas! Personnellement, j’apprécierais que les entreprises et les organismes qui survivent et prospèrent sans aide de l’État affiche le logo suivant : « certifié 100% libre de subventions ».
Une économie dopée aux subventions
Si l’on additionnait les programmes d’aide financière proposés par nos gouvernements fédéral, provincial et municipal, on en dénombrerait des milliers. Le seul gouvernement du Québec en compte plus de 800 : des subventions pour les organismes, les entreprises, les festivals, etc.
Vous avez un projet farfelu? Qu’importe, il y a sûrement une firme de démarchage ou un lobbyiste qui tirera profit à vous trouver une subvention quelque part au gouvernement.
L’État finance directement ou indirectement à peu près n’importe quoi. Tellement, qu’il est  plus difficile de trouver un organisme ou une entreprise non subventionné que l’inverse.
Certifier les organismes et les entreprises.
Le logo « certifié 100 % libre de subventions » attesterait que l’organisme ou l’entreprise en question ne reçoit aucune aide financière de l’État.
Ce faisant, il permettrait aux consommateurs/contribuables de distinguer les initiatives économiquement viables de celles qui plombent nos finances publiques.
Ce logo enverrait également le message aux consommateurs que les employés de cette entreprise sont concentrés à le satisfaire plutôt qu’à remplir des formulaires de demandes de subvention.
Cécile Philippe (1), de l’Institut économique Molinari, croit également qu’une telle certification pourrait stimuler la générosité volontaire à l’endroit des organismes communautaires : « En donnant à une association sans subvention publique, vous avez la certitude de financer une cause dont la défense dépend de votre générosité et de celle de vos congénères ».
Valoriser l’indépendance de l’État.
Ce n’est un secret pour personne, notre économie vacille et nos finances publiques sont à bout de souffle. Malgré tout, nos entreprises et organismes continuent à dépenser des sommes considérables pour s’attirer les faveurs de l’État; des ressources qu’elles détournent d’un emploi productif vers des activités essentiellement politiques et bureaucratiques.
Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté de réformer ses programmes, il pourrait commencer par détaxer (ex. : réduire la TPS) les produits « certifiés 100% libre de subventions » et surtaxer ceux qui reçoivent une aide financière de l’État.
Ainsi, il serait assuré de valoriser les initiatives productives et efficaces tout en pénalisant la dépendance aux subventions.
De plus, en rendant visible le coût de ses largesses, il créerait une dynamique d’autofinancement de ses subventions auprès de ceux qui vivent accrochés aux mamelles de l’État.
Bref, en affichant le logo « 100% libre de subventions », une entreprise ou un organisme nous rappellerait qu’il est possible de vivre et de prospérer sans les politiciens et les fonctionnaires de l’État. Dans un Québec intoxiqué aux subventions, cela apparaîtrait comme un exploit.


samedi 5 avril 2014

Pourquoi va-t-on voter?

La Presse, samedi le 5 avril 2014, p. A27. Disponible sur La Presse+ et La Presse.ca

Plusieurs électeurs s’abstiendront de voter le 7 avril. Étonnant? Pas vraiment. On devrait plutôt s’étonner qu’il y ait autant d’électeurs qui se rendent aux urnes. Sacrilège!
Ignorance rationnelle
Pour l’école des choix publics, l’absentéisme électoral est un phénomène qui s’explique aisément. Comme le vote d’un électeur n’a pratiquement aucune influence sur le résultat électoral - donc que la probabilité d’en retirer un bénéfice quelconque est faible - plusieurs préféreront s’abstenir.
Aussi, en l’absence d’enjeux électoraux qui les amusent vraiment, plusieurs électeurs auront tendance à demeurer rationnellement apathiques. Ils prêteront peu d’attention à la campagne électorale, ne dépenseront ni temps ni énergie à s’informer des programmes électoraux et… resteront à la maison le jour du vote. Ce sont des ignorants rationnels.
Pourquoi va-t-on voter
Malgré tout, plus de quatre millions d’électeurs se sont rendus aux urnes à l’élection provinciale de 2012. Pourquoi sommes-nous si nombreux à aller voter, en dépit du fait que notre vote n’a pratiquement aucune chance de faire une différence sur le résultat de l’élection?
Plusieurs hypothèses sont avancées. Des électeurs se rendraient aux urnes par mimétisme : pour faire comme les autres afin de ne pas se sentir marginalisés. D'autres voteraient pour des considérations d’ordre moral : pour remplir leur devoir civique.
Mais encore…
Le plaisir de s’exprimer
Dans son ouvrage Comprendre l’économie ou comment les économistes pensent, Pierre Lemieux soutient que l’explication la plus vraisemblable relèverait du simple plaisir de l’expression : la plupart des gens aiment exprimer leurs sentiments, surtout quand ils sont partagés par le groupe dont ils font partie ou par la foule qui les entoure.
Ainsi, certains électeurs feraient comme ces clients de la Cage aux sports qui encouragent le Canadien de Montréal au Centre Bell. Ils savent très bien que P.K. Subban et Carey Price ne peuvent les entendre, et que leurs cris et gesticulations n’auront aucune incidence sur le résultat du match, mais ils trouvent une satisfaction dans le simple plaisir de faire du bruit.
La bonne conscience
D’autres électeurs iront voter pour faire valoir une opinion morale ou pour se donner bonne conscience.
Peu informés et conscients de ne pouvoir influencer significativement l’issue du vote, ils se rendront à l’isoloir pour s’offrir une certaine satisfaction psychologique en adhérant à des mesures empreintes de vertu ou de compassion.
Certains électeurs accepteront même de voter contre leur propre intérêt pour se donner bonne conscience. C’est humain, il est facile de s’attendrir sur les problèmes de tout un chacun lorsqu’on a l’impression que cela n’affectera d’aucune manière ni son revenu, ni son bien-être.
Évidemment, s’exprimer pour le simple plaisir de la chose, ou pour se donner bonne conscience, apporte relativement peu d’utilité à l’électeur. Ce n’est qu’un mini plaisir.
Aussi, tant que le coût de se rendre aux urnes demeurera faible, la participation électorale demeurera élevée. Il suffirait qu’une tempête de neige vienne perturber les déplacements pour que plusieurs électeurs demeurent dans le confort de leur foyer.
Peu importe les conditions météorologiques cependant, le jour de l’élection, le mot d’ordre de chaque parti politique sera de « sortir le vote ». Pas tous les votes : le bon vote.

