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mercredi 21 août 2013

Bannir les symboles religieux?

La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi le 21 août 2013 aussi sur La Presse+.

Faut-il interdire le port de symboles religieux dans les institutions publiques, incluant les écoles, les hôpitaux et les garderies ?

Des Québécois identiques
Si l’on en croit les rumeurs, le gouvernement Marois s’apprête à imposer aux employés de l’État un code vestimentaire. Décidément, lorsqu’il est question de s’immiscer dans la vie des citoyens, les politiciens ont l’identitaire commode. Dans une société qui se prétend libre et démocratique, le rôle premier de l’État est de protéger nos libertés individuelles et d’assurer notre sécurité. Son rôle n’est pas de s’immiscer dans la vie des individus, et surtout pas d’adopter une soi-disant charte collective qui servira essentiellement à discriminer entre des citoyens aux préférences individuelles différentes. Le port de symboles religieux est une question de choix personnel. Que l’infirmière me recevant à l’urgence porte un crucifix, fusse-t-il tatoué sur son front, n’a guère d’importance; ça la regarde. Ce qui devrait me préoccuper par contre, ce sont ses compétences – et rien d’autre. Je pourrais comprendre que, pour des raisons de sécurité ou de fraude, on puisse discuter de l’obligation pour un individu de s’identifier. Mais de là à vouloir nous imposer une laïcité sans limites, il y a une marge. En réalité, il n’existe nulle part en démocratie un droit ou un privilège permettant aux politiciens de brimer un quelconque groupe au détriment d’un autre. Sauf peut-être dans le p’tit catéchisme électoraliste péquiste où les Québécois ne doivent plus être égaux, mais identiques.

lundi 8 juillet 2013

Il faut d'abord comprendre


La Presse, Débats, lundi 8 juillet 2013, p.A19. En ligne sur La Presse+.

À la suite de la tragédie de Lac-Mégantic, quel enseignement peut-on tirer au sujet du transport de matières dangereuses? Pour le transport du pétrole à tout le moins, faudrait-il privilégier les oléoducs? Devrait-on adopter de nouvelles mesures pour le transport de matières dangereuses dans les milieux urbains?

L’émotion est mauvaise conseillère
Le tragique événement de Lac-Mégantic dépasse l’imaginaire. Qui aurait pu penser qu’un train fou, sans conducteur et transportant des matières inflammables, exploserait au beau milieu d’une municipalité? Surréaliste. Si un producteur de film catastrophe vous avait proposé un tel scénario, vous lui auriez probablement reproché son manque de réalisme. Pourtant, c’est la tragédie bien réelle que vit la municipalité de Lac-Mégantic.
Lorsqu’un tel drame se produit, il est normal qu’on s’interroge sur des moyens de prévention pour éviter qu’un tel événement se répète. Les pompiers n’avaient pas encore réussi à approcher du brasier que certains avaient identifié les causes : notre dépendance au pétrole, les normes de sécurité sur le transport des matières dangereuses. D’autres proposaient déjà des solutions : la construction d’un oléoduc et l’adoption du principe de précaution pour mettre un terme à toute nouvelle activité représentant un risque social. Malheureusement, tout n’est pas si simple.
Par définition, les catastrophes sont la plupart du temps impossibles à anticiper. On aura beau mettre un moratoire sur tout nouveau développement, on réalisera très vite que le statu quo n'est pas non plus sans risque. En réalité, il faut éviter de tirer des conclusions sur le coup de l’émotion. Il faut d’abord s’occuper des victimes et, ensuite, se donner le temps de réfléchir. Les périodes de catastrophes sont mauvaises conseillères.