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jeudi 17 mai 2012

Loi spéciale : la meilleure solution?


La Presse, Débats, Montréal, vendredi 18 mai 2012, p. A21.
La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 17 mai 2012.
Le gouvernement Charest a annoncé que la session sera suspendue jusqu’à la fin août dans les cégeps et facultés universitaires qui font l’objet d’un boycottage. Le début de la session d’automne à l’université sera reporté au mois d’octobre. Une loi spéciale sera aussi adoptée pour empêcher les étudiants de bloquer l’accès aux cégeps et aux universités à la reprise des cours. Est-ce la meilleure solution pour dénouer la crise étudiante ?
LES DANGERS D'UNE LOI SPÉCIALE
Une suspension du trimestre est sans doute une sage décision. Elle devrait permettre, du moins à court terme, de mettre fin aux affrontements entre manifestants et policiers aux abords des institutions d'enseignement. Par contre, l'idée d'une loi spéciale pour empêcher les étudiants de bloquer l'accès aux cégeps et aux universités me laisse songeur. Pourquoi doit-on adopter une loi spéciale pour faire respecter la loi existante? Pour rendre la loi actuelle plus efficace? Peut-être! Je crois en une société de droit où le rôle légitime de l'État est la protection des libertés individuelles. La liberté ne peut exister en absence de loi pour protéger l'individu contre la coercition d'autrui. Toutefois, il ne faudrait pas qu'une loi spéciale, venant se superposer à la loi existante, accorde des privilèges ou en enlève à quiconque. Dans un État de droit, tous sont censés être égaux devant la loi. Aucun individu ou groupe d'individus ne devrait acquérir de nouveaux privilèges ou s'en faire enlever par une loi spéciale. Or, une loi spéciale qui, par définition, s'applique à un groupe en particulier, est nécessairement discriminatoire. D'où mon enthousiasme prudent...

mardi 15 mai 2012

Crise étudiante: Michelle Courchesne fera-t-elle mieux?


La Presse.ca, La Presse Débats, mardi le 15 mai 2012.

Que pensez-vous de la démission de la ministre Line Beauchamp? Sa remplaçante à l’Éducation, Michelle Courchesne, parviendra à dénouer la crise étudiante?
La victoire totale
Michèle Courchesne a-t-elle le mandat de hisser le drapeau blanc? A-t-elle le pouvoir signer la capitulation du gouvernement? À moins de faire volte-face sur la hausse des droits de scolarité, la ministre Courchesne a peu de chance de dénouer la crise étudiante. L’évolution du conflit étudiant n’a rien à voir avec l’intransigeance de Mme Beauchamp. Au contraire, jusqu’à la dernière minute, l’ex-ministre s’est affairée à faire des concessions et à trouver des moyens d’assouplir la position gouvernementale. Sans succès! En réalité, pour négocier, il faut être deux. Il faut que chacune des parties ait la légitimité de négocier et la volonté d’en arriver à une entente. Ce que semblent avoir perdu les leaders étudiants lorsqu’une majorité de leurs membres ont rejeté l’entente qu’ils avaient dûment signée avec le gouvernement. Depuis cette rebuffade, ils ont perdu toute marge de négociation. Ils ont dû revenir à leur position de départ.  Aujourd’hui, ils revendiquent et ils exigent. Ils n’ont d’autre velléité que de mettre le gouvernement K.O. La crise étudiante est devenue une affaire de leaders étudiants qui, après avoir été portés aux nues par les artistes et les leaders syndicaux, doivent absolument humilier le gouvernement pour redorer leur blason. Comme le disait Eisenhower : Nous n’accepterons que la victoire totale!