La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi 25 octobre 2012.
Depuis 10 ans,
la proportion de Québécois qui parlent français a glissé de 83% à 81%. Par
contre, durant la même période, le pourcentage d’immigrants qui utilisent le
français à la maison a grimpé de 5,2 à 8,7%. À la lumière de ces statistiques,
y a-t-il lieu de renforcer la loi 101, comme le croit le gouvernement Marois ?
Un problème inexistant
Le français décline-t-il au Québec? Pour certains analystes, le français
fait des progrès; pour d’autres, il agonise. L’interprétation dépend du
politicien, du média ou du journaliste qui analyse les données linguistiques du
dernier recensement de Statistique Canada. En vérité, il est difficile de dire
si le français se porte mieux ou s’il est pire qu’il y a dix ans. Or, c’est
bien là le malheur de notre gouvernement provincial : s’il n’y a pas de
problème avec la langue française, comment expliquer qu’on s’occupe à résoudre
un problème inexistant? Que faire avec les multiples solutions proposées pour
résoudre ce soi-disant problème national? Comment justifier un renforcement de
la loi 101 ou l’obligation du Cégep en français lorsque la catastrophe annoncée
tarde à se manifester? Eh bien, si ça prend un problème, créons un problème!
Comme ça, en offrant des solutions à un problème qui n’existe pas, on réussira
à créer de nouveaux problèmes qui appelleront de nouvelles solutions. Des
solutions qui ne manqueront pas de conduire à des problèmes encore plus grands
qui, chaque fois, devront être résolus par de nouveaux impôts ou des
contraintes aux libertés individuelles. Bref, les problèmes, nos politiciens
s’en occupent…
Un problème inexistant