Article épinglé

samedi 13 septembre 2008

Le Québec : région à faible croissance mais à revenu élevé. Le paradoxe résolu

Jean-Luc Migué et Gérard Bélanger

La plupart des économistes canadiens concluent, à la lumière des données observables, que le Québec décline relativement depuis de nombreuses décennies. En contrepartie, nombre d’observateurs québécois, s’inspirant du même dossier empirique, démontrent que le revenu par habitant des Québécois a monté au moins aussi vite que dans les provinces à croissance rapide. La thèse avancée dans cet écrit est que dans une économie intégrée comme l’est le Canada, les ajustements interrégionaux aux variations de croissance globale se réalisent par la mobilité de la population, non pas par l’élargissement des écarts de revenu. Corollaire : nonobstant la piètre croissance globale du Québec, le revenu par habitant des Québécois converge vers le niveau national.

jeudi 29 novembre 2007

À la rescousse du Cardinal

Journal de Québec
Jean-Luc Migué et Pierre Simard

Longtemps dotée par l’État d’un pouvoir monopolistique au Québec, l’Église doit maintenant composer avec une concurrence féroce. Elle est aujourd’hui victime d’une guerre de prix sans merci de la part de l’État lui-même.

Depuis cinquante ans, l’État ne cesse de « casser » les prix sur le marché de la vertu et de la morale. Aujourd’hui, il nous offre – que dire, il nous impose plutôt – une panoplie de produits de bonne conscience sans qu’on ait à s’embarrasser de subtilités théologiques telles l’obligation d’aller à la messe, de se confesser ou d’adhérer à une doctrine sexuelle particulière. L’État réussit même à nous faire croire – grâce à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements à la source – que ces produits ne coûtent rien. Le citoyen peut de nos jours adhérer à des mesures empreintes de compassion et de vertu, sans avoir à passer par les prêtres et, encore mieux, sans en assumer le coût, comme le croient les 44 % de Québécois qui ne paient aucun impôt sur le revenu.

lundi 12 novembre 2007

Critique d’art!

Julie Fortin et Pierre Simard

Le Soleil, Opinion, 12 novembre 2007, p. 23.

Depuis quelques jours, certains lecteurs du Soleil s’en donnent à cœur joie et critiquent vertement la sculpture de Pierre Bourgault installée sur la promenade Samuel-de-Champlain. Horreur et désastre – pour ne nommer que ceux-là – sont quelques-uns des qualificatifs employés par les critiques d’art non subventionnés par l’État pour décrire cette nouvelle pièce ornant le paysage du boulevard Champlain. Un lecteur a même eu l’audace – Ô sacrilège! – de comparer l’œuvre de Bourgault à la Fontaine de Tourny offerte par la famille Simons.

Les spécialistes de l’art nous diront que les goûts ne se discutent pas. Que même si l’œuvre en question a été installée au bénéfice du regard, elle doit être à l’abri du jugement des passants. En fait, la critique artistique est de nos jours victime d’une aseptisation chronique : les œuvres contemporaines ne peuvent en aucun cas être belles ou laides, non. Le seul qualificatif toléré est qu’elles sont « intéressantes ». N’osez surtout pas dire que vous n’aimez pas… vous vous verriez alors répondre, regard condescendant à l’appui, bien sûr : « C’est que vous ne comprenez pas la démarche de l’artiste ». Gros plan sur votre ignorance crasse de l’Art avec un grand « A ».