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jeudi 15 septembre 2011

Collusion: que doit faire le gouvernement?


La presse Débats, Cyberpresse, jeudi le 15 septembre 2011
Le rapport de l’Unité anticollusion est troublant : les malversations dans l'industrie de la construction ont pris une telle ampleur que le Québec risque une «prise de contrôle de certaines fonctions de l'État» par des acteurs mal intentionnés. Face à ce système corrompu, infiltré massivement par le crime organisé, que devrait faire le gouvernement Charest pour tenter de le briser ? 
Une illusion. 
Pour ou contre une commission d’enquête sur le milieu de la construction? Le débat est relancé. Plusieurs s’imaginent qu’il suffit de faire une enquête publique pour éradiquer les pratiques de collusion entre l’industrie privée, des fonctionnaires et des politiciens. Désolé, mais la commission d’enquête n’est qu’une illusion! Comme je l’écrivais sur cette tribune il y près de deux ans, notre plus grande erreur serait de considérer ces scandales comme des incidents passagers. N’y voir qu’un dysfonctionnement moral affligeant une poignée d’individus. Croire que lorsque les pommes pourries auront été démasquées nous pourrons recouvrer notre «monde parfait» et bénéficier à nouveau de la supériorité morale de nos politiciens et bureaucrates. En réalité, les politiciens et les fonctionnaires sont des individus qui, en dépit de leurs contraintes morales et éthiques, peuvent parfois agir malhonnêtement lorsqu’ils estiment que le bénéfice anticipé de leur crime est supérieur à la probabilité de se faire prendre et d’en payer le prix. Puisqu’il est admis que l'efficacité administrative du secteur public est généralement moindre que celle du secteur privé, on peut présumer qu’il en va de même de son efficacité à contrer les nombreux abus réalisés sur le dos des citoyens. Pourquoi? Tout simplement parce dans le secteur public, l'argent que les politiciens et les bureaucrates gèrent n'est pas le leur. D’où un moindre souci à combattre les abus. De toute évidence, lorsqu'on reconnaîtra que l'État s’avère un foyer propice aux collusions de toutes sortes, il est fort à parier qu’on resserrera les systèmes de reddition de comptes assujettissant nos gouvernements et qu’on implantera des règles pour limiter la part de l'économie qu'on confie au secteur public. D’ici là, commission d’enquête ou non, on devra vraisemblablement se contenter de: «je ne suis pas au courant», «je vais m’informer» et «j’ai demandé à mon ministère d’examiner la question».

mardi 13 septembre 2011

La Grèce en faillite?

La Presses Débats, Cyberpresse, mardi le 13 septembre 2011.


La faillite de la Grèce est-elle inévitable? La survie même de l’euro est-elle menacée? Les pays les plus endettés de l’Union européenne risquent-ils d’être largués? 

Un grand service
Aujourd’hui, on s’inquiète pour la Grèce et demain, on s’inquiètera pour l’Espagne, le Portugal et l'Italie… Le problème? L’endettement démesuré de ces pays et leur difficulté à faire face à leurs obligations financières. De plus en plus d’observateurs croient qu’on devrait laisser la Grèce faire faillite, qu’on lui rendrait un grand service si on l’obligeait à respecter ses engagements en quittant la zone euro et en dévaluant sa monnaie. En réalité, peu d’économistes croient qu’une nouvelle aide financière sera un jour remboursée par la Grèce. La «solidarité» de l’UE viserait seulement à protéger les banques européennes très engagées dans l’économie grecque; une fuite en avant qui aura pour seule conséquence d’endetter encore davantage la Grèce et les pays de l’UE. La faillite ne serait évidemment pas facile pour les Grecs. Mais mettons-nous à leur place : quels choix ont-ils réellement? Soit ils acceptent l’aide européenne et se font dicter un plan de redressement venant de l’extérieur du pays, soit ils font faillite, larguent une partie de leur dette et se chargent eux-mêmes de mettre en place les mesures d’austérité qui ramènera le pays sur le chemin de la santé financière. Souvenons-nous de l’Argentine : ce pays avait préféré faire faillite plutôt que de se soumettre aux diktats du FMI. Qui mettra ses culottes le premier?