Article épinglé

mercredi 6 juillet 2011

Confiance en la justice?


La Presse Débats, Cyberpresse, mercredi le 6 juillet 2011

Le verdict de non responsabilité criminelle pour troubles mentaux rendu par le jury au procès de Guy Turcotte a suscité l'indignation générale. À votre avis, ce verdict révèle-t-il une faille dans notre système de justice? Avez-vous confiance que ce système, de façon générale, punit assez sévèrement les criminels?
DEUX ENFANTS MORTS PAR ACCIDENT?
Onze jurés ont jugé à l’unanimité que Guy Turcotte n’était pas responsable de la mort de ses enfants. Mais qui en est donc responsable? Loin de moi l’idée de remettre en cause le travail de la justice dans cette affaire. Au contraire, tout indique que le juge et les jurés ont fait leur travail consciencieusement. Ce qui m’interpelle, en tant que citoyen, c’est l’idée qu’au bout du compte, deux enfants sont morts et que ce n’est la faute de personne. Si Guy Turcotte avait été jugé sain d’esprit au moment de son crime, sa responsabilité n’aurait fait aucun doute et il aurait été condamné à perpétuité. On a plutôt jugé que son geste avait été commis dans un moment de démence et, qu’en conséquence, il n’était pas responsable de ses actes. Au lendemain de ce verdict, je me pose plusieurs questions. La responsabilité d’un individu est-elle exclusivement une question de santé mentale? Le rôle de la justice se limite-t-il à déterminer, avec l’aide de psychiatres, si oui ou non le meurtrier était sain d’esprit au moment de poser son geste? Une personne ne peut-elle qu’être responsable ou irresponsable de ses actes? N’y aurait-il pas de place pour une responsabilité partielle? Je ne suis pas outré par ce jugement, il me rend seulement inconfortable. Comme beaucoup de citoyens, j’ai de la difficulté à admettre que deux enfants aient été poignardés à mort par accident.

jeudi 30 juin 2011

Visite du couple princier: pour ou contre les manifestations?


La Presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 30 juin 2011.
Un regroupement d'indépendantistes, le Réseau de résistance du Québécois, prévoit manifester à Québec, samedi, contre la visite du prince William et de sa conjointe Kate Middleton. Selon vous, ces manifestants devraient-ils s'abstenir pour éviter de nuire à l'image du Québec? Ou bien doit-on se réjouir qu'on puisse, chez nous, exprimer publiquement son opinion, quelle que soit cette opinion?
LA LIBERTÉ D'EXPRESSION S'ACCOMPAGNE DE CELLE DE MANIFESTER
Je l’avoue, je n’ai aucune affinité avec le Réseau de résistance du Québécois, par contre comme le disait Thomas Paine: Celui qui veut conserver sa liberté doit protéger même ses ennemis de l’oppression; car s’il ne s’y astreint pas il créera ainsi un précédent qui l’atteindra un jour. Aussi, je considère inutile de refaire l’historique de la liberté d’opinion. Nous devrions tous connaître nos droits fondamentaux et les défendre bec et ongles. Je me contenterai seulement de rappeler que la liberté d’expression s’accompagne de celle de manifester ses opinions dans le 
respect de l’ordre public, et ce, même si elles sont contraires à celle de la majorité. En aucun cas ces droits ne devraient être diminués. Surtout pas au nom de la sauvegarde d’une soi-disant image. Au contraire, l’image d’un Québec libre et démocratique serait ternie à jamais s’il fallait interdire cette manifestation du Réseau de résistance du Québécois. Par contre, j’aimerais exprimer une opinion toute personnelle: ces militants devraient trouver quelque chose d’utile à faire de leurs dix doigts – aller couper de la cane à sucre pour les pauvres à Cuba, par exemple.

mardi 28 juin 2011

Au nom de la sécurité!


J’ai éprouvé un malaise avec les mesures de sécurité mises en place par la Ville de Québec lors de la Saint-Jean. Non pas que je suis contre l’ordre public. Simplement, ça sentait l’État répressif.
L’événement a donné lieu à un déploiement policier sans précédent : barrages routiers, périmètres de sécurité et fouille des citoyens. Le but avoué? Freiner la consommation d’alcool. Mais comme les fêtards avaient la permission de consommer des boissons alcoolisées, tout laisse croire que le but réel de cette opération policière consistait à contrôler les citoyens.
Je sais, nous vivons en démocratie, mais... comment expliquer ce mur de suspicion devant tous ceux venus fêter la Saint-Jean sur les plaines d’Abraham? Que penser d’une ville qui donne à ses policiers la permission d’arrêter, d’interroger et de fouiller tous les citoyens? Doit-on ignorer qu’on a exigé de chaque individu qu’il prouve son innocence avant même de s’être rendu coupable de quoi que ce soit?
Soit! Il y a bien eu des débordements festifs par le passé. N’empêche que la fin ne justifie pas les moyens. Ce n’est pas tant les objectifs poursuivis qu’il faut questionner ici, mais les moyens utilisés. C’est toute cette démesure dans le déploiement des forces policières pour contrer les excès de quelques abuseurs qu’il faut dénoncer. D’autant plus que les casseurs trouvent toujours les moyens de briser, policiers ou non.
Si le mandat confié aux policiers s’était limité à intervenir face aux comportements mettant en danger la propriété ou la vie des citoyens, on pourrait dire qu’ils n’ont fait que leur travail. Mais non, ce n’est pas des policiers ordinaires qu’on a déployés pour la Saint-Jean, mais une cavalerie de douaniers, d’inquisiteurs et de voyeurs.
Évidemment, en entretenant le spectre de l’événement malheureux, les autorités ont cherché à faire oublier que l’immense majorité des citoyens se rendent à la fête nationale pour voir un spectacle, s’amuser et partager leur ferveur nationaliste. Non pas pour mettre la Ville de Québec à feu et à sac.
Il y aura toujours quelque chose de malsain à transformer une ville en état policier et à imposer la « drill » militaire au bon peuple sous prétexte de le protéger contre lui-même.
Aujourd’hui, la Ville de Québec donne la frousse. Non seulement parce qu’elle a réussi à mettre à l’avant-scène un corps policier bien entrainé, bien armé et omniprésent, mais parce qu’elle retire une telle fierté de son opération, qu’elle entend en faire une mesure permanente.
Que nous réserve-t-on pour le prochain événement festif? Un périmètre de sécurité s’étendant à toute la ville? L’obligation de présenter une carte d’identité? Tout le monde tout nu pour la fouille? Au nom de la sécurité, l’inquisition policière semble sans limites.
Il y aura toujours une bonne raison pour intensifier les contrôles policiers et abuser des individus. Les plus grandes atrocités du monde ont commencé par ce genre de petites entorses aux droits et libertés des citoyens.
Aussi, pourrait-on rappeler aux autorités que dans une démocratie, ce ne sont pas les citoyens honnêtes qu’il faut pourchasser, mais les criminels et les délinquants.