Article épinglé

mercredi 29 octobre 2014

Et si un loup solitaire frappe à ma porte…

Journal de Québec et Journal de Montréal, mercredi le 29 octobre 2014, p.40

L’attentat d’Ottawa a semé l’inquiétude dans la population. Comme beaucoup d’entre vous, je suis désormais envahi par un sentiment d’impuissance face à la menace terroriste. Et si un loup solitaire frappait à ma porte?
Pendant des heures, les médias télévisés du monde entier ont diffusé les images de policiers aux trousses d’un terroriste armé; de citoyens exprimant leur crainte et leur impuissance devant l’horreur; d’experts expliquant les difficultés de contrer ce type d’attentat; de politiciens clamant que la démocratie ne cèderait pas à la terreur. 
Les journalistes ont également salué le courage des politiciens québécois, qui ont unanimement décidé de poursuivre la période de questions à l’Assemblée nationale. Mais entre vous et moi, lorsqu’on est entouré de gardes du corps, à 450 kilomètres du chaos qui plus est, il n’y a pas guère de risques à discuter encore quelques heures. Surtout lorsqu’il est question de rassurer un peuple désarmé et impuissant.
Je peux comprendre les préoccupations des politiciens : faire quelque chose et montrer qu’ils s’en occupent. Mais quand leur seule réponse consiste à multiplier les contrôles et à se donner plus de pouvoir, je ne me sens guère rassuré.
Ils le savent et tout le monde le sait installer des policiers devant le Parlement, les édifices publics et les bases militaires n'aura qu'une efficacité limitée pour contrer les actes des loups solitaires. En moins de 48 heures, deux individus ont réussi à faire la démonstration de l’inutilité de toutes ces mesures de sécurité décrétées au fil des événements par nos gouvernements.
Aujourd’hui, il faut se compter chanceux que nos extrémistes locaux ne se soient pas inspirés d’Anders Breivik, ce terroriste norvégien qui a assassiné 77 personnes et fait 151 blessés, dont la plupart de jeunes adolescents (2011).
Dans les prochaines semaines, nos politiciens se demanderont sans doute comment Michael Zehaf-Bibeau a pu se procurer une arme à feu. Comment un individu avec un passé criminel, connu de nos corps policiers, a-t-il pu débarquer sur la colline parlementaire avec une carabine alors qu’on lui en avait interdit la possession?
La réponse est pourtant simple : les criminels trouveront toujours des armes, et aucune interdiction gouvernementale ne les empêchera de poser leurs gestes insensés.
Il faudra bien un jour l’avouer, l’État sera toujours impuissant à nous protéger contre les détraqués. Aussi, la multiplication des lois et règlements limitant le droit des citoyens d’acquérir des armes n’a réussi qu’à accroître notre vulnérabilité face aux criminels.
À ce jour, j’ai écouté les conférences de presse des autorités m’apprenant qu’il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. J’ai entendu l’appel à la solidarité de notre élite politique. J’ai lu plusieurs dizaines de textes d’opinion et d’analyses m’entretenant du courage du sergent d’armes Vickers, de la résilience du monde libre, de l’importance de sécuriser le Parlement. J’en suis!
Malheureusement, personne n’a encore réussi à répondre à ma question : je fais quoi si un loup solitaire frappe à ma porte?  

mercredi 8 octobre 2014

L’école privée pour réduire les inégalités

Journal de Québec et le Journal de Montréal, jeudi le 9 octobre 2014. (JQ p.18 et JM p.36)

Le gouvernement étudie la possibilité de diminuer les subventions aux établissements d’enseignement privé. En conséquence, plusieurs parents pourraient être obligés de renoncer à leur liberté de choisir l’école de leur enfant. Absurde!
Être parent, c’est vouloir offrir ce qu’il y a de mieux à sa progéniture. Quand les parents choisissent l’école de leur enfant, ils sont conscients qu’ils engagent l’avenir de ce dernier. Aussi, très peu d’entre eux prennent cette décision à la légère.
Beaucoup de familles sacrifient une part importante de leur revenu pour envoyer leur enfant à l’école privée. C’est leur choix. Si vous n’aimez pas votre travail ou le trouvez insuffisamment rémunérateur, vous pouvez donner votre démission. Si la ville ou le quartier dans lequel vous habitez ne vous convient pas, vous pouvez déménager. La liberté de choix, c’est avoir le contrôle sur sa vie; choisir l’école de son enfant, c’est avoir une influence sur son avenir.  
La plus grande fourberie véhiculée dans le présent débat, c’est de laisser croire qu’en diminuant les subventions aux établissements privés, on fera payer les riches; qu’en coupant les subventions au secteur privé, pour engraisser le secteur public, on réduira les inégalités de revenu.
Au contraire, le pouvoir de choisir ne devrait pas être réservé à quelques bien nantis. C’est plutôt en augmentant le nombre de parents ayant la capacité financière d’offrir l’école privée à leurs enfants qu’on estompera les inégalités.
Si le gouvernement cherche vraiment à alléger les coûts de l’éducation, tout en améliorant sa qualité, il doit penser à subventionner encore plus le secteur privé. Peu importe la façon de faire (crédit d’impôt, subvention à l’école ou chèque d’éducation que les parents peuvent dépenser dans l’école de leur choix), l’important c’est d'accroître la liberté de choix des familles.
Le principal danger dont il faut se méfier est que l’État saisisse le prétexte de sa réforme pour réglementer encore plus le secteur privé. Il faut davantage de diversité en éducation, pas moins. Si l’État ne veut pas faire confiance aux parents, qu’il nous explique comment il peut accorder le droit de vote à des individus aussi peu fiables…
Ne soyons pas naïfs, si plusieurs parents sont disposés à payer des milliers de dollars pour envoyer leur enfant au privé, c’est qu’ils estiment qu’il s’y épanouira davantage. Or, ce n’est pas en leur fermant l’accès aux écoles privées qu’on améliorera leur opinion de l’école publique. Au contraire, c’est en stimulant la concurrence que l’on condamnera les établissements publiques à l’excellence et que l’on convaincra les parents d’y envoyer leur enfant.
Bref, combattre les inégalités de revenu en éliminant l’école privée au profit de l’école publique est une aberration. Désolé, mais la richesse, c’est d’abord avoir la capacité de choisir. C’est seulement en donnant aux parents les moyens de choisir eux-mêmes l’école de leur enfant qu’ils auront le sentiment qu’en matière d’éducation, ils sont aussi riches que les riches.