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samedi 13 décembre 2025

Ukraine: à la recherche d'une paix politiquement rentable

Les pressions exercées par Donald Trump sur l’Ukraine afin qu’elle accepte les exigences de Vladimir Poutine sont souvent présentées comme une tentative pragmatique de mettre fin à la guerre. Pour certains, il s’agirait d’un geste de réalisme, voire de courage politique. Pourtant, lorsqu’on prend un peu de recul, une question s’impose : cette approche sert-elle réellement les intérêts des Ukrainiens et des Européens, ou répond-elle surtout à l’agenda politique personnel de Donald Trump?

Pour l’Ukraine, accepter sous pression américaine les conditions imposées par Moscou ressemble davantage à une capitulation qu’à une paix négociée. Les concessions territoriales ou politiques exigées par la Russie ne garantissent en rien la sécurité future du pays. Au contraire, elles risquent de figer l’Ukraine dans une situation de vulnérabilité permanente. L’histoire démontre qu’une paix imposée à un pays agressé, sans garanties solides, ne fait souvent que reporter le conflit à plus tard. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est existentiel : il s’agit de préserver leur souveraineté, leur territoire et leur droit à choisir leur avenir.

Les Européens, eux aussi, ont de sérieuses raisons de s’inquiéter. Une paix qui consacrerait les gains territoriaux russes affaiblirait un principe central de la sécurité européenne : l’inviolabilité des frontières. Un tel précédent enverrait un signal dangereux à d’autres puissances autoritaires, suggérant que l’usage de la force peut être récompensé. À moyen et long terme, ce choix pourrait accroître l’instabilité sur le continent et obliger les États européens à investir davantage dans leur défense, à un coût économique et politique bien supérieur à celui du soutien actuel à l’Ukraine.

Pourquoi, alors, Donald Trump insiste-t-il pour une « solution rapide » au conflit? La réponse tient largement à la logique des incitations politiques. Mettre fin à la guerre, peu importe les conditions, est un message simple, percutant et facile à vendre à un électorat américain fatigué des engagements internationaux. Une paix imparfaite est politiquement plus rentable qu’un conflit complexe, long et coûteux, dont les bénéfices stratégiques sont difficiles à expliquer.

Cette approche s’inscrit aussi dans son obsession d'obtenir le Prix Nobel de la paix. Se présenter comme l’homme qui  « arrête les guerres » permettrait à Trump de se forger une image de grand pacificateur sur la scène internationale. Dans cette logique, l’annonce d’un accord compte davantage que sa solidité ou sa durabilité. Les bénéfices politiques sont immédiats et concentrés, tandis que les coûts — instabilité future, sentiment d’injustice, risques sécuritaires — sont diffus et assumés par d’autres.

Un élément clé de cette dynamique est que ceux qui prennent la décision ne sont pas ceux qui en paient le prix. Les électeurs américains favorables au désengagement perçoivent un gain immédiat : moins d’argent dépensé à l’étranger, moins d’implication militaire. En revanche, les Ukrainiens et les Européens supportent l’essentiel des conséquences d’une paix bâclée. Cette dissociation entre décideurs et victimes des décisions favorise des choix politiquement efficaces à court terme, mais potentiellement désastreux à long terme.

Au final, les pressions exercées sur l’Ukraine apparaissent moins comme une véritable stratégie de paix que comme un calcul politique. Une paix durable ne peut être construite sans le consentement du peuple ukrainien, sans garanties de sécurité crédibles et sans respect du droit international. Sacrifier ces principes au nom d’un gain politique personnel revient non seulement à trahir l’Ukraine, mais aussi à fragiliser l’ordre européen. La paix ne devrait jamais être un trophée électoral.

* Cet essai a été rédigé avec l'aide de ChatGPT

mercredi 5 novembre 2025

(1/2) Médecins et gouvernement : la guerre des vertueux intéressés

* Cet essai a été rédigé avec l'aide de ChatGPT

Le conflit entre les médecins et le gouvernement n’est pas un accident, c’est un produit du système. Chacun agit rationnellement : le politicien veut des votes, le médecin veut des revenus, et le citoyen paie la facture sans savoir pourquoi.

Dans ce débat, le gouvernement aime se présenter comme le gardien des fonds publics, celui qui “protège” les contribuables contre les excès d’un corps professionnel jugé trop bien payé.

En imposant des cibles de performance et une loi spéciale, il veut prouver qu’il agit — peu importe si le système reste malade. L’important est d’avoir l’air déterminé. Ce n’est pas la santé du patient qui motive le gouvernement, mais la santé de la CAQ.

