Article épinglé

jeudi 19 avril 2012

Devrait-on rapatrier Omar Khader?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi 19 avril 2012
Emprisonné depuis 10 ans à Guantanamo pour des crimes de guerre qu'il a commis en Afghanistan à l'âge de 15 ans, Omar Khadr demande son rapatriement au Canada. Le gouvernement Harper devrait-il exaucer son vœu?
Prenons nos responsabilités
Aux yeux de la population américaine, Omar Khadr personnifie le terrorisme. Toutefois, généralement, les enfants-soldats sont considérés comme des victimes plutôt que comme des agresseurs. Son procès devant un tribunal militaire américain aura d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre. Aujourd’hui, certains considèrent que les aveux d’Omar Kadhr suffisent pour qu’on l’abandonne à son sort. Je voudrais bien que la chose soit aussi simple. D’abord, avait-il le choix de plaider coupable? Des aveux soutirés et négociés en marge d’un procès nébuleux n’ont rien de convaincant. Il ne faut pas oublier qu’Omar Khadr avait 15 ans à l'époque où il aurait tué un soldat américain en Afghanistan. Au Canada, à cet âge, vous ne pouvez pas conduire une voiture, ni acheter de la bière. En fait, tant que vous êtes d’âge mineur, vous êtes sous la tutelle de vos parents, auxquels vous devez respect et obéissance. Aussi, je ne pourrai jamais m’enlever de l’esprit que c’est sans doute parce qu’il a obéi à son père djihadiste que Kadhr a passé les dix dernières années derrière les barreaux. Jusqu’ici, plusieurs ONG internationales ont décrié le traitement subi par M. Khadr. Des comités de la Chambre des communes ont aussi recommandé son rapatriement. Le Canada doit cesser de se défiler et prendre ses responsabilités.

mardi 17 avril 2012

L'UPAC est-elle efficace?


La Presse.ca, La Presse Débats, mardi le 17 avril 2012.
Les arrestations, dont celle de l’entrepreneur en construction Tony Accurso, et les perquisitions effectuées ce matin vous redonnent-elles confiance en l'UPAC, l’Unité permanente anticorruption?
L'ÉTAT, FOYER PROPICE AUX ABUS
Tony Accurso fait l’objet de soupçons depuis belle lurette. L’émission « Enquête » a révélé en 2009 et en 2010 des accointances entre ses propriétés et les pouvoirs publics. Finalement, il s’est écoulé plus de deux ans avant que des accusations soient déposées contre lui. Évidemment, ce n’est pas parce que l’UPAC a procédé à l’arrestation d’une quinzaine de personnes qu’on en a fini avec la corruption. Désolé, mais Accurso et ses complices n’ont pas inventé la corruption! La corruption n’est pas un phénomène propre au Québec. Elle existe là où des politiciens et des bureaucrates peuvent abuser de leur fonction à des fins d'enrichissement personnel. On aura beau empiler les unités d’enquête, tant qu'on ne reconnaîtra pas que l'État s'avère un foyer propice aux abus, on ne pourra mettra un terme à ces pillages de fonds publics. L’indice de perception de la corruption (IPC) de l’organisme Transparency International  est d'ailleurs riche d'enseignement. Les pays les moins corrompus sont des pays prospères qui laissent une grande place à la concurrence et à l'économie de marché. À l'inverse, les pays les plus corrompus se caractérisent par leur pauvreté et par l’omniprésence de l’État.

jeudi 12 avril 2012

Automobile: le péril jeune


La Presse, Débats, vendredi le 13 avril 2012, p.A19
La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 12 avril 2012.
Lundi prochain se tiendra la première du film Dérapages, de Paul Arcand, sur l'attitude des jeunes face à la conduite automobile, leur mépris du risque et les conséquences parfois dramatiques de leur témérité. À votre avis, comment peut-on diminuer le nombre de jeunes victimes des accidents de la route? Faut-il rendre les lois encore plus sévères? Augmenter l'âge donnant droit à un permis de conduire? Miser sur la sensibilisation?
Prison pour jeunes.
Pauvres jeunes! Ils n’ont même plus droit à l’inexpérience. On les tient responsables de tous les maux du monde. Comme s’ils étaient tous des criminels en puissance. C’est vrai que les statistiques montrent que les jeunes conducteurs sont surreprésentés dans les accidents de la route. Est-ce suffisant pour justifier qu’on discrimine toute une population en fonction de son âge? On en finit plus d’imposer des restrictions aux jeunes conducteurs: cours de conduite, permis d’apprenti, permis probatoire, tolérance zéro en matière d’alcool, limitation des points d’inaptitude. Certains aimeraient même leur imposer un couvre-feu. Pourrait-on laisser les jeunes apprendre à vivre? Jusqu’où irons-nous dans notre quête du risque zéro? Aurait-on oublié que nos jeunes ont aussi des aspirations et des désirs de mobilité? Serait-on devenu trop vieux collectivement pour tolérer les imperfections de la vie en société? Il faudra un jour cesser de croire que chaque accident de la route justifie une loi ou un règlement de l’État. On ne façonne pas un citoyen responsable par la coercition, mais par l’éducation. Dans cette perspective, le film de Paul Arcand apportera davantage à la conscientisation des risques de la route que toutes ces réglementations gouvernementales qui sont en voie de transformer le Québec en prison pour jeunes.