jeudi 3 avril 2014

Une campagne qui pue


Le Journal de Québec et de Montréal, 3 avril 2014, p.16.

Je l’avoue, je n’en peux plus de cette campagne électorale. Elle m’aura convaincu d’une seule chose : l’haleine des politiciens pue la malhonnêteté intellectuelle.
Traditionnellement, l’art de la politique s’appuyait sur la langue de bois, l’évitement et le double langage. Les politiciens usaient du mensonge avec précaution, par crainte d’y perdre leur crédibilité et de se faire sanctionner par l’électorat
Ce qui a changé? Plus aucun mensonge n’est trop gros. Nos campagnes électorales se déroulent maintenant sur fond d’accusations fallacieuses et de raccourcis intellectuels.
Les salopards
Je pense à Philippe Couillard. Les faits parleraient d’eux-mêmes : il a fréquenté Arthur Porter, travaillé en Arabie saoudite et possédé un compte de bancaire sur l’ile de Jersey. Voter pour le PLQ équivaudrait, sous-tendent ses adversaires, à appuyer un escroc, un pro-islamiste et un partisan des paradis fiscaux. 
Je pense à Pauline Marois. Elle ne serait guère plus attirante : elle a refusé de dévoiler ses actifs familiaux, ourdi un «deal» avec un chef syndical et recruté un candidat dont la société est enregistrée au Delaware. Il y aurait nécessairement anguille sous roche, selon ses adversaires. La preuve? Elle habite dans une somptueuse résidence.
Le politicien inquisiteur ne se limite plus à scruter le passé de ses adversaires pour établir ses conclusions fallacieuses. En outre, il n’hésite pas à attaquer la crédibilité du processus électoral : des étudiants ontariens se seraient inscrits sur la liste électorale pour voler l’élection québécoise. 
Même si le directeur général des élections du Québec (DGE) a réfuté cette allégation de fraude électorale et que de toute façon il serait mathématiquement impossible qu’une poignée de votes change le résultat de l’élection le mensonge a fait œuvre utile. Déjà qu’on se serait fait voler un pays par l’argent et le vote ethnique
Le mensonge triomphe
C’est triste à dire, mais les ignominies politiciennes parviennent à se frayer un chemin dans l’électorat. Désormais, le mensonge et la suspicion triomphent de la réalité des faits. Il suffit à un politicien de répéter sans cesse le même mensonge pour que celui-ci devienne la vérité. 
Si nos politiciens se sentent libres de raconter n’importe quoi, c’est qu‘ils savent que la plupart des électeurs n’investiront ni temps ni argent pour s’informer, encore moins pour vérifier la véracité d’une affirmation grotesque. 
À défaut d’investir dans la recherche de la vérité, l’électeur n’aura d’autre choix que de s’alimenter à la malhonnêteté intellectuelle de nos politiciens; c'est-à-dire choisir ses dirigeants sur la foi de calomnies et de ragots.
Le DGE ne cesse de nous rappeler que « voter c’est le pouvoir de choisir ». Je veux bien! À condition que mon pouvoir ne se limite pas à choisir entre un menteur ou un salopard. 
Je ne sais pas pour vous, mais au moment où je remplis ma déclaration fiscale, j’ai le sentiment que je mérite mieux.