Les médecins, pour leur part, dénoncent l’ingérence bureaucratique, les cibles absurdes, les promesses creuses. Ils ont raison, mais ils défendent aussi un système qui leur garantit des revenus élevés et une autonomie quasi totale. Le discours sur “la qualité des soins” sert souvent de bouclier à un cartel médical qui protège ses privilèges.

Dans un réseau public où tout dépend d’eux, les médecins disposent d’un pouvoir de négociation immense. Ils sont à la fois indispensables et intouchables. Et dans un marché sans véritable concurrence, ils ont tout intérêt à préserver les importants privilèges dont ils disposent.

Entre les deux camps, le citoyen n’a qu’un rôle secondaire : celui du contribuable captif. Il finance le système sans comprendre ses mécanismes. L’ignorance du public n’est pas un défaut, c’est une donnée structurelle. Le citoyen moyen n’a ni le temps ni la capacité d’évaluer les conventions collectives ou les budgets du ministère.

Le véritable remède à cette maladie chronique n’est peut-être pas politique, ni même syndical. En effet, pendant que médecins et gouvernements se disputent les leviers du pouvoir, une autre révolution frappe à la porte du réseau de la santé : celle de l’intelligence artificielle.

Voir texte suivant : (2/2) Le conflit entre les médecins et Québec : négocier le passé, ignorer l’avenir

mardi 4 novembre 2025

(2/2) Le conflit entre les médecins et Québec : négocier le passé, ignorer l’avenir

* Cet essai a été rédigé avec l'aide de ChatGPT

Le conflit entre le gouvernement du Québec et les médecins sur la rémunération et les objectifs de performance ressemble de plus en plus à un dialogue de sourds. Après des mois de discussions improductives, Québec a choisi de mettre fin aux négociations à coup de loi spéciale, comme si le problème pouvait être réglé par décret. Les médecins dénoncent un manque de respect pour leur autonomie professionnelle; le gouvernement parle de responsabilité financière et d’accès équitable. Derrière ce bras de fer, un constat s’impose : ces négociations appartiennent à une autre époque.

Car pendant que les tables de discussion se vident, le monde médical, lui, change à une vitesse vertigineuse. L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer la médecine de fond en comble. Ce n’est plus un concept futuriste : elle est déjà là, dans les hôpitaux, les cliniques, les laboratoires. Elle aide à diagnostiquer, à prédire, à planifier. Et son influence ne fera que croître dans les prochaines années. Pendant qu’on se bat encore sur la valeur d’un acte médical, la technologie redéfinit ce qu’un acte médical peut être.

Les applications sont innombrables. En radiologie, des algorithmes détectent des anomalies plus finement que l’œil humain. En pathologie, l’IA analyse des milliers d’images en quelques secondes pour repérer des cancers précoces. En médecine de famille, elle soutient la décision clinique, anticipe les risques, et oriente les patients vers les bons services. Même la gestion administrative — fléau bien connu du système québécois — peut être allégée grâce à des outils automatisés qui prennent en charge la rédaction de notes, la facturation ou la planification.

Ces innovations ne remplacent pas les médecins : elles les libèrent. Elles leur permettent de consacrer plus de temps à la relation humaine, à la réflexion clinique, à l’accompagnement des patients. Or, dans le débat actuel, cette réalité est totalement absente. On continue de raisonner comme si le nombre d’heures travaillées ou de patients vus définissait la valeur d’un médecin. C’est oublier que la performance ne se mesure plus seulement en volume, mais en qualité, pertinence et efficacité des soins.

Le paradoxe, c’est qu’en refusant d’intégrer cette révolution technologique dans leurs discussions, le gouvernement et les fédérations médicales risquent de se battre pour un modèle qui s’éteint. À moyen terme, l’IA permettra de maintenir, voire d’augmenter, le volume de soins avec un nombre réduit de médecins. Non pas en les remplaçant, mais en optimisant leur travail, en automatisant les tâches répétitives et en réduisant les erreurs.

Le Québec pourrait saisir cette transformation pour redéfinir la pratique médicale : revoir la formation, réviser les structures de rémunération, repenser les indicateurs de performance. Plutôt que d’imposer des quotas ou des cibles, on pourrait valoriser la collaboration homme-machine. Ce serait un projet d’avenir, fondé sur l’innovation plutôt que sur la confrontation.

