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mercredi 11 janvier 2012

Des transfuges légitimes?


La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi le 11 janvier 2012
Est-il légitime que des députés changent de parti politique et conservent leur siège sans se faire réélire dans leur circonscription ? Les transfuges ne contribuent-ils pas à alimenter le cynisme de la population à l’endroit de la classe politique ?
La légende urbaine du politicien altruiste
Ceux qui généralement courent les tribunes pour étaler leur souci du bien commun n’auraient finalement qu’une seule motivation : se faire élire et réélire. Pour l’école des choix publics, l’opportunisme des hommes et des femmes politiques n’a rien de surprenant. Les politiciens, peu importe leur allégeance, ne sont pas plus altruistes ou moins égoïstes que les citoyens : ils maximisent leur intérêt personnel. Aussi, ce sont essentiellement les sondages favorables à la CAQ qui appâtent les adéquistes, les péquistes et autres transfuges de la scène provinciale. Ce qu’il faut retenir de ce butinage politique, c’est qu’une fois qu’ils auront accédé au pouvoir, ces mêmes politiciens ne se métamorphoseront pas soudainement en gardiens de nos soi-disant intérêts collectifs. Aujourd’hui, ces politiciens n’ont aucun scrupule à vendre leur âme pour se faire élire. Demain, ils gèreront vos impôts et règlementeront votre vie pour se faire réélire. Ils ne se seront pas moins calculateurs et carriéristes une fois au pouvoir! Et dire que plusieurs croient encore que notre avenir doit passer par un État fort… Finalement, l’image du politicien altruiste, désintéressé et animé par l’intérêt public n’est que légende urbaine.

lundi 9 janvier 2012

Chomage inquiétant au Québec?

La presse.ca, La Presse Débats, lundi le 9 janvier 2012.

À contre-courant du reste du Canada, et aussi des États-Unis, le Québec a non seulement encaissé une perte de 25 700 emplois le mois dernier, mais son taux de chômage a bondi de 0,7 % pour atteindre 8,7%. Cette situation vous inquiète-t-elle ? Est-ce un mauvais présage pour la situation économique du Québec en 2012 ?

Le Québec se vide!
Bien sûr que c’est inquiétant : le Québec continuera à se marginaliser du reste du Canada! Comme l’expliquent les économistes Gérard Bélanger et Jean-Luc Migué, les ajustements interrégionaux aux variations de croissance se concrétisent par l’émigration des Québécois, et par un Québec moins attrayant pour les immigrants. Lorsque vous n’avez pas d’emploi, ou un emploi à faible revenu, vous déménagez là où vous pouvez améliorer votre sort. Cette réalité est celle de beaucoup de jeunes Québécois et de nouveaux immigrants qui, depuis plusieurs décennies, préfèrent aller faire leur vie dans les provinces les plus prospères du pays. Résultat? La population du Québec, qui représentait 29 % de la population canadienne en 1966, a vu son poids fondre à 23 %. 

Plusieurs rétorqueront que tout ça n’a guère d’importance, car notre revenu disponible reste comparable à celui des autres Canadiens. C’est vrai. Comme l’ont montré nos deux économistes, on gagne plus à Toronto qu’à Montréal, mais comme il en coûte plus cher de se loger à Toronto qu’à Montréal, notre revenu disponible reste comparable à celui des Torontois. Le problème, c’est qu’à se gargariser du revenu disponible, on oublie l’essentiel. On oublie que notre appauvrissement se manifeste d'abord et avant tout par l’exode des nôtres. Bref, à trop se regarder le nombril, on risque de vider le Québec des Québécois les plus prometteurs.