Journal de Québec, Lettre du jour, lundi le 18 avril 2011, p. 18
Chaque campagne électorale nous donne droit à la parade des «quêteux ». Parmi eux, il y a bien sûr le maire Labeaume. C’est l’occasion pour lui de transmettre sa liste d’épicerie aux gouvernements supérieurs. Il est devenu, au fil des ans, le leader canadien du quémandage gouvernemental. En vérité, au lieu de faire l’épicerie, il va à l’Armée du Salut.
Soyons honnête, ce n’est pas que le maire Labeaume soit différent des autres politiciens. Le problème, c’est qu’il est à la fois le meilleur et le pire de tous. Pour lui, l’argent public n’a pas d’odeur. Sa provenance est sans importance. Sa spécialité? Ramener dans son giron vos impôts fédéraux et provinciaux, auxquels il ajoutera un peu (ou beaucoup) de vos taxes municipales, pour mettre de l’avant ses propres projets.
Le maire Labeaume, c’est cet entrepreneur politique qui déborde d’ingéniosité pour vous enlever le pouvoir de prendre des décisions personnelles. Lorsque vient le temps de récupérer des paliers supérieurs un peu d’argent pour soulager les contribuables de Québec, il se présente à la tribune avec l’idée du siècle. La meilleure idée pour votre famille, votre transport, vos sports et loisirs.
Plutôt que d’utiliser l’argent récupéré des autres gouvernements pour baisser les taxes de ses contribuables - et de donner à ceux qui l’ont élu une liberté de choix - il préfère décider à leur place. Conforté par une élection municipale qui lui a accordé 80 % des suffrages exprimés, l’homme se sent légitimé de décider pour tous et chacun. Notons quand même qu’avec un taux de participation de 49,3%, il n’a eu l’appui que de 153 847 des 396 325 inscrits, soit moins de 39 % de ses citoyens.
Le maire Labeaume, est devenu le grand planificateur de la vie des citoyens de Québec; c’est notre cher guide vers le meilleur des mondes. Un monde où les citoyens demeurent au centre-ville, se déplacent en tramway, patinent à l’anneau de glace, dépensent à l’amphithéâtre et voyagent en TGV avec le peu d’argent de poche qu’il leur reste. Il est l’homme de toutes les révélations, celui qui sait mieux que quiconque ce qui est bon pour vous.
Aujourd’hui, plusieurs contribuables de Québec supportent le fardeau de ses décisions et de ses engagements sans mot dire et trop souvent… sans maudire. Dans une ville ou les accusations de « grand talent », de farfelu, de stupide ou d’incompétent - quant ce n’est pas la menace d’une mise en demeure - font partie de l’arsenal démocratique du premier magistrat, on peut comprendre l’hésitation des citoyens. Parfois, j’ai l’impression que c’est Coluche qui avait raison en disant : « Si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire ».
La parade du « quêteux»!
PIERRE SIMARD | PROFESSEUR, ENAP.
Le Journal de Quebec
18 avr. 2011
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La parade du « quêteux»!PIERRE SIMARD | PROFESSEUR, ENAP.
Le Journal de Quebec
18 avr. 2011
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