Mais pour cela, il faudrait une vision. Et c’est précisément ce qui manque. Tant le gouvernement que les associations médicales semblent prisonniers d’une logique comptable. On parle d’heures, de pourcentages, de coûts, comme si le système de santé était une usine. On gère des budgets, mais on oublie d’imaginer le futur. Pendant ce temps, d’autres pays intègrent déjà l’IA dans leur gouvernance médicale et récoltent les fruits d’une plus grande efficacité.

L’intelligence artificielle n’est pas une menace pour la profession médicale : c’est une occasion historique de la réinventer. Le Québec pourrait être à l’avant-garde d’une médecine plus intelligente, plus humaine et plus accessible. Mais pour cela, il faut cesser de négocier le passé.

La loi spéciale ne réglera rien d’autre qu’un conflit de surface. Le vrai défi, celui que ni décret ni barème salarial ne peuvent résoudre, consiste à préparer notre système de santé à l’ère numérique. Tant que l’on refusera de regarder dans cette direction, le Québec continuera à débattre des solutions d’hier, pendant que le monde construira la médecine de demain.

mardi 17 juin 2025

Texte paru dans le Journal le Devoir, 17 juin 2025. 

Le 3e lien est-il un projet d’infrastructure ou une arme électorale? 


Malgré les critiques d’experts, les études défavorables et l’opposition quasi unanime des autres partis, la Coalition Avenir Québec (CAQ) nous ramène périodiquement son projet de 3e lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis. Ce retour récurrent s’explique non par le hasard, mais par une stratégie politique pleinement délibérée que l’on peut aisément analyser à travers le prisme de la théorie des choix publics.


Une promesse électorale ciblée

Le 3e lien est avant tout une promesse électorale ciblée. Il vise les électeurs des circonscriptions situées sur la Rive-Sud de Québec, autour de Lévis, où le soutien au projet est beaucoup plus fort qu’à Québec. Pourquoi ? Parce que ce sont surtout les automobilistes de la rive sud qui espèrent raccourcir leur trajet quotidien vers la rive nord. Ils y voient une solution à leurs embouteillages. Pour eux, ce projet est perçu comme un gain direct.


À l’inverse, de nombreux citoyens de Québec se montrent sceptiques, voire hostiles au projet. Selon eux, ce troisième lien risque d’accroître le trafic chez eux, sans pour autant résoudre la congestion routière de manière durable. La CDPQ-Infra, qui a analysé six corridors potentiels, concluait que les économies de temps de trajet seraient en moyenne d’à peine cinq minutes. Plutôt que de diminuer la congestion, le projet ne ferait que la déplacer vers d’autres segments déjà vulnérables du réseau routier. Autrement dit, le problème ne serait pas réglé, mais simplement déplacé. Pour les citoyens de la rive-nord, il ne s’agit donc pas d’une solution à un problème, mais la création d’un nouveau problème.


Concentration des avantages et diffusion des coûts

L’hostilité au projet des résidents de la Rive-Nord a toutefois peu de chances de faire fléchir la CAQ. Tant que les avantages potentiels du troisième lien resteront concentrés sur un groupe restreint et que les coûts seront largement répartis, le gouvernement aura tout intérêt à maintenir le cap malgré les critiques généralisées. 


Pour l’instant, le projet bénéficie à un électorat bien défini et mobilisé - celui de la Rive-Sud - tandis que les désavantages, tels que la congestion accrue, les répercussions environnementales et l’alourdissement de la dette publique, sont supportés par un ensemble plus vaste, notamment les citoyens de la ville de Québec et, bien sûr, l’ensemble des contribuables de la province qui paieront la majeure partie de la facture.


C’est précisément cette asymétrie dans la répartition des avantages et des coûts qui explique pourquoi ce projet reste politiquement rentable malgré les critiques qui fusent de toutes parts. Quand un groupe bien précis profite directement d’un projet, il est plus motivé à le soutenir activement. En revanche, si les coûts et les bénéfices sont répartis entre beaucoup de gens, chacun se sent moins concerné, ce qui rend l’opposition moins forte et organisée. 


La dimension symbolique est tout aussi cruciale. Le troisième lien est devenu un étendard politique. En le défendant, la CAQ s’oppose aux experts, aux élites montréalaises, aux médias: elle parle directement au « vrai monde ». Le projet simplifie le débat, renforce l’identité régionale, et à 18 mois d’une élection générale, c’est un levier politique loin d’être négligeable.


En somme, le 3e lien n’est pas qu’un projet d’infrastructure: c’est une arme électorale redoutable. Tant qu’il suffit d’en parler pour rallumer la ferveur d’une base électorale stratégique, pourquoi la CAQ s’en priverait-elle? À ce jour, pas un mètre n’a été creusé mais des kilomètres de votes ont été récoltés.