dimanche 30 mai 2010

Bombardier et la course aux faveurs!

Pierre Simard
Journal de Québec, vendredi 28 mai 2010, p.19.

«Détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence» (Frédéric Bastiat)

Pour Bombardier, l’argent public n’a pas d’odeur. Alors qu’un manufacturier espagnol (CAF) promet une économie de 15 % à 20 % sur une facture de 3 milliards de dollars pour le renouvellement des voitures du métro de Montréal, le consortium Bombardier-Alstom investit dans la recherche de privilèges: lobbies politiques, propagande médiatique et recours aux tribunaux. L’enjeu est de taille : on parle d’un demi-milliard à soutirer des poches des contribuables!

Avec Bombardier, on a souvent l’impression d’assister au énième «remake» d’un vieux film. Dans le cadre de son projet CSeries, elle nous menaçait de déménager ses opérations de fabrication d’avions là où on lui accorderait des subventions. Cette fois, elle clame haut et fort que si elle n’obtient pas − sans appel d’offres − le contrat du métro de Montréal, c’est le maintien de l'emploi de nos travailleurs qui est sur la sellette. Si elle a gain de cause, on peut estimer que la « subvention » accordée équivaudra à ce que nous aurait permis d’économiser le jeu de la saine concurrence, soit de 450 à 600 millions de $ si CAF dit vrai.

Dans un marché libre et concurrentiel, la règle d’entreprise est simple : il faut être efficace et productif. Vous devez constamment offrir des biens et services à des prix compétitifs sinon la sanction est immédiate et sans appel : c’est la faillite. Le pain et le beurre de l’entreprise efficace passe par la R&D, l’innovation et les gains de productivité. Tout autre investissement est source d’inefficacité, y compris l’investissement en quémandage de fonds publics.

Bien sûr, Bombardier n’est pas la seule entreprise à s’accrocher aux mamelles de l’État. De nos jours, les gouvernements excellent dans la distribution de privilèges. On ne compte plus les subventions aux entreprises. Alors que ces dernières paient de moins en moins d’impôt, elles se délectent de subventions, de crédits d’impôt, d’électricité à tarif réduit et de contrat sans appel d’offres.

Ce qu’il y a de déplorable, c’est que nos entreprises doivent engager beaucoup de ressources et d’énergie pour convaincre les pouvoirs publics de leur accorder ces privilèges. Plutôt que d’investir dans la compétitivité de leurs produits, elles jugent plus rentables d’investir dans la course aux faveurs politiques.

Malheureusement, les conséquences de cette convoitise ne se limitent pas qu’à un transfert de fonds publics vers quelques privilégiés. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne, les grandes entreprises dépensent des sommes considérables pour s’attirer les faveurs de l’État; des ressources qu’elles détournent d’un emploi productif vers des activités essentiellement politiques.

En plus d’encourager l’inefficacité, la course aux faveurs politiques s’accompagne toujours d’un coût social important. Outre l’argent dépensé pour séduire les politiciens et bureaucrates, il faut compter sur la rétribution d’une horde de lobbyistes dont le succès se mesurera par leur capacité à convaincre les pouvoirs publics de favoriser leurs clients. Autant de ressources qui auraient pu servir à produire de la richesse ailleurs et qui sont diluées en pure perte. Quel gaspillage!


Bombardier et la course aux faveurs!

Le Journal de Quebec
28 mai 2010

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