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jeudi 2 février 2012

Rétablir la peine de mort?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 2 janvier 2012.
Devrait-on rouvrir le débat sur la peine de mort ? Y a-t-il des situations où la peine capitale pourrait s’appliquer, par exemple lorsqu’un meurtrier n’a aucune chance de réhabilitation, comme le suggérait hier le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu ?
Non à la tyrannie!
Certains crimes méritent-ils la peine de mort? Là n’est pas la question. La vraie question est de savoir si la peine de mort a sa place dans une société comme la nôtre. Ma réponse est non. Pourquoi? Parce que la peine de mort est l’arme de prédilection des tyrans. Ça ne peut être celle d’une société libre et démocratique reposant sur les responsabilités individuelles. Imaginez qu’on exécute un criminel dans le contexte d’une erreur judiciaire : qui en sera tenu responsable? Le juge, le bourreau, le policier chargé de l’enquête? Nous vivons dans un État de droit où personne n’est censé être au-dessus des lois et où chacun doit être responsable de ses actes. La réintroduction de la peine de mort équivaudrait à favoriser le retour d’une caste de despotes investis du pouvoir d’exécuter un individu sans avoir à en assumer la responsabilité. Certains croient que la peine de mort est un moyen de dissuasion à l’endroit des criminels dangereux. D’autres qu’exécuter un criminel en série mettra la population à l’abri d’une récidive. Ils n’ont probablement pas tort… mais on peut sans doute parvenir aux mêmes résultats sans avoir à emprunter la route de la tyrannie.

mercredi 1 février 2012

Doit-on réformer le régime de la Sécurité de la vieillesse?

La Presse, Débats, jeudi le 2 février 2012, p. A21.
La Presse.ca, La Presse Débats. mercredi le 1 février 2012.

Le gouvernement Harper songe à modifier le régime de prestations de la Sécurité de la vieillesse. Aurait-il raison de le faire ? Si oui, comment devrait-il s’y prendre ? En haussant l’âge d’admissibilité de 65 à 67 ans, par exemple ?
UNE SAGE DÉCISION
Électoralement, les conservateurs jouent gros en annonçant une réforme du régime de prestations de la Sécurité de la vieillesse. C’est malgré tout une sage décision : vaut mieux s’y attaquer maintenant que de frapper le mur à long terme. On a beau argumenter qu’une réforme du Régime n’était pas prévue au programme électoral des conservateurs, il reste que le financement des régimes de retraite est une préoccupation qui touche la plupart des pays occidentaux. Les solutions passent inévitablement par l’augmentation de l’âge de la retraite, la diminution des prestations ou l’augmentation des cotisations (si ce n’est des trois à la fois). Le problème de financement à long terme de nos fonds de pension est d’abord et avant tout comptable. J’en conviens avec vous, les comptables ne sont pas particulièrement «sexys»… encore moins leurs solutions. C’est pourquoi le principal obstacle à cette réforme sera politique. En politique, il n’y a jamais de bon moment pour amorcer une réforme qui risque de mettre fin aux privilèges des boomers qui aspiraient à se faire payer une retraite par les générations futures. Malheureusement, à la prochaine élection, les vrais gagnants de cette réforme n’auront pas tous l’âge de voter pour exprimer leur gratitude au Parti conservateur. Les perdants, par contre, auront toute la latitude voulue pour jouer aux victimes d’un gouvernement idéologique et sans compassion.