Article épinglé

jeudi 6 septembre 2012

Quel est l'héritage de Jean Charest?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 6 septembre 2012.

Quel legs laisse Jean Charest comme premier ministre du Québec ? Quelles ont été ses plus grandes réalisations durant ses neuf années au pouvoir?

Un artiste de la politique.
Jean Charest est un artiste. Parmi les plus doués de sa génération. Il a maitrisé l’art de la politique mieux que quiconque. Pendant 28 ans, il a appliqué à la lettre la recette édictée au XVIIIe siècle par Jonathan Swift : faire croire aux citoyens des faussetés politiquement correctes, ne pas leur en faire avaler trop à la fois, soustraire ces mensonges à toute vérification possible et éviter d’outrepasser les bornes du vraisemblable. Il est ainsi devenu à la fois une figure politique des plus admirées et des plus détestées. Un brillant politicien qui aura malheureusement contribué à renforcer le désaveu et le cynisme des citoyens envers la classe politique. Sa plus grande réalisation? Avoir réussi à mettre en veilleuse les velléités souverainistes du Québec. Celui qu’on surnommait à une époque Monsieur Canada aura aussi été un excellent ambassadeur du Québec sur la scène internationale. Sur le plan économique, la réingénierie de l’État promise n’aura finalement été que ça : une promesse électorale. Sous sa gouverne le Québec aura peut-être été épargné des soubresauts de la dernière crise, mais il laisse la province dans une situation financière précaire. Cela dit, M. Charest est encore jeune et… les grands artistes ne meurent jamais.

mercredi 5 septembre 2012

Quelle marge de manoeuvre aura Mme Marois?


La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi le 5 septembre 2012.

Comment interprétez-vous les résultats des élections de lundi? Quelle marge de manœuvre aura la première ministre Marois pour gouverner?
L’avantage de la glace.
Mme Marois a gagné ses élections, mais elle a concédé l’avantage de la glace à ses adversaires. Hier soir, outre le triste événement du Métropolis, nos grands leaders politiques rayonnaient et n’avaient que de bons mots pour leurs adversaires. Ils avaient tous une bonne raison de se réjouir : le PQ se targuait d’avoir repris le pouvoir, le PLQ d’avoir admirablement survécu au tsunami prédit par les sondeurs d’opinion et la CAQ, d’avoir récolté 27% des suffrages de l’électorat. Cette belle harmonie entre chefs ne devrait durer que le temps de se refaire une santé financière. Une fois ce temps d’arrêt écoulé, la joute politique reprendra et la marge de manœuvre de Mme Marois sera alors très mince. Simplement parce que lors du prochain match, ce n’est pas Mme Marois qui contrôlera l’agenda électoral. L’opposition pourra la faire tomber à tout moment par un simple vote de censure. On a beau s’imaginer qu’il lui suffira de faire des compromis pour se maintenir au pouvoir, il n’en est rien.  La réalité, c’est qu’un gouvernement minoritaire dure aussi longtemps que les partis d'opposition le décident : le temps que se présente à eux une fenêtre d’opportunité favorable à une reprise du pouvoir. En politique, tout n’est qu’une question d’opportunité.