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mardi 1 mai 2012

Couche-Tard sans syndicat?


La Presse.ca, La Presse Débats, mardi 1 mai 2012.
Le PDG de Couche-Tard, Alain Bouchard, estime que le contexte hautement concurrentiel des dépanneurs, leurs marges extrêmement serrées et la nature même de leurs activités ne sont pas compatibles avec la syndicalisation de ces commerces. Êtes-vous d’accord avec sa vision ?
L’illusion de la syndicalisation
Couche-Tard est un fleuron québécois dont le chiffre d’affaires et les profits font saliver les centrales syndicales. Néanmoins, l’industrie du dépanneur est fragile. On rapportait récemment qu’entre janvier 2008 et septembre 2011, plus de 1 000 dépanneurs québécois ont dû fermer boutique. La contrebande de cigarettes et les règlementations gouvernementales sur la vente de produits (ex. : bière, lait) font que les marges bénéficiaires sont souvent très minces. Peut-on réellement croire que la syndicalisation des Couche-Tard permettra aux employés d’améliorer leur sort? On peut en douter! D’abord, parce que la syndicalisation n’est pas un bien gratuit pour l’employé : elle implique des cotisations et du temps à consacrer à des actions militantes. Ensuite, parce qu’en alourdissant le fonctionnement des dépanneurs, on incite les propriétaires à revoir l’allocation des ressources entre leurs facteurs de production. Ainsi, pour conserver une marge bénéficiaire acceptable, ils chercheront à obtenir le même supplément de production avec moins de travailleurs. Ce faisant, on peut présumer que ce sont des milliers d’emplois, souvent occupés par des étudiants, qui disparaîtront. Les bénéfices de la syndicalisation ne sont souvent qu’une illusion entretenue par des bureaucraties syndicales dans leur insatiable quête de revenus de cotisation.

vendredi 27 avril 2012

Crise étudiante: que faire?


La Presse.ca, La Presse Débats, vendredi 27 avril 2012.

Que doit faire le gouvernement Charest pour dénouer l’impasse dans la crise étudiante ? Déposer une offre finale, nommer un médiateur, accepter un moratoire sur la hausse des droits de scolarité ?
Un tribunal des conflits sociaux 
La grève étudiante s’éternise. Pendant ce temps, la population québécoise subit les pénibles conséquences de ce conflit. Pourquoi ne pas s’inspirer de la méthode australienne de résolution des grèves? Il suffirait de confier à une juridiction indépendante l’arbitrage du conflit opposant les étudiants et le gouvernement. L’idée est que l’exercice du droit de grève n’est pas sans limites et que l’intérêt public doit aussi être pris en compte dans les conflits qui paralysent toute une population. Ainsi, ce tribunal des conflits sociaux, dont un des rôles serait de veiller à l’intérêt des citoyens et à la sauvegarde des biens publics, aurait le pouvoir de suspendre la grève pour une durée déterminée ou même d’y mettre fin. Il pourrait notamment exiger la médiation ou la conciliation; ordonner la réouverture immédiate des institutions d’enseignement et le retour en classe des étudiants; et accorder un délai (disons 30 jours) aux parties pour en venir à une entente. À défaut d’une entente, ce tribunal pourrait rendre une décision liant les parties pour une période déterminée (disons 3 ans). Cette manière de procéder enverrait le message aux étudiants que le droit de grève n’est pas absolu, et au gouvernement, qu’il n’est pas opportun d’utiliser les conflits sociaux à des fins électoralistes. Une façon comme une autre de forcer la négociation entre le gouvernement et les associations étudiantes, de mettre fin au saccage du centre-ville de Montréal, et de permettre aux étudiants de terminer leur session lourdement compromise.