Article épinglé

lundi 13 février 2012

Une loi contre l'intimidation sera-t-elle efficace?

La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 13 février 2012.
Le gouvernement Charest présentera un projet de loi contre l’intimidation qui imposera aux écoles une «obligation d’intervention». Croyez-vous qu’il s’agit d’un moyen efficace de contrer le phénomène de la violence à l’école ?
L’État bienveillant
L’histoire de Marjorie est triste. Triste aussi est la récupération médiatique et politique qui a suivi ce drame. Les journaux en on fait leurs choux gras et les politiciens se sont bousculés au portillon pour étaler leur désarroi. Les solutions étaient pourtant si simples : une loi et plus d’argent public pour les écoles. L’intimidation n’était, finalement, qu’un phénomène prenant racine dans le laxisme de l’État. Nous voilà rassurés! Maintenant que l’État s’en occupe, tout est réglé. Parce que lorsque l’État est responsable, plus personne n’est responsable; parce que lorsque l’État s’en occupe, plus personne ne s’en préoccupe. C’est comme ça! Le politicien avisé sait se faire protecteur et nous protège des aléas de la vie. De toute façon, qu’aurions-nous pu faire? Imaginez si les politiciens s’étaient mêlés de leurs affaires et avaient décidé de nous responsabiliser? Il aurait fallu que les directeurs d’école dirigent leurs écoles et que les parents s’occupent de leurs enfants. Impossible! Où trouverions-nous le temps de nous plaindre et de réclamer des lois et plus d’argent public pour mettre fin à l’intimidation dont sont victimes les poupons en garderie, les jeunes hockeyeurs à l’aréna, les ainés en résidence et les victimes…?

lundi 6 février 2012

Doit-on intervenir en Syrie?


La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 6 février 2012.
Sans l’appui du Conseil de sécurité de l’ONU, les pays occidentaux, dont le Canada, devraient-ils organiser une intervention militaire en Syrie pour déloger du pouvoir le régime du président Bachar el-Assad ?
Mêlons-nous de nos affaires
Il y a toujours de bonnes raisons pour se mêler des affaires des autres. Le hic, c’est que les interventions militaires s’apparentent aux interventions gouvernementales : on sait quand ça débute, mais on ne sait jamais quand ça se termine. On commence par donner son accord à une intervention humanitaire, on accepte par la suite de fournir des armes et du matériel et, finalement, on envoie nos soldats se faire tuer au bout du monde. Dix ou vingt ans plus tard, nos alliés d’aujourd’hui se retournent les uns contre les autres et nous voilà, encore une fois, à soutenir une faction quelconque et à dépêcher des troupes pour la soutenir. Et si par hasard on manque d’amis à défendre, nous envoyons nos soldats jouer les Casques bleus pour arbitrer les conflits des autres. C’est l’escalade des bonnes intentions… militaires! Pendant ce temps, notre dette publique se creuse et on peine à sécuriser nos frontières contre le terrorisme. La politique canadienne en matière de défense devrait se limiter à assurer la sécurité des Canadiens. C’est tout!  Se mêler de ses affaires sera toujours la meilleure des stratégies militaires.

jeudi 2 février 2012

Rétablir la peine de mort?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 2 janvier 2012.
Devrait-on rouvrir le débat sur la peine de mort ? Y a-t-il des situations où la peine capitale pourrait s’appliquer, par exemple lorsqu’un meurtrier n’a aucune chance de réhabilitation, comme le suggérait hier le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu ?
Non à la tyrannie!
Certains crimes méritent-ils la peine de mort? Là n’est pas la question. La vraie question est de savoir si la peine de mort a sa place dans une société comme la nôtre. Ma réponse est non. Pourquoi? Parce que la peine de mort est l’arme de prédilection des tyrans. Ça ne peut être celle d’une société libre et démocratique reposant sur les responsabilités individuelles. Imaginez qu’on exécute un criminel dans le contexte d’une erreur judiciaire : qui en sera tenu responsable? Le juge, le bourreau, le policier chargé de l’enquête? Nous vivons dans un État de droit où personne n’est censé être au-dessus des lois et où chacun doit être responsable de ses actes. La réintroduction de la peine de mort équivaudrait à favoriser le retour d’une caste de despotes investis du pouvoir d’exécuter un individu sans avoir à en assumer la responsabilité. Certains croient que la peine de mort est un moyen de dissuasion à l’endroit des criminels dangereux. D’autres qu’exécuter un criminel en série mettra la population à l’abri d’une récidive. Ils n’ont probablement pas tort… mais on peut sans doute parvenir aux mêmes résultats sans avoir à emprunter la route de la tyrannie.